L’ennui frappe partout, sans frontières, sans répit, sans distinction de religion, d’âge ou de sexe. Voilà la plus implacable des pandémies. Sans remède. Aucun vaccin connu. Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés. L’un après l’autre, l’ennui a dévoré tous les continents et s’attaque aux incontinents.
Tu te fais chier. Le travail t’emmerde. Le chômage t’emmerde. Le manque d’argent t’emmerde. La banque t’emmerde. Les impôts t’emmerdent. Ton redressement fiscal t’emmerde. Tes enfants t’emmerdent. Tes parents t’emmerdent. La famille t’emmerde. Ton divorce t’emmerde. Tes loisirs t’emmerdent. Il y a sûrement une explication derrière tout ce caca-là. On dirait que tu n’es pas sur ta voie. Le temps que tu passes à reculer te fore le foie et t’ôte la joie. Du coup tout t’emmerde à jet continu.
Chaque personne qui se fait chier emmerde du même coup le reste de la planète. Pensez-y. Je ne dis pas qu’il faut rigoler sans arrêt, il n’y a pas de quoi. Si on s’amusait à chaque instant, quoi qu’on fasse, quoi qu’il se passe, on aurait l’air d’un parfait couillon. C’est vrai. Mais entre s’amuser et se faire chier il y a tout un dégradé.
On peut s’intéresser. S’activer. Agir. Faire. Courir. Draguer. Sourire. Caguer. Pourrir. Larguer. Souffrir. Changer. Mourir. Manger. S’instruire. Plonger. Réduire. Bouger. Reluire. Figer. Bonnir. Rager. Finir. Danger. Ralentir.
On peut faire mille autres choses. Des tas d’activités géniales se déroulent sans l’aide du fichu mental. Utilise le cerveau du monde, il est plus humain que le tien. Utilise le cerveau astral, il est plus ouvert que le tien. Utilise le cerveau divin, il est absolu : il maintient.
Pense au gaspillage pharaonique. Pense à tous ces gens qui s’ennuient. Qui distillent du brouillard gris. Qui diffusent la mélancolie. Qui ne rayonnent pas l’amour et la joie d’être là.
Quel bonheur ?
Oui, nous sommes plongés dans une épreuve implacable. Nous avons une obligation de résultat. C’est le djihad, le vrai : la guerre intérieure. Je veille à ce qu’elle ne devienne pas une guerre intestine.
Traquer mes failles, craquer mes défauts. Dans une future version de moi-même, de nombreux bugs auront été purgés. Version expurgée. C’est mon travail de chaque instant. Le labeur du guerrier impeccable se doit d’être impeccable comme lui. Les lions ne font pas des rats.
Impeccable ne veut pas dire parfait. Ton travail est bien fait. Si d’aventure un défaut s’y glisse, il a son rôle à jouer. Si une faille résiste à ta vigilance, accepte sa présence, salue sa persistance, admire sa constance et tâche d’y voir clair.
À quelque chose le malheur est bon. Je ne comprends pas. C’est du latin. Je suis atteint. Verveine et thym. J’ai l’œil éteint. Soleil déteint. Plus un rotin. Il m’en reste un. Menu fretin. Fatal crottin.
Stop ! Tout ça ne me dit rien qui vaille et repart dare-dare dans la sinistre faille de l’emmerdement progressif et constant. Vous ne comprenez pas ? La belle affaire ! Comprendre ? Pourquoi faire ? Personne ne comprend rien à rien. Nul ne sait la fin du film, c’est voulu. Et c’est bien. Dispositif anti-spoiler. Venez voir, vivez l’histoire, vous vous verrez jouer dedans, c’est trop marrant.
Et la fin ? Vous comprendrez quand vous la verrez. Quoi donc ? Il n’y a qu’à prendre et rien à comprendre.
Aveu
Qui suis-je pour prétendre à comprendre ?
Quelque soit mon savoir, je ne sais rien.
Quelque fut mon vécu, je n’ai rien vu.
Quelque soit ma culture, je suis nu.
Vas-y fais la passe
Honnêtement je m’y emploie. Pour que le résultat de mes efforts soit utile au plus grand nombre, j’œuvre à le rendre utilisable. Abordable. Absorbable. Et digeste. Si j’ai bien capté les passes, à moi d’assurer la suite. J’essaie de renvoyer une balle propre. Le ballon est vivant, il doit circuler vite et bien.
J’ai une stratégie fine. Faire rire est la mission sacrée que je me suis donné un dimanche à la messe. J’ai tenu ma promesse. Faire rire des erreurs d’autrui, c’est bien. Mais c’est facile. Rire de soi-même, faire rire de ses bévues, de son délire, de ses excès, de ses lubies, c’est tellement plus épanouissant ! Pour l’auteur et pour ses lecteurs.
Avec mes mots et mes images, je vous fais voir le ciel au-delà du ciel, le monde à côté du monde, la vie après la vie. Avec mon ramage, avec mon plumage, je ne suis ni phénix, ni hôte de ces bois. (source) Couvrons-nous, le Roi boit !
Il faut bien se tenir. On ne doit plus rien dire. Tenons-nous cois. Tenons-nous, quoi !