Les potions magiques

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Les anciens Celtes usaient de drogues psychédéliques qui nous tueraient net tant leur puissance était grande. Ils recherchaient la violence et l’intensité des effets sur leur esprit, quitte à prendre tous les risques.

D’ailleurs quels risques prenaient-ils, à part celui de mourir empoisonnés ou de devenir complètement fous ?? Comme chacun sait, les Gaulois n’avaient peur que d’une seule chose : que le ciel leur tombe sur la tête. Cette crainte était loin d’être stupide; la chose étant déjà arrivée à plusieurs reprises – chute de météorites ou autres cataclysmes dont les druides avaient soigneusement conservé la mémoire. Ainsi donc les Gaulois ne craignaient pas la mort. Ni la souffrance.

Que risque le guerrier, à part sa vie ou sa mort ? (Carlos Castaneda)

Courage : la vrai potion

Lors de l’initiation du jeune guerrier, avait lieu la remise de l’épée. Au cours d’une cérémonie qui se déroulait sous une allée couverte, le druide éprouvait la vaillance un jeune homme en lui tailladant la poitrine avec une grande épée. Précisément l’épée que le druide allait lui remettre. « Tu as senti dans ta chair la morsure de cette épée. A présent que tu connais la douleur qu’elle peut infliger, puisses-tu t’en servir sans faiblir, ni frémir, ni en prendre aucun plaisir. » 

Ensuite les blessures étaient couvertes de sel afin que les cicatrices soient bien affreuses. Pour la même raison, on débridait les plaies dont on cousait les lèvres pour qu’elles cicatrisent grandes ouvertes.

Et quand venait enfin l’heure du combat, les Gaulois se battaient entièrement nus, affichant leurs épouvantables blessures et leur total mépris de la mort. Sous leurs casques et leurs armures, les légionnaires Romains n’en menaient pas large. C’était exactement le but recherché.

Cette anecdote illustre bien l’image que les siècles suivants se sont fait des Gaulois et des Celtes, teigneux, bagarreurs, courageux jusqu’à la témérité, sans jamais se départir de leur qualité première à la paix comme à la guerre : le panache.

Gardons-nous pourtant de réduire les Gaulois à ce portrait superficiel. Ce peuple fier n’a pas puisé son courage dans une quelconque potion magique qui garantit l’invincibilité, comme Astérix et Obélix nous l’ont fait croire.

Leur bravoure s’origine dans un mépris total de la mort. Leurs anciens maîtres, les Tuatha, Ligures et autres Etrusques, leur ont enseigné la sagesse ultime que donne l’éveil.

La quête des Gaulois n’était pas de ce monde. A l’instar des Atlantes, leur antique modèle, ils savaient que ce monde est illusoire, que le temps est une courte vue de l’esprit, que ce séjour terrestre se poursuivra dans l’autre monde et que les seules valeurs qu’il importe de cultiver sont celles du cœur et de l’âme. 

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Les Celtes tissaient les plus belles étoffes et ciselaient les plus beaux bijoux. Leur réputation de raffinement et de culture n’était plus à faire chez les peuples voisins. Tandis que les élégantes de toute l’Europe se ruinaient pour les fanfreluches made in Gaule, leurs maris s’y pressaient pour étudier dans les universités druidiques.  Les druides y diffusaient un enseignement oral en plein air, au pied des mégalithes.

Car tous les Celtes n’étaient pas des fashion victims. Leur but ultime était d’un autre ordre, non matériel. Ils étaient en quête des pouvoirs surnaturels que donne l’éveil. Dans leurs universités, les initiations par le feu du ciel étaient chose courante.

La recette antique du chouchen

A chaque pleine lune, de nombreuses cérémonies rassemblaient une foule énorme d’initiés et de badauds. Pour parvenir à l’extase et aux visions, tous les moyens étaient bons. Les drogues et potions magiques étaient monnaie courante : la plus célèbre est sans doute l’hydromel, que le Bretons nomment chouchen.

Avant d’être l’infecte attrape-touriste qu’il est devenu, le chouchen était une boisson psychédélique et hallucinogène élaborée selon une recette fort originale. A la pleine lune, une jarre pleine d’alcool de pomme ou de blé était installée sous une ruche sauvage, toute bourdonnante d’abeilles.

Détachant la ruche, le druide la faisait choir dans l’alcool et la jarre était aussitôt bouchée hermétiquement à la cire. Pendant une lune entière, la ruche marinait dans l’alcool fort. La ruche avec son miel, ses abeilles ….et leur venin.

On imagine qu’en sirotant cette marinade, nos ancêtres les Gaulois s’envoyaient en l’air au sens propre comme au figuré. 

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L’usage de cette potion magique était très encadré, ritualisé, et l’ivresse était toujours consacrée à une quête intérieure. Excepté dans cette mondialisation oxydantalela faute est voulue qu’on nous vend comme un progrès, les drogues sont toujours un véhicule spirituel, pris en charge par des druides, des moines ou des chamanes, et visant à l’éveil.

Ou tout au moins, à la quête de vision, comme cela se pratique encore avec l’ayahuasca.Je me suis laissé dire que dans les Goas, nos jeunes retrouvent avec délices cette pratique de transe sacrée. Certains musiciens ont en effet le don chamanique de maître de transe.

Depuis le soufi Mevlana, les derviches tourneurs pratiquent cette transe musicale, avec ou sans danse.Transe sans danse uh uh uh C’est l’aboutissement ultime des techniques spirituelles, bien supérieur à la méditation silencieuse et immobile.

 

A quoi bon prendre la vie au sérieux, puisque de toute façon, nous n’en sortirons pas vivants ?
Alphonse Allais