En Argoat, Pays de la Forêt, il est des trésors ignorés gainés de mousse à l’ombre des chênes. Celui-ci est un de mes préférés, à l’écart des chemins battus de l’Armor, Pays de la Mer, pourtant tout proche…
La Chaire des Druides est un ensemble mégalithique très ancien, qui couronne une colline dans le petit bois de Kerohou, sur la commune de Maël-Pestivien dans les Côtes d’Armor. Sur mon chemin, je ne compte plus les calvaires de granit, comme celui-ci daté du 18e siècle. La commune de Maël-Pestivien sent bon la Bretagne sauvage, loin des grands axes, fourmillante de sentiers fleuris et de chemins pierreux, où les rochers arrondis émergent des prés comme le dos de gigantesques hippopotames dans l’eau verte des marais africains. Les Templiers, qui s’y connaissaient en énergie tellurique, ont élu domicile dans les environs.
Tout autour de la colline magique, ils ont bâti chapelles et templeries dont il subsiste plus d’une trace. Des fontaines lustrales, aussi.
Nous sommes en Argoat, la Bretagne intérieure, jadis entièrement recouverte de forêts, une seule grande forêt jusqu’à l’époque médiévale qui portait le beau nom de Bro Kilian, le pays sauvage, francisé par la suite en Brocéliande et réduit à la petite forêt de Paimpont, Ille-et-Villaine, par quelques romantiques parisiens au 19e siècle.
Cette époque a connu un regain d’intérêt pour les monuments mégalithiques, plus d’un dolmen ruiné a été rebâti sans grande considération géobiologique, juste pour le fun et la décoration. C’est ainsi qu’un colonel britannique a remonté le plus célèbre monument mégalithique du monde, j’ai nommé Stonehenge dans le Wiltshire.
Je tiens à citer ce billet touristique qui appelle quelques commentaires. Perché au sommet d’une colline boisée, la chaire des druides Kerohou est un ensemble de blocs granitiques où ont pu s’effectuer des immolations. L’atmosphère qui règne autour de la chaire est propre à réveiller les légendes et les divers mythes nés dans ce lieu.
La pierre du soleil et la pierre des sacrifices suggèrent encore les pratiques ancestrales. On peut distinguer, sur l’une des roches, la forme d’une tête, d’un corps et des jambes… non loin, un hêtre ancestral à branches sinueuses multiples a pris racine sur l’un des gros rochers, qu’il enserre tellement fort qu’il a résisté à la tempête de 1987 qui a décimé presque tous les grands arbres alentour. (source)
Heureusement, de grands arbres se portent encore comme un charme, ou plutôt comme un hêtre, car il s’agit d’une hêtraie, reconnaissable entre mille par la belle mousse verte qui garnit les troncs. Il semble que ni la tempête de 1987, ni celle du nouvel an 2000 n’ait réussi à mettre à bas ces hêtres centenaires.
Peut-être quelques arbustes ou le perchis en ont pâti, je ne sais, mais beaucoup de vénérables ont tenu bon, qui donnent au petit bois une paix et une puissance appréciable.
Est-ce un ancien lieu de sacrifices ? Possible, mais pas certain. Il faut souligner un fait souvent négligé : les druides ne sont pas contemporains de l’érection de ces mégalithes. La période néolithique, qui est celle de l’érection, se trouve plus éloignée des druides celtes qu’ils ne le sont de nous.
Tout au plus, les druides ont réutilisé ces grandes pierres, car ils pouvaient y sentir sourdre une énergie cosmo-tellurique qui les intéressaient. C’est ainsi que de tout temps, les temples de toutes les religions modernes ou anciennes ont été bâti sur d’anciens temples ou d’anciens lieux de culte. Afin qu’ils fonctionnent.
C’est ainsi que la crypte de la cathédrale de Chartres, joliment nommée Notre Dame sous Terre, abrite en son coeur un des plus puissants dolmens de France, qui trônait jadis au sommet de l’unique colline dominant la plaine de Beauce, qui était alors la grande forêt des Carnutes, forêt sacrée dont l’accès était interdit aux non-druides.
Pour moi, il ne fait aucun doute que ces pierres ne se sont pas assemblées toutes seules sur ce lieu puissant. Cette formation rocheuse n’est pas du tout naturelle, elle est l’oeuvre des hommes. Ou des géants. Quelle était l’utilisation de cette colline ? Il faut le demander aux géants qui l’ont aménagée.
Quant aux druides, on sait ce qu’ils en ont fait : le siège sacré d’une université druidique. C’est le nom actuel qui nous l’enseigne. La chaire est l’endroit où le prêtre fait son prêche. Ou encore l’endroit où un professeur enseigne. Justement, les druides étaient les deux : prêtres et professeurs. Et le lieu où ils enseignaient les néophytes, c’est ici, sur la belle colline moussue de Kerohou.
En repartant, je m’incline devant cet hommage de la nouvelle religion à l’ancienne.
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