L’acacia du Nil

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Au paradis poussent deux arbres qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Les dieux veillent jalousement sur ces arbres précieux entre tous. Le premier arbre donne la connaissance du bien et du mal. En croquant le fruit de cet arbre, la pauvre Eve s’est fait virer du paradis. Ce qui ne l’a pas dégoûtée de croquer la pomme. C’est un arbre d’éveil, vu son nom. On imagine une drogue hallucinogène.

Le second arbre unique s’appelle l’arbre de vie. J’ai toujours pensé que cet arbre précieux entre tous donnait un fruit dont on faisait le soma, ou boisson d’immortalité. Soma est le nom Hindi. Les Grecs l’appelaient ambroisie. Les Celtes connaissaient l’hydromel, autre boisson des dieux.  Il semble que cet arbre de vie ne donnait pas seulement la longévité, mais aussi des hallucinations et des visions intenses.

 

Très antique Egypte

En Egypte, on trouve un arbre qui n’est pas unique, mais qui était sacré dans l’antiquité. L’Egypte s’est construite sur une civilisation incroyablement ancienne. Ses chroniques retracent son histoire, sans interruption, depuis la fonte des grands glaciers, il y a 12000 ans, jusqu’aux derniers pharaons d’origine grecque, les Ptolémée, parmi lesquels la célèbre Cléopâtre. La société égyptienne possédait une élite d’êtres intériorisés, très spirituels, avec un système complexe de croyances et une représentation de la réalité supérieure à la nôtre, plus efficace, que la science matérialiste qualifierait de magique.

La spiritualité jouait un rôle dominant dans la vie des élites égyptiennes, comme on le voit sur les fresques murales ou sur les fragments de papyrus qui nous sont parvenus. Ces images montrent souvent l’arbre de vie. Certains chercheurs ont voulu y reconnaître l’Acacia nilotica. Cette plante hallucinogène pousse en abondance le long du Nil : ses pouvoirs psychiques ont été glorifiés par les prêtres Egyptiens.

 

L’Egypte et l’acacia

L’acacia du Nil est un must de la mythologie égyptienne. Sous sa ramure sont nés les premiers dieux de l’Egypte. Osiris aussi est né sous cet arbre. La légende veut que le dieu Osiris habite l’esprit de tous les acacias. Les chamans d’Amazonie qui prennent l’Ayahuasca parlent de « l’esprit de la mère » qui les guide dans leur voyage. La mère, c’est Pachamama, c’est Femme Bison Blanc, c’est Hathor, c’est Gaïa. 

Les anciens Egyptiens utilisaient l’acacia du Nil pour obtenir l’illumination et parler aux dieux. Leur guide spirituel n’était pas Hathor ni Isis, mais Osiris. Il est ici dans sa fonction de psychopompe, le dieu des enfers et de la renaissance. Osiris et sa parèdre Isis président à l’éveil, qui est la vraie renaissance, celle de l’esprit, plus importante que la naissance de la chair.

L’Acacia nilotica contient un principe actif alcaloïde, le Dimethyltryptamine, ou DMT. Cette molécule bien connue des pêcheurs de rêves donne paraît-il des expériences spirituelles intenses. C’est l’alcaloïde de l’ayahuasca,  utilisé dans des rituels chamaniques en Amazonie et ailleurs. On voit déjà les jeunes crétins -et les vieux couillons- qui vont se ruer sur ce nouveau paradis-pour-tous. Attention, ces alcaloïdes puissants ne sont pas récréatifs. Ils ne se prennent pas à la légère. Les marchands de rêves sont des vendeurs de mort. Si vous aimez la vie, fuyez ces saloperies.

 

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La voie de l’extase

Je voulais juste souligner que l’acacia sacré des anciens Egyptiens est très présent dans la Genèse. Les prêtres semblaient apprécier son extase. Du coup, l’affaire de Moïse sur le mont Sinaï prend un relief accru.  J’ai raconté son histoire ailleurs, je la résume en deux mots. Un prof israélien, Ben Shannon, pense que Moïse était complètement défoncé sur le mont Sinaï quand Yahveh lui a donné les Tables de la Loi. Le prof Shannon n’est sans doute pas très loin de la vérité. Toutes les civilisations anciennes n’ont eu qu’une seule préoccupation, l’éveil. La claire lumière intérieure qui est dit-on le séjour des dieux.

Dans la Bible, le buisson ardent devant Moïse était un Acacia nilotica. Ce qui n’est pas étonnant car on trouve encore cet acacia dans la vallée du Jourdain et le désert du Sinaï, avec trois sous-espèces différentes, contenant toutes du DMT. Pour le judaïsme primitif, l’Acacia est sacré. Il a été utilisé comme un matériau de construction dans tous les temples et de tous temps. L’arche de l’alliance était faite d’Acacia nilotica recouvert de plaques d’or massif.

Comme toutes nos religions actuelles, le judaïsme a été influencé par le DMT et sa connexion au monde des esprits. A la Mecque, avant l’Islam, la déesse était aussi identifiée à l’Acacia nilotica. Sa religion était tout à fait conforme aux croyances égyptiennes, celtes et hébraïques.

 

Jacques Cœur à Bourges 

A Bourges, dans son palais magnifique, Jacques Cœur avait pris soin de faire représenter plusieurs arbres par le sculpteur. Certains de ces arbres, comme le palmier dattier ou le lin, font directement allusion aux activités commerciales de ce grand importateur. Mais d’autres nous parlent d’autre chose. 

Jacques Cœur n’était pas seulement un commerçant de génie, plus puissant que bien des rois d’Europe, il était aussi initié. Ceci, d’ailleurs, expliquant cela. Le mystérieux Fulcanelli a consacré plusieurs pages éloquentes à ce palais et à ce qu’il exprime. Selon lui, Jacques Cœur était alchimiste, et il a consacré sa vie à la recherche de la pierre philosophale. Son palais exprime dans son architecture et dans ses sculptures les différentes étapes du grand œuvre. C’est sans doute pourquoi on trouve en bonne place notre arbre favori des anciens, l’acacia du Nil avec ses grosses fleurs. Sans nul doute, Jacques Cœur savait très bien comment s’en servir.

Aujourd’hui on a un peu perdu de vue les vertus hallucinogènes de l’acacia. En franc-maçonnerie pourtant son culte a survécu, mais de façon purement symbolique, rassurez-vous ! On imagine mal ces vénérables tabliers de cuir se rouler des gros pétards d’acacia du Nil. Quoique ?

En tout cas, le facétieux professeur Ben Shannon avait parfaitement raison : au sommet du Sinaï, Moïse était défoncé. Et comme Shannon l’a supposé, la défonce en question n’était pas sans rapport avec l’ayahuasca. Shannon sait de quoi il parle, il en a pris lui-même. 

 

De telles gens il est beaucoup Qui prendraient Vaugirard pour Rome Et qui, caquetant au plus dru Parlent de tout et n’ont rien vu.
Jean de La Fontaine