La Reine de Saba

 

Mille ans avant la venue du Christ Jésus, dans la corne de l’Afrique, le Royaume de Saba ne s’appelle pas encore l’Ethiopie. La sécheresse n’y sévit pas, au contraire. Ses princes ont alors de grandes richesses et des mœurs fastueuses. Balkis, fille unique du roi de Saba, coiffe la couronne du royaume à la mort de son père. Voici son histoire.

 

Je suis noire
et pourtant je suis belle 
ô filles de Jérusalem
comme les tentes de Kédar
comme les pavillons de Salomon.
Ne prenez pas garde à mon teint noir :
C’est le soleil qui m’a brûlée.

La jeune reine ne déroge pas à cette tradition. Grandes sont ses richesses, et le luxe de son palais impressionne ses vassaux et ses visiteurs de marque. Balkis est indépendante et libre de cœur et d’esprit. Au nord, un souverain exceptionnel, le roi Salomon, la fascine. Balkis admire la puissance et la magie du grand roi, mais elle est surtout curieuse d’éprouver sa légendaire sagesse. Aussi décide-t-elle de lui rendre visite.

Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt,
tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes.
J’ai désiré m’asseoir à son ombre,
et son fruit est doux à mon palais.

Il m’a fait entrer dans la maison du vin ;
et la bannière qu’il déploie sur moi, c’est l’amour.

 Elle va donc à Jérusalem pour lui soumettre quelques énigmes. Le voyage s’effectue « dans un grand faste, avec des chameaux chargés d’épices, de beaucoup d’or et de pierres précieuses » (source)Bible, 1 Rois 10,1-13  Se doute-t-elle que son destin se joue dans ce voyage?

Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe,
qui repose entre mes seins.
 

Mon bien-aimé est pour moi une grappe de troène
des vignes d’En-Guédi. 

Balkis s’est bien préparée. Elle propose au roi les énigmes les plus difficiles. Salomon les résout avec une promptitude et une intelligence qui séduit la reine de Saba.

Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins,
fortifiez-moi avec des pommes ;
car je suis malade d’amour. 

Salomon s’éprend d’elle à l’instant même et lui propose de devenir sa femme. Balkis refuse, car Salomon en a déjà plusieurs.

Il y a soixante reines, quatre-vingts concubines,
et des jeunes filles sans nombre.
Une seule est ma colombe, ma parfaite ;
Les jeunes filles la voient, et la disent heureuse ;
les reines et les concubines aussi, et elles la louent.
 

Qui est celle qui apparaît comme l’aurore,
belle comme la lune, pure comme le soleil,
mais terrible comme des troupes sous leurs bannières ?

 

 

Le roi compose alors un poème voluptueux et magique, sans doute la plus belle des déclarations d’amour. Ce diamant de la Bible, c’est le Cantique des Cantiques, dont sont tirées les citations de cet article.

Je suis le narcisse de Saron,
le lis dans la vallée.

Comme un lis au milieu des épines,
telle est mon amie parmi les jeunes filles.

Salomon la met au défi de ne rien absorber tant qu’elle sera dans l’enceinte du palais. Si elle trahit cette promesse, il pourrait alors lui demander une faveur. Balkis promet.

Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince !
Les contours de ta hanche sont comme des colliers,
œuvre des mains d’un artiste.

Mais un soir qu’elle revenait d’un banquet où la nourriture épicée lui avait donné grand soif, elle se désaltéra dans un filet d’eau claire, détourné tout exprès d’une colline voisine pour les fontaines du palais royal. Elle ne savait pas que Salomon l’observait à la dérobée.

Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes.
Que tu es beau, mon bien-aimé, que tu es aimable ! La verdure est notre couche.

Il se démasque et lui demande d’accéder à son vœu, qui est de partager sa couche. Il semble que Balkis soit ravie d’avoir perdu, car elle va demeurer près de lui pendant six mois, avant de rentrer s’occuper des affaires de Saba, son royaume qui est resté à la charge de ses ministres.

Que tu es belle, que tu es agréable,
ô mon amour, au milieu des délices !
Ta taille ressemble au palmier,
et tes seins à des grappes. 

Je me dis : Je monterai sur le palmier,
j’en saisirai les fruits !

 

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Au moment du départ, Salomon donne à la reine un anneau sur lequel est gravé le Lion de Juda. « Prends-le afin de ne pas m’oublier et si jamais j’ai une descendance de ton sein que ce Lion en soit le signe. Si c’est un garçon laisse-le venir à moi » lui dit-il.

Où est allé ton bien-aimé,
ô la plus belle des femmes ?
De quel côté ton bien-aimé s’est-il dirigé ?

De retour en son royaume, la reine mit au monde un fils qu’elle appela  Ménélik. Ainsi se réalisa la trinité d’amour sacré.  Mais la suite de l’histoire est plus étonnante encore…

 

Nous sommes tous des visiteurs de ce temps, de ce lieu. Nous ne faisons que les traverser. Notre but ici est d’observer, d’apprendre, de grandir, d’aimer… Après quoi nous rentrons à la maison.
Sagesse aborigène