Passage de Lumière

 

Tôt ou tard on franchit la porte étroite qui mène à l’intérieur. Tôt ou tard le gardien du seuil nous laisse entrer dans ce lieu de paix et de lumière. Ensuite, il s’agit d’y rester…

 


Jésus a dit : soyez passants.


 

Être passant, c’est laisser passer à travers soi. Devenir la porte ouverte qui mène au Grand Ailleurs. De tous temps, des initiés se sont consacrés à ce sacerdoce, le passage. Voici les confidences de l’un d’entre eux.

 

« Depuis l’enfance, je suis clairvoyant et j’ai accès à l’astral.  Je me suis beaucoup baladé dans d’autres mondes. Et j’ai ce don de lire dans les consciences, même dans l’inconscient. C’est un métier exaltant, mais terrible. Quand Jean-Claude Flornoy m’a donné l’initiation, je me suis engagé à la donner à d’autres. C’est la Règle et je l’ai acceptée. Je savais à quoi je m’attendais.

Ce n’est pas difficile de lire dans les gens. Le plus dur, c’est d’aider un être de lumière à débrider ses plaies. Tâche pesante, déchirante parfois : accompagner quelqu’un dans ses profondeurs les plus glauques… mais grandiose récompense quand la personne allégée, éblouissante, accède à sa lumière. Parfois la catharsis joyeuse peut durer des jours. Un temps béni pour celui qui passe comme pour le passeur. Parfois la catharsis se fait attendre. Mais elle vient toujours. » (source)Stéphane Kervor  

Si la lumière voit cent mille personne, elle ne descend que sur celui dont l’essence est lumière. (Rumi)

 

Catharsis est un mot grec qui signifie « nettoyage, purification »Nietzsche en parle dans La naissance de la tragédie. Selon lui, le théatre grec antique n’était pas un spectacle passif, mais une sorte de transe dans laquelle se projetait l’assistance. Chacun y revivait ses engrammes et nettoyait sa luminosité… jusqu’à la libération finale, la catharsis.

Pour les psychanalystes comme Jung ou Reich, la catharsis est l’extase lumineuse et joyeuse qui s’empare d’un sujet après le nettoyage d’un engramme majeur.

Un engramme est un traumatisme émotionnel, lié à un traumatisme physique : perte de connaissance, coma, perte de contrôle, anesthésie, etc. Le contenu de l’engramme est oublié, mais il agit à notre insu quelque part dans notre corps et il nous envoie des ordres aberrants. S’il n’est pas désamorcé, un engramme reste actif toute la vie. On trouve même des engrammes qui s’originent dans des vies antérieures, le cas n’est pas rare.

Localiser les engrammes est le boulot du passeur.
Revisiter ses engrammes est le boulot du passant.
Désamorcer les engrammes est le but du passage. 

« J’utilise la transe profonde que je provoque par différents biais : l’intériorisation, la suggestion, le magnétisme, le Shiatsu, le Reiki ou le massage holistique. Mais pas question d’hypnose, je m’y refuse. Ensuite je prête mon énergie au candidat pour l’aider à descendre en lui-même.

Je peux utiliser aussi l’énergie focalisée des mégalithes : somme toute, ils ont été dressés pour ça. Les cathédrales et leurs cryptes sont des lieux bénis, mais difficiles à utiliser. Optons donc pour les ruines.  Les commanderies templières sont courantes dans nos régions…  

Il y a des lieux puissants partout dans la nature : les sources, les forêts, les landes… Par chance, j’habite à deux pas de la Mère-Forêt, Brocéliande, qui fut souvent le meilleur des passages. » (source)Stéphane Kervor

 

Le passeur n’a pas le choix :
c’est la règle qui décide

Notre passeur ne fait pas allusion à une règle de son clan, le Clan du Loup. Il évoque la règle non écrite qui s’impose à tous les sensitifs en quête de lumière. 

« C’est la Règle dont Juan Matus parle sans cesse à Carlos Castaneda. Cette Règle n’est reproduite nulle part, parce qu’elle est connue de chacun. Elle brille, incandescente, dans le secret de nos cœurs. » Un jour ou l’autre, quelque néophyte en mal de droits d’auteur pondra un opuscule où sera présentée la Règle de toute vie intérieure.

Plaignons ses lecteurs.

« Ecrire la Règle est non seulement inutile, mais de plus, dangereux. La Règle écrite cesse d’être vivante, elle n’évoluera plus dans le respect d’elle-même, comme le fait tout être vivant. L’ADN n’a pas besoin d’être écrit ni compris par la raison pour être efficace.

On lira la Règle écrite, on dira : « Ceci est autorisé par la Règle, je peux donc le faire ». Puis on dira : « Ceci n’est pas interdit, j’ai donc le droit ». On ne regardera plus au fond de son cœur, où les lettres de feu finiront par s’éteindre.  

C’est ainsi que le Sacré devient une religion du livre.
L’écrit fige et tue. L’oral donne la vie. » (source)Stéphane Kervor

 

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Les passeurs du Loup n’appliquent pas la même méthode à chaque impétrant. Il faut le troisième œil du voyant pour trouver le chemin qui convient. Il n’y en a qu’un seul, et le passeur doit le trouver à coup sûr, et au plus vite. Le chemin trouvé, la suite viendra d’elle-même.

A quoi servirait-il d’écrire ces effusions avec l’ineffable ? Pourquoi consigner ce qui jamais ne se verra deux fois ?

Le candidat à l’éveil, lui, pourra toujours raconter son expérience à qui il voudra, s’il en trouve la force, le talent et l’intérêt. 

Le passeur, à jamais, gardera le silence. Il prendra sa retraite, almenourrissant, vient du latin alma et tacite, à jamais tombe. Lèvres closes, yeux fermés, oreilles bouchées. Jamais il ne peindra trait ni n’écrira ligne sur le détail d’un de ces mystères : nul mot ne saurait s’y ajouter ni la moindre image s’en soustraire. 

Il y aura toujours plus de vérité dans l’univers que dans tous les livres des hommes. (William Shakespeare)

 

Le premier savoir est le savoir de mon ignorance : c’est le début de l’intelligence.
Socrate