Le chemin du Tarot reproduit chaque étape de la vie du guerrier. Ici reprend le fil déjà tiré par l’arcane VII Le Chariot avec le nouveau souffle de l’arcane VIII La Justice.
A l’étape suivante, on devient l’arcane VIII – la Justice. Avec l’épée, on tranche. Avec la balance, on pèse le pour et le contre. Indécis, on ne sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on ne veut pas : refus de la tutelle des parents, des maîtres, des anciens. On rue dans les brancards avec le sentiment vertueux d’avoir toujours raison. On blesse comme on est blessé. La couronne, encore, nous ceint la tête : symbole de l’ego, elle est plus lourde que jamais. Cette couronne ne disparaîtra qu’à l’arcane XVI, la Maison-Dieu.
Mais la route qui y mène est encore longue.
Elle passe par l’arcane VIIII l’Hermite. Premier refus de ce qu’on était, première remise en question fondamentale de l’existence, on commence à se demander si toute cette histoire ne cache pas quelques secrets. On se plonge dans le Yi-King, le Tarot, l’astrologie, la Cabbale. On n’y comprend pas grand-chose, mais on s’entête, on s’isole, on croit méditer. Mais l’ego est toujours là. Sa couronne est sur sa tête, l’éveil est encore loin. La lanterne sourde qu’il tient en main ne doit pas l’éclairer beaucoup.
Un renouveau s’impose : l’arcane X qui va permettre la première mue. La roue de fortune. Que ce nom ne vous abuse pas, ce n’est pas une loterie, mais une sorte d’instrument de torture. Aucun rapport avec la roue de la fortune ; ici le mot fortune est employé dans le même sens que gentilhomme de fortune, ou à la fortune du pot. Il s’agit de chance comme de malchance. Il s’agit de hasard. Le contraire du bon vieux « à tous les coups l’on gagne ». Ici, à tous les coups l’on trinque. Le petit roi nu comme un singe bleu, c’est l’ego qui vacille, il va bientôt lâcher prise pour laisser monter de nouvelles énergies.
Vient l’arcane XI – la Force. Sensation de victoire qui rappelle celle du Chariot, en plus affirmée. L’être s’installe avec plaisir dans la vie matérielle, il gagne sa vie, parfois même il ramasse le jack-pot et devient riche. C’est l’âge du bling- bling, de l’argent facile et de la bonne chère. En parallèle avec cette réussite matérielle, on se marie, on se fait une place au soleil, on s’occupe de sa famille. Les gens heureux n’ont pas d’histoire : cet arcane peut durer des années, et nombreux sont ceux qui ne vont pas au-delà.
Tout d’un coup, sans préavis, on se retrouve cul par-dessus tête. Plus rien ne ressemble à rien, ce qui hier nous amusait tant nous semble vide. Notre amour est fini, notre moitié enfuie, nos réalisations brisées. L’épreuve la plus dure qu’on aie vécue jusqu’ici. Son nom est l’arcane XII – le Pendu. Sur le plan intérieur, c’est la première initiation. L’être s’est réalisé jusqu’ici sur le plan physique, matériel et affectif. Il quitte à présent ce plan « humain, trop humain » pour entrer en lui-même. Lassé de la chevalerie terrestre, il découvre avec stupeur un monde qu’il avait jusqu’alors ignoré, celui de la chevalerie céleste. Le Pendu est la tête en bas, ce qui signifie que tout a changé.
Lorsque tu crois que tu possèdes toutes les réponses, l’univers arrive et te change toutes les questions.
Les valeurs se sont inversées, une nouvelle aventure commence : la quête de la liberté totale.
Arrive alors l’arcane sans nom. Elle porte le numéro XIII. Porte-t-il bonheur ou malheur ? L’être est à l’état de squelette, il fauche tout ce qui l’empêche d’avancer. Dans sa hâte, il se fauche un pied. Les têtes coupées d’une fille et d’un roitelet figurent les engrammes qu’il entreprend de nettoyer. Plongeant dans les profondeurs de son inconscient, l’être récapitule son chemin de vie. Il passe en revue les êtres qu’il a aimé, ceux qu’il a trahi, ceux qu’il a perdu.
Et vient la catharsis.
Avec elle, vient l’arcane XIIII Tempérance. Le guerrier panse ses plaies à l’âme. Il se régénère, acquiert ses premiers pouvoirs magiques, jalons sur le chemin d’éveil. Il a des ailes pour s’élever encore. Dans ses mains, on remarque deux cruches reliées par un filet d’eau. Les premiers pouvoirs magiques affleurent, cette magie de l’eau signe la belle fluidité intérieure qui caractérise cet arcane. Enfin, sur sa fontanelle, la fleur rouge annonce une première montée d’énergie qui va se confirmer à l’arcane suivante.
L’éveil approche. L’arcane XV – le Diable préside à l’ouverture des six premiers chakras qui sont indiqués sur le corps du sujet par des éléments graphiques anthropomorphes : visages, yeux, etc. On est alors envahi par la montée d’énergie figurée en rouge et les remontées inconscientes en bleu foncé. L’ambiance est chaude et sensuelle : on a le diable au corps. On est envahi par un puissant bonheur d’exister.
On sent venir les pleins pouvoirs. Cet arcane, lui aussi, peut durer un certain temps.
Un beau jour, enfin, vient l’éveil.
L’être est admis dans l’arcane XVI la Maison-Dieu.
Il va pouvoir progresser d’arcane en arcane
jusqu’à l’ultime, l’arcane XXI Le Monde
Il meurt lentement celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n’écoute pas de musique, celui qui ne sait pas rire de lui-même.