La caverne de Platon

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Cher vieux Platon ! Irremplaçable chien de garde à l’orée du monde froid et logique de la civilisation oxydantale.La faute est voulue Il veille en bon gardien du seuil. Il nous protège de toutes les folies, de tous les excès et de tous les délires.

Il est le phare de la raison qui dissipe les ténèbres de l’ignorance et de la superstition. Il est le dernier rempart contre les barbares. Les barbares c’est à dire les non Grecs. Voire les non-Athéniens, car Platon chérissait sa noble origine : il était natif d’Athènes. 

Quand j’étudiais la philosophie, on m’a persuadé que la Grèce antique était à l’origine de la civilisation occidentale actuelle. Je l’ai cru d’autant plus volontiers que mon amour pour les oeuvres de la pensée et de l’art grec est éternel, comme elles.

Et puis j’avais lu Nietzsche, ses deux merveilleux opuscules La naissance de la tragédie et La naissance de la philosophie, consacrés à la Grèce antique. Si j’en admirais plus d’un sage, je n’avais pas, on l’a compris, une grande affection pour Platon que je trouvais assez chiant dans l’ensemble. Moins nigaud que Descartes, moins rigide que Kant, mais bien moins passionnant qu’Héraclite ou Nietzsche

Platon le grand homme, le sage pharaonique, l’immense Platon ne comprend pas tout ce qu’il raconte. Prenons le mythe de la caverne. Combien d’étudiants ont pâli sur ce fichu mythe, autant que sur le théorème de Pythagore. Je suis content de pouvoir les venger.

Platon nous dit que la vie ressemble à une caverne dans laquelle nous sommes adossés à un mur, faisant face à un autre mur où défilent les êtres et les choses que nous tenons pour réels. Mais ces êtres, ces choses ne sont que les reflets des êtres véritables qui se cachent derrière notre dos, hors de la caverne, dans un éther lumineux, le monde des idées pures. 

Comme nous ne pouvons pas les voir, nous regardons leurs pâles reflets en face de nous, et nous nous en contentons. Mais eux, les élus, les authentiques, se prélassent dans la lumière de ce monde bizarre que Platon, lyrique, baptise Logos, le Monde des Idées – plaisamment traduit par le Ciel des Intelligibles.

 

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Drôle de parabole, qui complique davantage qu’elle n’éclaire. Qu’a-t-il bien voulu dire ? Platon nous raconte le mythe de la caverne pour nous faire comprendre que nous vivons dans un monde d’illusion. Mais nous avons la tête dure et nous n’y croyons toujours pas 2500 ans plus tard.

Voilà grosso modo la trame sur laquelle nos profs de philo nous faisaient plancher. Cette histoire de reflets, ce ciel des intelligibles où sont les formes pures, les vraies formes réelles, tandis que celles que nous voyons… Quel charabia ! quel abscons verbiage !

Soudain c’est le choc : j’ai sous les yeux deux images provenant de deux dossiers différents : une gravure illustrant le mythe de la caverne et un schéma bien plus récent montrant le principe optique de la camera obscura ou chambre noire. Comme le hasard – qui n’existe pas – fait bien les choses !

Les deux dessins décrivaient le même phénomène. La caverne sombre de Platon est une chambre noire. Le philosophe nous rapporte un enseignement qu’il a reçu, chez les druides de Celtie ou chez les mages de Chaldée, un enseignement qu’il n’a pas compris.

 

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Alors que le maître tentait de lui décrire le principe optique de l’appareil photo, Platon avait cru entendre un enseignement métaphysique. La chambre noire de l’appareil photographique permet en effet de capter sur une paroi le reflet de l’image véritable, éclairée à cet effet.

La description de la caverne reproduit point par point celle d’une chambre noire datant des débuts de la photographie. Si Platon avait compris de quoi on lui parlait, il aurait évité à des générations d’étudiants le pensum qui consiste à commenter une erreur.

Si Platon avait été un peu plus attentif, la photographie aurait été inventée peu après et l’histoire en aurait été profondément modifiée. Si Platon avait eu l’esprit d’un Nikola Tesla, il l’aurait inventé lui-même, privant ainsi Nicéphore Niepce et William H. Fox du plaisir de s’en disputer l’invention.

Mais voilà, Platon n’était pas un manuel, ni un ingénieur. Il n’a rien inventé, ni personne après lui, parce qu’il a omis un détail qui lui avait paru sans importance : l’image qui se projette sur le mur devant nous est certes fidèle à l’original, mais elle est inversée.

C’est exactement ce qui se passe dans notre œil, qui est sans doute le premier modèle de chambre noire. C’est notre cerveau qui remet l’image dans le bon sens. Décidément la technique et l’optique n’était pas le domaine de prédilection du philosophe d’Athènes.

Notre cher Platon était aussi, malgré tout son sérieux, sujet à des distractions, comme sur la taille de l’Atlantide. Il a quand même l’immense mérite de nous en parler, résumant ainsi la fonction sacrée de la Grèce : transmettre le flambeau d’une civilisation très ancienne et très savante, celle de l’empire Atlante et de son successeur, l’empire d’occident.

 

Ce que l’un appelle Dieu, un autre l’appelle les lois de la physique. (Nikola Tesla)

 

L’enfer, c’est les autres.
Jean-Paul Sartre