La domestication animale

 

Depuis la nuit des temps, sous toutes les latitudes, des hommes et des femmes ont suivi la voie du chamane. Ils l’ont pratiquée depuis l’enfance, accumulant des expériences psychédéliques et magiques qui firent d’elles et d’eux les guides spirituels de la tribu.

A cette fin, ils ont unis leur énergie psychique, tous ensemble, il y a bien des millénaires, pour accomplir un grand prodige : réussir la domestication animale. Mais commençons par le commencement…

A quelle mystérieuse activité se livrait-on dans ces chapelles sixtines de la préhistoire que sont Altamira, Lascaux, Niaux ? « Les représentations sont d’une profondeur hiératique, pleines de force religieuse, et ainsi peuvent à l’évidence être classifiées comme de l’Art sacré. Des œuvres telles qu’Altamira ou Niaux sont plus que de simples œuvres d’art et doivent être considérées et appréciées du point de vue de la philosophie et des problèmes profonds de l’Humanité. » (source)Miguel Garcia Guinea, professeur à l’université de Santander

De l’art sacré, sans aucun doute. Voire du chamanisme.

 

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Dessinant des silhouettes, et d’autres silhouettes sur les premières, fixant des animaux dans la toile de leurs signes, les chamanes ont créé avec les bêtes des liens infrangibles, qui, des années plus tard, feront apparaître les animaux domestiques. Dans leurs cavernes, les chamanes de l’âge de glace ont préparé la renaissance du grand printemps agricole. 

Tandis que les humains tentaient d’échapper à l’hiver nucléaire qui a duré cent mille ans, tandis que les hommes-taupes vivaient dans des tunnels et des cavernes, tandis que le Peuple du Dedans menaient les hommes au Centre-Terre, les chamanes s’étaient rapprochés de la surface. Ils ont tentés des reconnaissance à l’extérieur dès que la végétation eut repris ses droits. Ils ont reconnus les bisons, les chevaux sauvages, les grands cervidés, les mammouths, les lions et les lycaons. Ils se sont liés avec l’égrégore de toutes les bêtes. Parfois, le lien a tenu. D’autres fois, il s’est rompu. N’empêche que tous les animaux domestiques de nos fermes ont été harnachés par ces grands chamanes du temps oublié.

Ils ont fait un pacte avec les égrégores de chaque espèce.

 

 

Ils ont invoqué l’âme-groupe du Cheval, ils ont conclu un pacte avec elle, et le cheval est devenu notre allié, un animal domestique. En échange, l’homme lui accorde amour, respect et protection.

Un égrégore est, dans l’ésotérisme, un concept désignant un « esprit de groupe », une entité psychique autonome ou une force produite et influencée par les désirs et émotions de plusieurs individus unis dans un but commun. Cette force vivante fonctionnerait alors comme une entité autonome. Le terme est apparu dans la tradition hermétiste avant d’être repris par les surréalistes, qui l’ont chargé d’un fort potentiel subversif. (source)Wikipédia

L’égrégore dont il est ici question désigne l’âme-groupe des animaux. « Tandis que l’homme se caractérise par une âme individuelle, les animaux ont une âme-groupe, l’égrégore, qui préside aux destinées de chaque espèce. » (source)Rudolf Steiner

Après le Cheval, les chamanes des grottes peintes ont passé le même marché avec l’égrégore du Bison. De Tatankanom du bison sacré en Sioux Lakota le bison sacré sont venus nos placides bovins.

Bien sûr, je ne dis pas que les dieux d’avant n’y sont pour rien. Je pense que leurs vastes connaissances en génétique leur ont permis de concevoir des espèces mieux adaptées aux travaux de la ferme. C’était leur intérêt que les chevaux et les bœufs travaillent pour eux. Alors ils ont envoyés leurs meilleurs généticiens dans leurs laboratoires, et de nouvelles espèces animales ont été mises en route. Il fallait des animaux de trait et de labour pour que les humains produisent toutes sortes de légumes et de fruits. Les travaux des champs demandent du bétail humain et animal.

 

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Ainsi produiraient-ils de la viande tendre à profusion, des œufs, du miel et du lait. D’abord pour nourrir les dieux et leurs anges,  les restes allant aux humains et les rebuts aux animaux. Cette façon de faire est toujours en pratique. Elle provient de l’exemple donné par les dieux d’avant. Mais la génétique ne fait pas tout. Et c’est là que les chamanes et les sorcières sont intervenus.

Avec celui des Abeilles, l’égrégore du Taureau aurait été le premier marché conclus. Les « fleuves de lait et de miel » qui coulaient au jardin d’Eden racontent la domestication des vaches et des abeilles. Alors les chamanes des grottes peintes ont recommencé leurs rituels. Ils ont fait le deal avec de nombreuses espèces. Certaines d’entre elles, pourtant représentées dans les peintures rupestres, ont résisté à la domestication, comme les gazelles et les rhinocéros.

Inversement, plusieurs espèces sauvages domestiquées à cette époque ont, depuis, repris leur liberté. Ainsi le castor est un ancien animal domestique. Rustique, dur à la tâche, bon plongeur, bûcheron et charpentier, le castor a été longtemps utilisé par l’homme pour construire ses palissades, ses barrages et ses huttes en rondins. Tout ce que le castor sait, l’homme le lui a appris jadis. Tout ce que l’homme sait, les dieux visiteurs lui ont enseigné jadis. Mais le castor a choisi de reprendre sa liberté ; il a pourtant cultivé son talent de constructeur, qui ressemble d’assez près au nôtre.

Autre exemple, le dauphin, que l’homme a longtemps utilisé pour la pêche et le sauvetage en mer. Dans certains atolls polynésiens, les dauphins sont encore les alliés des pêcheurs en rabattant des bancs de poissons dans leur filet. La coopération est facile entre les dauphins et les hommes. Jadis, tous les navires étaient escortés par une bande de dauphins chargés de récupérer les hommes à la mer, tâche dans laquelle ils excellent encore, comme nous l’enseigne La Fontaine dans Le singe et le dauphin.

Là, c’est nous qui les avons oubliés. Pas eux. 

 

 

Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie.

Arthur C. Clarke

 

Il y aura toujours plus de vérité dans l’univers que dans tous les livres des hommes.
William Shakespeare