J’ai fait des rêves étranges et toute la nuit un leitmotiv : Bugarach… ce mot aux sons celtes résonnait dans ma tête… langue des oisons ? En cherchant ce matin, j’ai trouvé un bled breton qui s’appelle Bugara, mais ce n’est pas Bugarach, oh non, pas tout à fait.
Bugarach, c’est cette commune de l’Aude avec une colline qui abritait les Cathares et où quelques illuminés se réfugièrent en 2013 pour y attendre la fin du monde. Ils n’y sont plus, et le monde continue.
En pouillant Wikipédia, j’ai trouvé cela : « Ernest Nègre indique l’origine possible « champ de Bulgarevus » compte tenu du suffixe latin -ium et de la mention Bulgarevus attestée en 962. Le toponyme peut être basé sur le nom d’homme germanique Burghar, avec le suffixe -aticum. Selon d’autres sources non spécialisées en toponymie, Bugarach proviendrait de Bulgare (bougres ou boulgres), nom donné au Moyen Âge aux ancêtres des Cathares. »
Ces Bulgares m’intriguent… ne serions-nous pas sur une piste bien ancienne nous ramenant à la Thrace et à Rama ? Et ce Bugarach très bretonnant qui sonne comme Ploumanach… L’autre jour à Mariastein, descendant sous la grande basilique par plusieurs longs couloirs, cryptes et autres tunnels, arrivant à la grotte qui contient le Libera Me, j’ai été scotchée par l’endroit. Et plus encore d’entendre l’histoire du lieu – y compris la bêtise des Nazis car cette abbaye face à l’Alsace a été l’objet de misères.
L’histoire du pèlerinage commence au 15e siècle avec un jeune vacher parti garder son troupeau avec sa mère sur les hauteurs. Pendant que sa mère se reposait dans une anfractuosité, le jeune garçon s’éloigna et manqua de tomber. Il aperçut alors une belle dame qui disparut mystérieusement après lui avoir montré un site sur un roc et l’enfant fut préservé de la chute.
À son retour, ses parents, à la description que leur fit leur fils furent persuadés qu’il s’agissait d’une apparition de la Vierge Marie. Ils firent édifier une petite chapelle de pierre au-dessus de la petite caverne. Elle fut reconstruite en 1470, après un incendie, et les pèlerins affluèrent. Le chevalier Hans Thüring Reich von Reichenstein fut miraculeusement guéri en 1541 et la famille a agrandi la chapelle, rebaptisée depuis la Reichenstein Kapelle.
La Vierge, appelée Notre Dame de Consolation, fut sculptée entourée d’angelots. Des moines bénédictins du prieuré de Beinwill vinrent assurer la direction spirituelle du pèlerinage à partir de 1636 et construisirent l’abbaye actuelle en 1647-1648 qui s’agrégea à la congrégation bénédictine de Suisse sur les instances du légat du Pape. Le pèlerinage devint alors extrêmement populaire en Suisse, jusqu’en Allemagne méridionale et en Alsace.
L’abbaye fut sécularisée en 1798, pendant la Révolution française et l’invasion des troupes françaises et fut rouverte en 1803 ; mais en 1874, pendant le Kulturkampf suisse, les bénédictins furent obligés de s’exiler à Delle en France. Ils furent à nouveau chassés par la loi sur les congrégations de 1901.
Ils trouvèrent alors refuge à Dürnberg, puis à Bregenz en Autriche. Les autorités nationales-socialistes expulsèrent les bénédictins en 1941 et ceux-ci demandèrent à nouveau l’asile dans leur patrie qui leur concéda leur retour à l’abbaye de Notre-Dame-de-la-Pierre. Celle-ci retrouva son statut officiel d’abbaye en 1973.
Ce qui m’a le plus intriguée, c’est le « Libera me » au fond de la grotte ou ce qui en fait fonction… c’est la première fois que je vois une telle chose dans une grotte ou endroit puissant et clairement reconnu par les moines qui ont cloisonné l’endroit et y ont même placé la sculpture d’un Christ au tombeau. Mêmes sensations que dans les grottes finalement proches de Lucelle où nous avions l’impression d’avoir à la fois une chapelle et un libera me. Impossible de prendre des photos nettes de ces deux endroits.
Note de l’éditeur : Pour une meilleure compréhension de ces précieux propos, je me dois de rappeler au lecteur ce que Jean-Claude Flornoy appelait un libera-me. Derrière le chœur des cathédrales gothiques, dans le mur , on peut parfois observer des miches où l’on déposait jadis le corps des défunts. Ces niches vibrent très bas sur l’échelle Bovis. Elles sont hostiles à la vie. le séjour du cadavre en ce lieu insupportable permettait à l’âme de se détacher du corps mort. Ce qui évitait la formation d’un fantôme.
Nous avons partout sur le territoire suisse des lieux où la vierge noire rayonne et où des signes de la vouivre sont présentes – même dans la petite cité de Saint-Ursanne où d’étonnants signes dans le cloître indiquent probablement des énergies différentes et des polarités. Mais n’ai rien trouvé.
Je bénis ces compagnons, ces frères qu’on disait illettrés (refuser de lire et d’écrire, quelle meilleure preuve que c’était bien là les anciens initiés de la vieille religion ?) et qui surent maintenir les secrets des flux sacrés en les insérant dans la pierre et les signes.
Je ne savais même pas qu’il y avait une fête de la vierge le 8 décembre… mais toute la semaine, mes pas m’ont conduit volontairement ou involontairement sur les pas de la Déesse. Un besoin de silence, de solitude, de retrait… les lumières sont au jardin et dans la cheminée. Joie d’une soirée solitaire avec les chattes qui ont partagé ma soupe.
Autre rencontre récurrente de la semaine, ce foutu Krampus, le dieu cornu : « Il semble avoir peu de doute quant à sa véritable identité, car dans aucune autre représentation, on retrouve autant de Régalia du Dieu Cornu des Sorcières si bien préservé.
Le bouleau – abstention faite de sa signification phallique – peut avoir une relation avec les rites d’initiations de certains cercles wicca. Cela dans des rites avec des comportements d’attachement et de flagellations comme une forme rituelle de mise à mort.
Les chaînes ont pu être introduites dans une tentative de christianisation du rituel pour « lier le Diable » ou être une persistance d’un rituel payen quelconque » (source)
Il ressemble foutument au cornu du Trou de la Sot inscrit par le feu sur la paroi depuis des temps immémoriaux (mon appareil photo s’est enrayé en ce lieu… ben voyons ! quoi de plus normal ?) et le blason de la commune jurassienne de Mettembert toute proche.
Ce soir c’est lune noire… idéal pour une transe près du feu en cherchant la trace du Bélier dans les flammes qui dansent. Rama Rama hare Ram… a ram sam sam, a ram-sam-sam, gule, gule, ram-sam-sam.
Note de l’éditeur : Ludmilla Zahno a écrit ce beau texte en 2016. J’ai remis la main dessus tout au fond d’un tiroir, et je me suis dit qu’il méritait beaucoup mieux que les toiles d’araignées et les copeaux de taille-crayon. Alors je l’ai publié pour que chacun en fasse son miel. Savez-vous qu’il y a beaucoup de merveilles (presque) ignorées en Suisse, et j’aimerais beaucoup que Ludmilla nous en raconte d’autres. J’écris ça au cas improbable où elle lirait ces lignes. La rubrique contact n’attend que son clic.