L’éclat de Mandela

 

En Afrique du sud, Nelson Mandela a toujours lutté contre le système raciste de l’apartheid. Il a passé plus de la moitié de sa vie derrière les barreaux. Un jour, on l’a libéré. Un jour, l’apartheid est tombé. Un jour, il est devenu le premier président noir d’une république qui fut la plus raciste du monde. Et il a prononcé un discours. Le vrai. Car il y en a un faux.

 

« …Le temps est venu de panser nos blessures »

 

Majestés, Altesses, invités distingués, camarades et amis,

Aujourd’hui, nous tous, par notre présence ici et par nos célébrations dans d’autres régions de notre pays et du monde, nous conférons gloire et espoir à une liberté tout juste née. De l’expérience d’un désastre humain inouï qui a duré beaucoup trop longtemps, doit naître une société dont toute l’humanité sera fière.

Nos actions quotidiennes, en tant que simples Sud-Africains, doivent susciter une réalité sud-africaine concrète qui renforcera la foi de l’humanité en la justice, confirmera sa confiance en la noblesse de l’âme humaine et maintiendra tous nos espoirs envers une vie glorieuse pour tous. Tout ceci, nous le devons tant à nous-mêmes qu’aux peuples du monde qui sont si bien représentés ici, aujourd’hui.

Je n’hésite pas à dire à mes compatriotes que chacun d’entre nous est aussi intimement attaché à la terre de ce beau pays que le sont les célèbres jacarandas de PretoriaArbres dont les fleurs mauves sont écloses du printemps à l’automne, les jaracandas de Pretoria constituent, l’une des spécificités de la ville. et les mimosas du bushveld.brousse sud-africaine

Nous, le peuple d’Afrique du Sud, nous sentons profondément satisfaits que l’humanité nous ait repris en son sein, et que le privilège rare d’être l’hôte des nations du monde sur notre propre terre nous ait été accordé, à nous qui étions hors-la-loi il n’y a pas si longtemps. Nous remercions tous nos distingués invités internationaux d’être venus prendre possession avec le peuple de notre pays de ce qui est, après tout, une victoire commune pour la justice, la paix, la dignité humaine.

Nous sommes sûrs que vous continuerez à être à nos côtés lorsque nous aborderons les défis de la construction de la paix, de la prospérité, de la démocratie, et que nous nous attaquerons au sexisme et au racisme.

 

 

Le temps est venu de panser nos blessures. Le moment est venu de réduire les abîmes qui nous séparent. Le temps de la construction approche.

Nous avons enfin accompli notre émancipation politique. Nous nous engageons à libérer tout notre peuple de l’état permanent d’esclavage à la pauvreté, à la privation, à la souffrance, à la discrimination liée au sexe ou à toute autre discrimination. Nous avons réussi à franchir le dernier pas vers la liberté dans des conditions de paix relative. Nous nous engageons à construire une paix durable, juste et totale.

Nous avons triomphé dans notre effort pour insuffler l’espoir dans le cœur de millions de nos concitoyens. Nous prenons l’engagement de bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, blancs ou noirs, pourront marcher la tête haute sans aucune crainte au fond de leur cœur, assurés de leur droit inaliénable à la dignité humaine – une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde.

Nous comprenons bien qu’il n’y a pas de voie facile vers la liberté. Nous savons bien que nul d’entre nous agissant seul ne peut obtenir la réussite. Nous devons donc agir ensemble en tant que peuple uni, pour la réconciliation nationale, pour la construction de la nation, pour la naissance d’un nouveau monde.

Que la justice soit présente pour tous! Que règne la liberté! Le soleil ne se couchera jamais sur une réussite humaine si glorieuse.

Dieu bénisse l’Afrique. Merci.

 

Le faux discours

Un autre extrait de ce discours est beaucoup plus connu. Il est signé Marianne Williamson, tiré d’un de ses livres Return to Love. C’est un des plus fameux quiproquos du 20e siècle. Jamais ce texte n’a figuré dans le discours en question. Il ne se trouve que dans le livre de Marianne Williamson, même si tous ceux qui le connaissent sont persuadés du contraire. Ce vrai-faux discours est d’une telle lumière, d’une si belle élévation que je ne résiste pas au plaisir de vous le donner.

« Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur, notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au delà de toute limite. C’est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus. Nous nous posons la question : “ Qui suis-je, moi, pour être brillant, talentueux et merveilleux ?” En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ? Vous êtes né de la lumière. Vous restreindre et vivre petit ne rend pas service au monde.

L’illumination n’est pas de vous rétrécir pour éviter d’insécuriser les autres.

Nous sommes nés pour rendre manifeste la puissance divine qui est en nous. Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus : elle est en chacun de nous, et tandis que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même. En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres… »

Ce discours a été rédigé par Marianne Williamson. Voici une autre citation d’elle tout aussi belle : « L’amour, nous sommes nés avec. La peur, nous l’avons apprise. Le voyage spirituel consiste à désapprendre la peur et les préjugés et à accepter le retour de l’amour en nos cœurs. L’amour est la réalité essentielle et notre but sur terre. En être conscient, le pratiquer sur nous et sur les autres, voilà le sens de la vie. Le sens n’est pas dans les choses. Le sens est en nous. »

 

 

Mandela fut un symbole vivant. L’image éteinte d’un monde qui change de plus en plus vite. L’homme le plus puissant du monde s’appelait Obama, un métis. La star préférée des Français était Yannick Noah, un métis. Trente ans après sa mort, Bob Marley reste l’incontournable génie musical universel : un métis, lui aussi.

Le footballeur Lilian Thuram avait alors lancé l’appel des cent, « pour une société post-raciale et multiculturelle qui corresponde à la réalité française. » Et moi j’espère voir naître la planète arc-en-ciel

Black, blanc, beur, mais aussi rouge, jaune, verte et bleue. Orange et violette, voire mauve et rayée. Sans défi, la vie est morne. Le défi de s’aimer, d’où qu’on vienne, qui qu’on soit, peut seul nous rendre le vrai sourire du cœur.

Le pardon libère l’âme, il fait disparaître la peur. C’est pourquoi le pardon est une arme si puissante. (Nelson Mandela)

 

Pourtant rien n’est réglé en Afrique du Sud. Le racisme ordinaire y a toujours cours. La police noire tire à balles réelles sans sommation sur des manifestants noirs pour défendre le pouvoir blanc. Mandela est le véritable père de son peuple uni, il n’a pas dit le dernier mot, personne ne dit jamais le dernier mot. 

Un autre Mandela viendra, car tout recommence toujours, sans fin, et c’est bien. Ce n’est qu’un début, continuons le combat. A l’aube d’une époque résolument nouvelle, on se prend à rêver d’un monde d’aventures et de défis, d’une vie si planante que nos enfants n’auront plus besoin de se défoncer au risque de se perdre. Aidons-les à gravir leur chemin inédit, fulgurant, vers ces pouvoirs divins qui leur appartiennent en propre. Un jour prochain, qui sait ? leurs descendants bâtiront un piège à foudre dans le but très réaliste d’éveiller la planète et de rendre à l’homme la stature divine qui est la sienne.

 

Le courage consiste à faire ce qui est juste. (Confucius)

 

Le seul courage, c’est aimer.
Nelson ‘Madiba’ Mandela s’est éteint le 5 décembre 2013.
On ne l’oubliera pas.  

 

 

Défense de savoir

 

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« Ma présence n’est pas ici.
Je suis habillé de moi-même.
Il n’y a pas de planète qui tienne
La clarté existe sans moi.
Née de ma main sur mes yeux
Et me détournant de ma voie
L’ombre m’empêche de marcher
Sur ma couronne d’univers,
Dans le grand miroir habitable,
Miroir brisé, mouvant, inverse
Où l’habitude et la surprise
Créent l’ennui à tour de rôle. »

Paul Eluard

Je me suis réveillé pour voir que tous les autres dormaient encore. Alors je me suis rendormi. (Léonard de Vinci)

 

Il faut sortir et la vivre, cette putain de vie de malade. Et après tu peux écrire dessus.
Iggy Pop