La machine d’Anticythère

L’archéologie, plus que d’autres disciplines scientifiques, est marquée par les croyances et les convictions des chercheurs. A ce titre, elle reste un des domaines scientifiques où les a-priori font obstacle à de réelles découvertes.

Ou bien, quand les découvertes sont faites, et impossibles à dissimuler, l’archéologie occidentale s’ingénie à les passer sous silence car elles ne cadrent pas avec la représentation actuelle de notre passé. C’est une arnaque.

La calculatrice – ou le computeur d’Anticythère en est une belle illustration : l’objet mystérieux fut d’abord ignoré, jusqu’à ce qu’un chercheur courageux -et chanceux- l’exhume des réserves d’un musée. Alors la science, enfin, s’y est intéressée. Et puis le web a volé au secours des chercheurs.

La singulière histoire de cette machine complexe débute à Pâques 1900. Un équipage de pêcheurs d’éponges fuit un coup de vent et se déroute sur l’île d’Anticythère, située entre la Crète et le Péloponnèse. Les plongeurs apnéistes consacrent quelques jours à chercher des éponges sur les rivages de l’île, le temps que la météo s’améliore. Ils découvrent alors une grande épave (près de 100 mètres de long !) par 40 mètres de fond. Cette épave contenait plusieurs statues dont le fameux éphèbe d’Anticythère. 

Cette statue de bronze creux est un artefact archéologique extrêmement rare.   

De retour en Grèce, l’équipage déclare la découverte et le musée d’Athènes s’empresse d’envoyer une équipe. Au vu de la cargaison, on suppose que le navire était romain, qu’il venait d’Asie mineure, peut-être de Pergame et qu’il avait fait escale à Rhodes.

Le naufrage est daté de – 85, soit durant les guerres de Mithridate. Mais revenons à Anticythère, sur le site sous-marin où l’équipe archéologique d’Athènes vient de rejoindre les plongeurs. 

Contrairement aux prévisions, la fouille s’avéra particulièrement longue et coûteuse. Plusieurs accidents furent à déplorer, dont un mortel. C’est en remontant une statue de marbre représentant un cheval qu’un des plongeurs a été tué. La statue, rompant ses câbles, fut définitivement perdue.

Dans la cargaison se trouvait un objet particulier. Quand la gangue éclata, on découvrit divers engrenages et mécanismes. On le prit pour un astrolabe et l’objet fut oublié dans les réserves.

Il faut attendre 1955 pour qu’un chercheur s’y intéresse enfin. Derek de Solla Price, un universitaire britannique, commence une minutieuse étude à laquelle il consacrera  le reste de sa vie.

En 1980, Internet permet d’intensifier la réflexion autour de l’objet. Quatre reconstitutions sont réalisées. En 2000 l’étude du computeur rassemble environ 150 personnes de plusieurs universités.

 Les champs d’application vont de l’histoire aux maths, à la géométrie, l’astronomie, l’épigraphie…

anticythere-machine-reconstitution-200poLa recherche a été facilitée par la subvention d’un scanner rayon X capable de montrer l’intérieur des boîtiers sans démontage et avec une précision remarquable. Le computeur d’Anticythère se présente sous la forme d’un livre, avec plusieurs volets sur un boîtier. Protégée d’une couverture de bronze, la première « page » semble être une introduction à l’astronomie.

D’autres rouages et rails à aiguilles indiqueraient les cycles lunaires, solaires, les éclipses, voire les courants et les vents.

Le début du mécanisme serait un calendrier basé sur le système égyptien, mais la machine était indexée en double, suivant le calendrier olympique grec et le calendrier égyptien.   (source)D’après une conférence d’Eric Zurcher, synthèse de son travail de mémoire, lui-même ayant débouché sur une publication.

Il semble évident que cet appareil n’est pas une invention grecque ni romaine. C’est un vestige de la technologie planétaire de la civilisation des Pyramides, que d’aucuns appellent l’Atlantide. Et c’est aussi un génial aperçu, la porte d’oubli tout à coup entr’ouverte. Y filtre la belle lumière d’un monde toujours présent dans le secret du coeur.

Nos historiens refusent de considérer l’existence d’une civilisation planétaire avancée disparue avant l’aube de notre antiquité. Cette ignorance les amènent à des jugements naïfs et des analyses nulles. L’affaire de l’ordinateur d’Anticythère en apporte la confirmation.

Pour les Grecs, la Mécanique est une branche de la Technologie, don de la déesse Techné. Le triomphe de la technologie permet à l’homme de dominer la nature. Des sources affirment qu’Archimède a construit une mécanique complexe, un planétarium. L’innovation réside dans un système de redistribution du mouvement appelé différentiel. Cette invention déterminante et plus ou moins oubliée jusqu’à Léonard de Vinci était pourtant incluse dans le computeur d’Anticythère. En acquérant ce type de machine, tout aristocrate romain s’assurait une assise et une notoriété sociale exceptionnelle. 

