Mjöllnir et Vajra

 

Les dieux d’avant et les héros antiques possédaient des armes singulières, que l’on dit magiques. Magiques elles ne l’étaient guère, mais scientifiques et technologiques. J’explore la piste du pistolet lance-rayons, bien illustrée par Mjöllnir, l’arme de poing du dieu Thor de Scandinavie, et par Vajra, l’arme de poing du dieu Indra des Indes.

On se souvient de ma perplexité en face de la figurine de bronze reproduite ci-dessus à gauche, et plus bas dans cet article. D’après Wikipédia, elle représenterait Thor ou… Jésus ! Perso, je n’y vois ni l’un ni l’autre, mais plutôt un nain, et je penche pour le nain Brokk : il a remis à Thor le fameux marteau qui lance des éclairs. J’ai montré que Mjöllnir le marteau n’en est pas un. Mjöllnir est plus vraisemblablement un pistolet laser. Le manche court du « marteau » est parfait pour une arme de poing. Thor n’assommait pas ses adversaires avec un marteau, il leur envoyait un rayon de la mort avec un pistolet électronique alimenté par la ceinture de force, une batterie — et connecté par les gants de fer. Lire tout l’article.

Je n’avais pas résolu certaines questions, notamment l’apparence curieuse du marteau entre les mains du nain. Cet objet ne ressemblait pas du tout aux représentations habituelles du « marteau » Mjöllnir. Mais j’ai tout de même résolu de mettre l’article en ligne sans trancher ces lancinantes questions. C’est alors qu’est intervenu un fidèle lecteur qui désire garder l’anonymat. Je l’appellerai Nef, car son intuition m’a porté comme l’antique nef portait les marins.

Dans un échange d’e-mails avec Nef, j’ai dit que le « marteau » tenu par le nain s’apparentait à un Vajra. Comme le Vajra d’Indra, le mjöllnir lance des éclairs qui peuvent tuer ou soigner, blesser ou guérir, rendre fou ou éveiller. Le rayon de mjöllnir peut aussi assainir un lieu, consacrer un bâtiment, bénir une union. Cette polyvalence avait déjà frappé mon attention dans le cas du foudre-tonnerre de Zeus ou des couronnes d’Osiris. Dans la tradition mythologique américaine, le xiuhcoatl semble remplir les mêmes fonctions. J’étais depuis longtemps sur la piste de cette arme parfaite, répandue sur toute la planète et citée par toutes les traditions. Mais jamais je n’avais cerné d’aussi près le secret intime de ce lance-rayon. 

 

 

Il faut dire que Nef m’a bien aidé. Sans doute intoxiqué par ma Langue des Oisons, Nef m’a fait remarquer que le verlan de vajra, c’est ravaj. Le jeu de mot est stupéfiant ! Il en a fait des ravages, le vajra ! C’était une arme de mort avant que Bouddha ne le bride en rassemblant ses pointes. Le vajra est ainsi devenu un inoffensif objet rituel qui n’envoie plus de rayons mortels, mais qui ne guérit plus non plus. Le rituel et la symbolique, c’est tout ce qui reste quand l’efficacité et la connaissance ont disparu.

Encore une fois je m’émerveille. Comment le verlan d’un mot français moderne peut indiquer si précisément la caractéristique d’un objet plus qu’antique, au nom sanskrit, une langue morte depuis des lustres ? Ce qui m’inspire deux réflexions. Soit les dieux ont une puissance mentale hallucinante, capable de prévoir des millions de coups, d’anticiper des milliards de combinaisons, dans une infinité de directions évolutives possibles, ce qui paraît impossible — mais quoi d’impossible pour l’esprit divin ? Soit rien de tout ça n’est réel, ni nous, ni l’univers, ni notre passé antique. C’est une donnée de la physique quantique, un lieu n’existe que s’il y a un témoin en ce lieu pour en attester l’existence. Sans témoin, rien n’est. Tout se constitue au fur et à mesure de nos investigations, le temps comme l’espace. Notre environnement se recrée d’instant en instant, ce qui ne peut signifier qu’une seule chose. Nous sommes dans une simulation informatique. Des pions sur un échiquier. Des clones dans une télé-réalité cosmique. Elon Musk est de cet avis, et je le partage. S’ils vivaient encore, Einstein et Tesla nous diraient la même chose.

Permettez-moi de revenir à notre marteau magique, le célèbre Mjöllnir, dont Thor était si fier. Saviez-vous que ce n’est pas un exemplaire unique ? « Des marteaux similaires ( Ukonvasara ) étaient un symbole commun du dieu du tonnerre dans d’autres mythologies nord-européennes. » Tiens ? Ils ne s’appellent plus Mjöllnir, mais Ukonvasara. C’est du finnois. « Ukonvasara , ou Ukonkirves , est le symbole et l’arme magique du dieu du tonnerre finlandais Ukko , semblable au Mjölnir de Thor . Ukonvasara signifie marteau d’Ukko; De même, Ukonkirves signifie hache d’Ukko. Il a été dit que Ukko a créé la foudre avec Ukonvasara. Les Finlandais païens portent parfois des pendentifs en forme de marteau ou de hache autour du cou, tout comme les chrétiens portent parfois des croix . » (wikipédia)

Le marteau d’Ukko ? On a donc ukon qui veut dire à Ukko, et vasara qui veut dire marteau en finnois. C’est alors que l’ami Nef s’exclame : VASARA ?! vajra n’est pas loin du tout !!!!! Eh non, cher Nef, vajra n’est pas loin de vasara. J’imagine même que les sonorités très proches se confondent par le jeu des accents. Le sanskrit rejoint le vieux finnois. L’ami Alain Aillet va frétiller des neurones. Sa quête de la langue des origines est devenue mienne.

Tout d’abord je me suis dit que Ukko devait être l’homologue de Thor, mais non : « Le dieu finnois Ukko est l’équivalent d’Odin dans la mythologie scandinave avec en plus les pouvoirs de Thor. Tout comme ce dernier, Ukko porte un marteau nommé Ukonvasara. L’équivalent de Thor dans la mythologie finnoise serait plutôt Tuuri. » (wikipédia)

 

 

Thor, Tuuri, tuerie, tu ris !! souligne Nef. Oui, je ris. Je regarde surgir la preuve de l’existence d’une arme de poing, qui lance des éclairs, et qui était répandue sur toute la terre. Trop fort ! Le vocabulaire de toutes les langues anciennes en a pieusement conservé la trace. Oui, j’ai la banane. Et cette arme n’est qu’un des trésors de haute technologie que nous ont apporté les terraformeurs. Ils se disaient nos créateurs, sont-ils les concepteurs du programme qui nous pilote ? Est-ce que je sais ??
 
Cette histoire de marteau m’a tapé sur la tête. 
Il n’y a personne là-haut qui tire les ficelles du pantin que tu es.
Friedrich Nietzsche