Au cours de mon initiation, en 92, j’ai été amené à parler à des arbres. Après une réticence imbécile, j’ai découvert que cet exercice est aussi régénérateur qu’une méditation solitaire. Souvent plus encore, car peu savent méditer, alors que tous peuvent parler aux arbres. Il suffit d’un peu de patience et de beaucoup d’ouverture. Les plantes nous entendent, et nous répondent, si nous prenons le temps d’une véritable rencontre.
Il suffit d’apprendre comment s’adresser à elles, selon leur âge, leur essence et leur rôle social. Dans la société arboricole, chaque arbre a sa fonction, comme les abeilles de la ruche. Il y a des arbres guerriers, des arbres guérisseurs et des arbres gardiens. Il y a des arbres connaissants, des arbres voyants et des arbres devins. Chacun d’eux joue sa partition dans le concert de la forêt. La première fois, il m’a fallu surmonter un vif sentiment de ridicule. Comme un ado qui invite sa première cavalière à danser, j’hésitais à prendre l’arbre dans mes bras. Fidèle à ses principes pédagogiques discutables, mon benefactor riait à gorge déployée.
« Vas-y, roule-lui une pelle, il n’attend que ça ! »
Ses facéties ne m’aidaient pas à descendre en moi. Or c’est là qu’il faut être pour que le dialogue s’instaure avec quiconque, dieu, humain, animal, ou arbre. Se rendre au centre de soi-même, puis y ouvrir son coeur. Les mots qui viennent du coeur n’ont pas besoin de traduction, tous les comprennent. Qui veut parler avec les arbres doit d’abord devenir leur ami. Apprendre à reconnaître les essences. Préférer les chênes, les hêtres et les chataîgners : ce sont les plus loquaces. Les fruitiers âgés sont bien doux et agréables, tandis que les conifères se sont révélés les moins loquaces avec moi. Eviter les jeunes arbres, ils manquent de pratique. Plus les arbres sont âgés, plus ils sont accueillants et bavards. Repérer l’arbre à sa prestance : les gardiens et les guerriers sont les plus intéressants. Enserrer le tronc dans ses bras. Formuler doucement les questions dans sa tête « Combien d’hivers as-tu passé ? »
C’est l’hiver que l’arbre grandit, en partant du cœur, il forme une strie de plus dans l’aubier. « Quel est ton rôle ? Où sont tes alliés, ta famille ? As-tu des rejetons dans les environs ? » En te parlant de lui, l’arbre t’en apprend beaucoup sur toi. Le meilleur enseignant est l’arbre qui te connaît. Celui qui pousse devant ton nez, celui auquel tu ne prends même pas garde, ce n’est qu’un arbre ! Celui qui tous les jours te regarde passer, trop pressé, trop cassé. Savoir cesser. Stopper le monde fou où tu cours. Humer, danser, s’attarder : l’arbre a tout son temps. Faire quelques pas sous son ombrage, tourner autour du tronc, nez aux branches, écouter les oiseaux qu’il abrite, scruter les plaies de son écorce. Quand l’arbre est ton ami, saule, if ou hêtre, l’essence n’a plus d’importance, ni qu’il soit gardien ou poète, ni l’hiver qui l’a vu naître. Comme tous les êtres vivants, l’arbre est un être qui sent, qui suit, qui sait. L’arbre s’apprivoise par la patience et la perméabilité. Il apprend à te reconnaître si tu reconnais son âme. Ouvre-toi à lui, il s’ouvrira à toi. Alors ses enseignements t’ouvriront des pistes merveilleuses.
Médite à son pied, honore-le en adoptant son attitude intérieure, toute de patience et d’immobilité. N’attends pas de lui le récit de hauts faits du passé, comme peuvent le faire les pierres. Les arbres ne manifestent jamais la moindre agressivité. Ils sont pacifiques, mais pas passifs. Immobiles, mais actifs, ils font circuler des énergies qui sans eux nous feraient gravement défaut.
Mais n’abuse pas de la transmission de conscience à conscience avec les pachydermes végétaux : certains arbres-chamanes, chênes ou hêtres pluri-centenaires, peuvent épuiser l’imprudent qui reste trop longtemps au pied de l’un d’eux. Les pierres, elles aussi, peuvent entrer en contact avec nous. Si les arbres nous parlent, les pierres nous envoient des images. Elles sont les mémoires de ce monde.
Tu n’y verras clair qu’en regardant en toi. Qui regarde l’extérieur, rêve. Qui regarde en lui-même, s’éveille.
Ce baobab africain est âgé de 6000 ans. Imaginez la taille que pourraient faire des arbres de 100.000 ans…
Déclaration Universelle des Droits de l’Arbre
Ils communiquent, s’entraident, se défendent, ils bougent même ! Les arbres sont dotés d’une véritable forme d’intelligence. Et c’est désormais une certitude scientifique. Les arbres occupent près d’un tiers de notre territoire et des terres émergées de la planète. Indispensables à notre survie, ils sont aussi nos meilleurs alliés face au réchauffement climatique. Pourtant, nous ignorons presque tout d’eux. Loin d’être figés dans leur monde végétal, les arbres ont en fait une vie bien plus riche qu’il n’y paraît.
Appel Mondial à la
Déclaration Universelle des Droits de l’Arbre #DUDA
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#Duda #Udtr