Lugh était un géant de plusieurs mètres de haut. On l’appelait le Resplendissant car sa peau et son aura émettaient une forte lumière. Comme tous les cyclopes, il possédait un troisième œil au milieu du front capable de lancer des rayons mortels ou bénéfiques. Il pouvait à volonté tuer ses ennemis, guérir ou éveiller ses fidèles.
Le père de Lughou Lug est Cian des Tuatha Dé Danaan, et sa mère est Ethniu, fille de Balor, des Fomoires. Leur union fut une fondation dynastique qui a scellé l’alliance des Tuatha et des Fomoires – et l’avènement de la Deuxième Atlantide.
Puis Lugh est devenu le dieu principal des Celtes qui ont pris, plusieurs millénaires après lui, la relève des Tuatha en terre occidentale. Le récit de sa vie mèle, comme souvent, les allégories du mythe à une réalité exaltante.
En âge de se battre, Lugh se rend à Tara, la cour du roi Nuada des Tuatha Dé Danaan. Alors qu’il se présente à la résidence du roi, le portier lui refuse l’accès. Lugh affirme qu’il peut être utile comme maître charpentier, forgeron, échanson, champion, magicien, harpiste, poète et historien. Mais on lui répond chaque fois par la négative ; tous ces talents sont déjà présents à la cour. Finalement c’est en qualité de joueur d’échecs qu’il est accepté.
Il dispute une partie énorme avec le roi qu’il bat. Cette partie est purement symbolique puisqu’il s’agit d’une joute intellectuelle à l’issue de laquelle Lugh prend le pouvoir.
Nuada confie à Lugh le commandement de l’armée des Tuatha. On le retrouve combattant avec son fils Cúchulainn, lors de l’invasion de l’Ulster par la reine Medb.
Avec l’aide de ses armes magiques, Lugh mène les Tuatha Dé Danann à la deuxième bataille de Mag Tuireadh. Balor, le redoutable chef des Fomoires, a sur le front un œil magique, un troisième œil qui lance un rayon mortel sur ceux qu’il regarde.
Ce rayon fait des ravages dans les rangs des Tuatha, et leur roi, Nuada, n’échappe pas à la mort. Alors Lugh affronte Balor, qui darde sur lui son terrible regard.
Mais Lugh tire de sa fronde une pierre qui fait tourner l’œil derrière la tête de Balor.
Drôle de fronde. Il s’agit encore d’une de ces armes magiques qui sentent très fort la technologie d’une civilisation antérieure. Le rayon fou se met à détruire toute son armée derrière lui. Profitant du désarroi des Fomoires, Lugh tue Balor d’un jet de sa lance magique. Fronde aux pouvoirs stupéfiants, lance magique, oeil lance rayons, décidément cette mythologie adore la haute technologie des armes modernes. Il s’agit d’une civilisation beaucoup plus avancée que celle des Celtes qui la suivra. Les Tuatha comme les Fomoires sont les descendants des premiers Atlantes, ils ont su conserver des savoir-faire et des armes atlantes.
Après la victoire, Lugh trouve Bres, l’ancien roi des Tuatha Dé Danaan, qui était passé dans le camp des Fomoires. Seul et sans protection sur le champ de bataille, Bres supplie ses anciens sujets de lui laisser la vie sauve.
S’il est épargné, il veillera à ce que les vaches de l’Irlande donnent du lait en abondance. Les Tuatha Dé Danaan déclinent son offre, le lait qu’ils ont leur suffit bien. Il promet alors quatre récoltes par an, mais les Tuatha Dé Danaan lui répondent qu’une seule récolte leur convient tout à fait.
A la toute fin, Lugh épargne sa vie à la condition qu’il enseigne aux Tuatha Dé Danaan quand et comment labourer, semer et récolter.
Cette scène d’apparence banale permet de situer avec une relative précision l’époque à laquelle elle se déroule : on voit bien que les Tuatha ne connaissent pas encore toutes les finesses de l’agriculture et de l’élevage, alors que les Fomoires, eux, maîtrisent déjà ces techniques et peuvent ainsi les enseigner.
C’était il y a environ 9000 ans, quand l’agriculture et l’élevage ont fait leur apparition, d’abord en Egypte, puis à Sumer et enfin dans toute l’Europe.
Dans la mythologie grecque, on trouve un mythe qui traite des mêmes questions et doit donc se situer à la même époque, il s’agit du géant Hercule qui doit apprivoiser un boeuf et ramener des pommes d’or du jardin des Hespérides. Il me semble que ces travaux d’Hercule décrivent précisément cette période où les chasseurs-cueilleurs ont découvert l’agriculture et l’élevage. Et l’on comprend comment, petit à petit, des bagarreurs vagabondant de rixe en viol sont devenus de paisibles fermiers sédentaires. Lugh comme Hercule nous racontent la domestication de notre espèce.
Ou comment les héros fatigués ont rendu les armes, comment ils se sont laissé passer la corde au cou, comment ils sont devenus des travailleurs disciplinés.
Et les vastes landes incultes de la Terre du Milieu – chère à Tolkien – s’émaillèrent de labours. Partout les essarts ont fait reculer la forêt primaire. La civilisation passe toujours par la domestication de la nature, qui va de pair avec celle de l’homme.
On connait surtout les Tuatha pour leurs exploits guerriers, on ignore qu’ils sont en fait le premier peuple d’agriculteurs et d’éleveurs d’Europe… bien avant les Sumériens. Malheureusement on ne peut retrouver trace de cette primo-agriculture car les terres des Tuatha sont au fond de la Mer du Nord.
La grande île des Quatre Maîtres est aujourd’hui visible sur les cartes marines sous l’appellation Dogger Bank. C’est un vaste plateau rocheux qui correspond peut-être aux hautes terres de Thulé.
C’est là qu’a prospéré la Nouvelle Atlantide — ou encore Hyperborée.