Moïse au Sinaï

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Le goût des êtres humains pour les psychotropes est d’une ancienneté maximale. Quoi d’étonnant ? Au-delà de l’aspect récréatif, les états modifiés de conscience ne sont-ils pas une voie d’éveil ?

« A sa descente du Mont Sinaï, lorsqu’il a présenté les Dix Commandements au peuple juif, Moïse était sous l’effet de puissants hallucinogènes, » estime Benny Shanon, prof de psycho à l’Université de Jérusalem. Dans un provocant article de Time and Mind, une revue philosophique, il affirme que les psychotropes faisaient partie des rites religieux des Israélites évoqués par le livre de l’Exode. Ses arguments ne sont guère convaincants, notamment quand il se reporte au texte biblique où son analyse reste faible.

«En ce qui concerne Moïse au Mont Sinaï, il s’agit soit d’un évènement cosmique surnaturel auquel je ne crois pas, soit d’une légende à laquelle je ne crois pas non plus, soit enfin –et c’est très probable– d’un évènement rassemblant Moïse et le peuple d’Israël sous l’effet de stupéfiants», a affirmé le professeur à la radio publique israélienne. «La Bible écrit à ce sujet que le peuple voit des sons, phénomène très classique en Amérique latine où l’on voit de la musique», a-t-il ajouté.

 

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A partir de là, le prof se lâche. L’Arbre de la Connaissance au Jardin d’Eden était de la défonce. Il précise qu’il y a dans les déserts du Sinaï et du Néguev des herbes et des plantes hallucinogènes encore utilisées par les bédouins. Selon lui, les sociétés traditionnelles chamaniques ont souvent recours aux stupéfiants dans leurs rites religieux. « Mais ce recours est soumis à des règles très strictes (…). Ainsi le feu peut être une mauvaise chose s’il est utilisé pour la guerre, et une très bonne chose s’il sert à la cuisine ».

Atterré, je suppose, l’auditoire religieux du prof se demande bien ce qui motive une telle bordée de blasphèmes et d’assertions choquantes. Certains s’attendent sans doute à voir tomber le feu de la Géhenne pour châtier l’imprudent qui méconnaît les pouvoirs sacrés de l’Arche d’Alliance.

Pour un peu, le bon prof affirmerait que toute la sacrosainte religion juive ne serait d’un bout à l’autre qu’un pur délire de drogués. Au lieu de ça, il sort du placard, et c’est le choc :

« J’ai moi-même été invité en 1991 à une cérémonie religieuse dans le nord de l’Amazonie, au Brésil, durant laquelle j’ai consommé une potion faite d’une plante, l’ayahuasca et j’ai eu des visions à connotations spirituelle et religieuse », ajoute ce défoncé de professeur Shanon. Selon lui, les effets psychédéliques des potions préparées avec l’ayahuasca sont comparables à ceux produits par des breuvages concoctés avec l’écorce de l’acacia. Cet arbre est fréquemment mentionné dans la Bible.

Son bois est semblable à celui dans lequel a été taillée l’Arche d’Alliance. (Source)Le Parisien, info postée par Adriana Evangelizt

 

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Edifiante histoire ! Si c’était un goy qui l’avait racontée, on imagine les cris du CRIF.Conseil de la Religion Israélite de France Mais ce brave professeur Shanon, juif et israélien de surcroît, est au-dessus de tout soupçon. Ah bon ? Mais quand même, un prof d’université qui se défonce, ça fait mauvais genre… Bof ! Ses élèves n’ont pas attendu son exemple pour triper. In vino veritas, disaient les Romains. In ayahuasca very tasse, disent les profs d’aujourd’hui.

Du coup, le prof Shanon n’a peut-être pas tort :
si ça se trouve, Moïse planait comme un dieu.

 

 

Toutes les grandes vérités commencent comme des blasphèmes.

George Bernard Shaw
 
 
West Kennet Long Barrow distille un charme puissant, palpable. A chacun de mes voyages à Avebury, je ne manque pas de m’y rendre.
Stéphane Kervor