Il est donc possible que cette mécanique soit le produit d’une commande. Mais il semble plus probable qu’elle soit, au même titre que la cargaison, le butin d’un pillage après une victoire militaire. A l’origine la machine donnait la date, le mouvement du ciel, la direction des vents, leur intensité, leur période (on a longtemps assimilé certains vents à certaines phases lunaires). La technologie et la science  ne sont pas des domaines propres à nos siècles. Le computeur d’Anticythère le démontre : les hommes se sont rapidement posés des questionnements importants en matière d’astronomie notamment.

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Les civilisations qui nous ont précédées ont acquis un certain degré de savoir, avec des moyens limités. Le computeur d’Anticythère démontre l’étendue de la connaissance grecque en matière d’astronomie, de mathématique, de géométrie, d’artisanat et de raffinement culturel. (source)Cette conférence d’Eric Zurcher est une synthèse de son travail de mémoire, lui-même ayant débouché sur une publication.  Ces extraits d’une conférence scientifique résument les connaissances actuelles sur cette calculatrice complexe. Les conclusions du conférencier s’inscrivent dans le droit fil de la pensée dominante actuelle, on n’en fera donc pas grief à l’auteur, qui suit le troupeau. 

Il n’en est pas moins pénible d’entendre dire à propos des Grecs ou des Romains : « les hommes se sont rapidement posé des questions ». Rapidement ! Comme s’ils venaient de descendre du bananier ! 

Ce savoir n’est pas né avec les Grecs. Comme dans l’affaire du théorème dit de Pythagore, il s’agit à coup sûr de connaissances antérieures transmises par les Grecs. Si ces connaissances étaient contemporaines des Grecs, la mécanique d’Anticythère ne serait justement pas un objet unique. Les Grecs, comme les Egyptiens, sont les héritiers d’une très longue période de science et de civilisation. Beaucoup d’entre nous le savent déjà, mais la science n’en sait rien.

L’auteur ajoute : « Les civilisations qui nous ont précédées ont acquis un certain degré de savoir, avec des moyens limités. » C’est totalement absurde. Si les Grecs ou les Romains avaient bien des moyens limités, les Francs ou les Goths du Moyen-Age avaient des moyens beaucoup plus limités encore. Dans l’antiquité gréco-latine, on connaissait l’usage du verre pour les fenêtres, les maisons avaient l’eau courante et le chauffage par le sol. On y trouvait des bains chauds et des toilettes.

C’est au fil des siècles et des invasions dites barbares que ce confort et cette technologie ont disparus. Il suffit d’une période de barbarie pour effacer des siècles de progrès. La médecine grecque antique était sans doute plus performante que celle des physiciensmédecins de Molière. Par contre, si on remonte deux ou trois mille ans avant la Grèce Antique, on découvre une chirurgie comparable à la nôtre. Les trépanations innombrables du néolithique en sont la preuve formelle. Tout se passe comme si la technologie et le savoir-faire n’avaient fait que décroître au fil des millénaires, jusqu’au 17e siècle, où s’ouvre une nouvelle ère : la déesse Techné est enfin de retour.

Bien d’autres découvertes montrent clairement que la technologie est une réalité très ancienne. « La connaissance antique était beaucoup plus raffiné et développé que ce que nous avons appris jusqu’à présent. De piles à planisphères, un assortiment de gadgets ont été fouillés et a trouvé.

Les deux trouvailles les plus notables étant la lentille de Nemrod et le fameux mécanisme d’Anticythère. L’antique objectif  dit de Nemrod, daté de 3000 ans, a été découvert au palais de Nemrod, en Irak. Certains experts estiment que l’objectif faisait partie d’un télescope antique des Babyloniens, d’où leur connaissance approfondie en astronomie. Et le fameux mécanisme d’Anticythère (200 av. JC) a été créé pour calculer les mouvements du soleil, de la lune et des planètes de prédire les événements célestes. Nous ne pouvons hélas que spéculer sur l’origine de ces dispositifs, qui les a créés, comment ont-ils été utilisés et pourquoi cette connaissance ancienne présente durant des millénaires a disparu par la suite. » (source)

Vu sous cet angle, le computeur d’Anticythère n’est pas l’œuvre d’un génial artisan du 1er millénaire AEC. L’artisan, fort habile, n’aurait été que le copiste d’une mécanique bien plus ancienne, elle-même recopiée d’après une autre, etc. C’est ainsi que les fameux portulans de l’amiral turc Piri Reis se sont transmis jusqu’à nous. Le métal, comme le papier, se dégrade avec les années. De zélés copistes ont  été régulièrement sollicités pour reproduire des savoirs qui se perdent dans la nuit des temps.

On a vu comment les Grecs antiques, héritiers de connaissances qui dépassaient de beaucoup leur niveau de compréhension, ont été amenés à des erreurs d’interprétation parfois très cocasses, comme le mythe de la caverne de Platon. Tant que l’histoire s’obstinera à nier l’évidence, nous continuerons à ignorer des millénaires d’aventure humaine. Pourquoi faut-il que les intellectuels soient si bêtes ? Oh ne cherchez pas : ça s’appelle le kaliyuga.

 

Nous sommes faits de la même matière que les rêves et nos courtes vies sont bordées de sommeil.
William Shakespeare