Les dessous cachés de Zachée

 

Il y a peu, j’ai posté un texte que nul ne connaissait, l’apocalypse de Zachée. J’avais écrit en résumé : « ce texte inconnu m’est tombé dans les mains. J’en suis resté confondu. » Je vous l’avais promis, aussi vais-je vous dire ce qui s’est réellement passé, pour autant que j’y parvienne.

 

Ce texte fondamental m’a valu plusieurs réactions agressives. Certains d’entre vous n’ont pas saisi ce que je vous ai présenté. Il ne s’agit pas d’un texte retrouvé physiquement, comme des rouleaux, des papyrus, des parchemins, des peaux de moutons revêtues d’inscriptions. Comment les aurais-je traduites, ces inscriptions? Je ne parle ni le copte ni l’araméen ni même l’hébreu ancien. Ce qui s’est vraiment passé est d’une autre nature. La plupart de ceux qui me connaissent l’avaient déjà compris, mais je tiens à dissiper tout malentendu qui porterait préjudice à l’ensemble de mes écrits.

D’abord je voudrais vous faire remarquer la chose suivante : comment s’appelle la rubrique sous laquelle figure ce texte ? Eh oui, Contes d’éternité. Comme vous ne l’ignorez pas, ce qui est de l’ordre du conte n’est pas nécessairement une vérité historique. Il n’y a pas de traces historiques de Jésus lui-même, comment y en aurait-il d’un obscur publicain nommé Matthias, et surnommé Zachée ? Ensuite ceci : de nombreux anachronismes émaillent ce texte. Ils sont là pour vous avertir. Il n’y avait pas d’observatoires à l’époque, pas de télescope géant, pas d’imagerie astronomique : les super-novae et les naines rouges étaient tout à fait inconnues.

Maintenant venons-en au fait. Ce texte a-t-il vraiment été écrit par Zachée ? Je n’en sais rien. Je l’ai reçu tel quel. Mais faut-il croire les anges ? Car ce sont les anges qui me l’ont transmis. Les anges ou leurs semblables. Ce texte, effectivement, m’est tombé du ciel. Mes mains se sont mises à courir sur le clavier sans que ma tête sache les mots qui allaient en sortir. Je me suis trouvé le premier lecteur de ce texte, la mise en forme était déjà toute faite, les mots appartenaient à l’expression évangélique, exception faite des anachronismes déjà mentionnés que j’ai ajouté par la suite. Très souvent je commence à écrire un article, ma tête est complètement vide, aucune pensée ne la trouble, aucune image, et pourtant mes doigts courent sur le clavier trop vite pour que je puisse éviter les fautes de frappe. N’importe, je les corrige ensuite. Et je suis le premier lecteur d’un texte que j’ai rédigé en écriture automatique. 

 

 

C’est ainsi que je visite le passé, par le biais de l’écriture. Qui donc m’inspire mes textes ? Je dois dire que je n’en sais rien. Voilà pourquoi je parle des anges. Voilà pourquoi je crois que je suis — que nous sommes tous — pilotés, à notre insu, par des entités qui pensent à notre place. Alors ? Est-ce que l’apocalypse de Zachée est une pièce historique ? Non. Est-ce qu’il existe une trace matérielle de ce texte ? Non plus. L’original a été tapé par mes doigts sur mon clavier. L’original ? Ou la copie inspirée par les anges ? Maintenant, quelle importance ? De certains faits historiques nous ne possédons pas la moindre trace, sinon des légendes maintes fois remaniées, traduites de langue en langue depuis la nuit des temps. L’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence.

J’ai eu l’occasion d’expliquer comment je me déplaçais sur la ligne de temps. Depuis 1992 et mon initiation aux petits mystères, ce que j’appelle l’arcane XIII, le passé lointain s’est ouvert pour moi, me laissant libre accès aux quelques 22 ou 23 vies antérieures que j’avais retrouvées. À explorer ces plages du passé, j’ai pris l’habitude d’élargir peu à peu mes recherches, en rayonnant autour des périodes retrouvées jusqu’à ce que tout le passé me soit aussi accessible que le présent, aussi visible que mon jardin. Mais ce que je trouve, est-ce la vérité ? Je n’en sais rien. Ce dont je suis sûr, par contre, tient en une phrase : l’histoire qu’on nous enseigne dans les manuels est encore moins fiable que mes contes. 

Le guerrier qui voyage sur toute sa ligne de temps est un passe-muraille qui nous montre le chemin à suivre. (Lao Surlam)

 

Une fois que ces contes sont écrits, je fais mon possible pour les corroborer à l’aide de textes anciens. L’examen des textes vient toujours après les découvertes de terrain. Sauf que mon terrain, c’est le passé le plus lointain, pour moi accessible et familier. Certains d’entre vous s’y retrouvent et me le disent, ils sont l’élan qui me pousse à continuer. Celles et ceux qui seraient choqués par ma méthode d’investigation se tourneront vers d’autres sites. Quant à moi, si je me taisais, je me trahirais. Et je trahirais tous ceux qui ont choisi de me suivre parce que mes récits les font vibrer, les réveille et les pousse à se dépasser, eux aussi. Mais je tenais à dissiper tout malentendu sur ce texte précis, qui vient en droite ligne des annales akashiques.

A toutes, à tous, aux 6 millions de visiteurs qui ont fait le succès d’Eden Saga en 15 ans d’existence, je dis un grand merci, du fond du cœur.

 

 

Ainsi donc

Chacun ses croyances, et les vaches sacrées seront bien gardées. Nos ancêtres ont tout gobé. Ils ont avalé des couleuvres avec l’aisance d’un charmeur de serpents. Pendant des siècles, tous ces textes sont restés enfermés dans des bibliothèques strictement protégées par le Saint Siège. N’oublions pas que jusqu’à l’invention de la typographie vers 1440, tous les écrits étaient recopiés par des copistes. Des moines, le plus souvent.  Ils recopiaient dans leur couvent ce que le supérieur leur disait de recopier, omettant et ajoutant ce qu’il leur indiquait. Le contrôle de l’église catholique a été quasi total pendant deux millénaires.

Une foule d’anecdotes bidons, pleines d’erreurs et d’anachronismes, a été ajouté par les copistes. C’était compter sans le web, sans la diffusion planétaire de tous les textes jadis inaccessibles. Et de rectifier le tir.

Je suis mythologue et philosophe. En ami de la sagesse, je porte sur toutes les mythologies un regard critique : est-ce vrai ? Est-ce déformé ? Est-ce exagéré ? Pour quelles raisons ? Mon travail n’a d’autre but que de regarder en face la vérité — si une telle chose existe ! — avec un œil critique et l’esprit débarrassé de tout a-priori. C’est pour cette raison que vous êtes nombreux à me lire. Vous savez que vos convictions vous appartiennent. Elles vous aident à vivre, loin de moi l’idée de les dynamiter, du grec ancien dunamos, qui veut dire ange.

Que ceci n’empêchent pas les croyants de croire, ni les incrédules de ne pas croire. Toutes les croyances sont infiniment respectables, bien que je préfère m’aligner sur l’éternel principe d’incertitude, choisissant de croire sans y croire.

 

Je condamne l’ignorance qui règne en ce moment, si forte qu’on la dirait voulue par le système.
Marguerite Yourcenar