Officiellement, l’Ordre du Temple a disparu quand le dernier grand maître, Jacques de Molay, périt sur le bûcher. Mais fut-il vraiment le dernier grand maître ? Avant de mourir, Molay confie à ses fidèles lieutenants la tâche de mettre à l’abri la colossale fortune accumulée depuis plus de deux siècles.
Ainsi commence l’épopée de
L’or du Temple
Dans l’épisode précédent, nous avons laissé les chariots bourrés d’or quittant la capitale par la route de l’ouest. Brûlant les étapes, raflant des chevaux frais dans toutes les commanderies, les chariots ont gagné La Rochelle. L’or y fut transbordé sur la Destinée, solide navire de 300 tonneaux, armé pour le large. Deux mois après, la Destinée touchait la côte du Mexique.
L’or fut confié au potentat local. Les Indiens n’attachaient aucune valeur particulière au métal jaune, aussi regardèrent-ils ce trésor sans convoitise. Convoyé jusque dans les Andes, le trésor fut fondu sous le contrôle de quelques Templiers pour former une colossale chaîne en or massif, dont un seul maillon pesait quatre cents livres. Pour la déplacer, il ne fallait pas moins de 500 Indiens dopés à l’ayahuasca. La chaîne fut posée autour du temple de Viracocha à Tihuanaco.
Après la dissolution de l’Ordre, les Chevaliers Templiers ont trouvé refuge au Portugal, tandis que les compagnons artisans se réfugiaient en Italie où ils inventèrent la Renaissance un siècle avant le reste de l’Europe.
Sous le nom de Quattrocento, la renaissance Italienne démarre au 15e siècle, quand la France est à feu et à sang dans les convulsions de la guerre de Cent Ans. Il faudra attendre le 16e siècle pour que débute la Renaissance française… qui importera, juste retour des choses, artisans et artistes d’Italie.
Avant de se lancer dans la grande traversée, Christophe Colomb fit escale à la Rochelle, l’ancien port templier vers les Amériques. Il y a pris des cartes templières et peut-être même a-t-il embarqué un descendant du dernier pilote des Alizées.
La mission de Colomb était claire : aller au Mexique, retrouver la trace de l’or du Temple et si possible, le récupérer. Comme on le sait, il échoua. Trente ans plus tard, une autre expédition templière touchait le Mexique, celle du conquistador Cortès.
Hernan Cortès défit Moctezuma, le roi des Aztèques, pilla sa capitale Teotihuacan, mais ne retrouva pas l’or du Temple. Une autre expédition fut montée par les Templiers, la dernière que leurs moyens pourraient financer.
Dirigée par Pizarre, son but était la route des Andes, l’altiplano péruvien, le lac Titicaca et l’or du collier géant. Plus chanceux que Cortès, Pizarre fut à deux doigts de réussir. Hélas, quelques heures avant son arrivée, le dernier Inca fils du Soleil fit traîner la chaîne jusqu’au lac, où elle coula bas.
Le lac Titicaca est très profond et très opaque. Le Commandant Jacques-Yves Cousteau y a plongé pour tenter de récupérer le trésor des Incas. Etait-il sponsorisé lui aussi par les Templiers ? On l’a dit. Mais bon, on dit beaucoup de choses…
Quoiqu’il en soit, ses tentatives se sont soldées par un échec. D’autres ont tenté la même aventure. En vain. Dès trois mètres de profondeur, malgré les projecteurs étanches, les plongeurs ne voient plus leurs mains tant la boue est épaisse.
Aujourd’hui l’or des Templiers s’enfonce de plus en plus dans la vase insondable qui tapisse le fond du plus grand lac des Andes, à 3000 mètres d’altitude.
Non loin de là se dressent les quais vides de Tihuanaco, d’où les survivants de l’Atlantide, il y a 12.5000 ans, ont démarré un nouveau monde, le nôtre.
Grâce au Temple, l’art pré-diluvien de la construction sacrée a refleuri sur la terre d’Europe. Des secrets oubliés depuis des millénaires ont ressurgi à travers lui. Les Templiers n’ont pas seulement inventé l’ère moderne, la banque, le système de santé, les voyages organisés ; ils n’ont pas seulement érigé ces merveilleuses nefs du ciel, avec leurs tours, leurs contreforts et leurs flèches ; ils n’ont pas seulement réouvert la route des Amériques ; ils nous font franchir la porte du temps.
C’est pourquoi on les nomme, dans la langue des oisons,
les Chevaliers du Temps plié.
Épilogue
Enragé de ne pas trouver l’or du Temple, Philippe le Bel fit procéder à l’élimination de tout vestige du puissant Ordre. Or le Temple était l’ordre. Sa disparition brutale allait plonger la France et l’Europe dans un effroyable chaos.
Sur le pays désorganisé se sont abattues des litanies de guerres, de rapines et de famines qui semblaient ne jamais devoir finir. Pour le peuple abêti par la peur et la faim, cette interminable période de troubles parut une seule guerre, plus méchante et plus longue que les autres.
« Celle-ci dura, dit-on, cent ans » (?)François Bourgeon, Le sortilège du bois des brumes