« Le monde de la science est à la base de notre matérialisme. Il nous a aidé à nous procurer du confort. La question est de savoir si ce confort nous sert à quelque chose. Mais par ailleurs le monde scientifique s’est comporté pour nous comme une véritable malédiction.
Il s’est surnommé le progrès, et il nous a communiqué l’impression fausse que nous progressons, alors qu’au contraire nous sommes en pleine régression. » (source)Arthur Conan Doyle, Au Pays des Brumes, 1926
Fortes paroles, et qui prêtent à conséquence. Tandis qu’on s’émeut de la voie de garage que semble emprunter la science, et plus précisément les sciences humaines, d’autres n’hésitent pas à faire à la science un procès plus radical encore.
Ce qui est ici remis en question, ce n’est plus la mauvaise pratique, c’est le fondement même de la science : le progrès scientifique et technologique. Et cette critique fondamentale ne date pas d’hier, comme en témoigne le texte qui suit, écrit il y a un siècle.
« La science a fait l’impasse sur le véritable objet de notre existence. Nous n’avons pas été créés sur cette planète pour faire une moyenne de 80 km/h en voiture sur les routes, ni pour traverser l’Atlantique en avion, ni pour communiquer avec ou sans fil. Ce sont là de simples accompagnements de la vie, de la décoration… Mais les savants nous ont tellement focalisés sur ces détails que nous avons oublié notre but essentiel.
Ce qui compte, ce n’est pas la vitesse du voyage, c’est son but. Ce n’est pas la façon dont vous expédiez un message, c’est son contenu. Avec ce pseudo progrès, nous nous imaginons à tort que nous faisons notre travail terrestre. Mais c’est faux. Notre véritable mission est de nous préparer à la phase suivante de la vie.
Cette mission doit être mentale et spirituelle, or nous les négligeons autant l’une que l’autre. Nous sommes au monde pour devenir plus tard meilleurs, moins égoïstes, plus larges d’esprit, plus cultivés, moins sectaires. La terre est une fabrique d’âmes, et elle produit un article de médiocre qualité. » (source)Arthur Conan Doyle, Au Pays des Brumes, 1926
L’auteur de ce texte d’une inspiration élevé est surtout connu pour ses romans policiers, les aventures de Sherlock Holmes. Conan Doyle a pourtant écrit d’autres romans aux sujets plus profonds, que je range sans hésiter dans la catégorie des contes initiatiques: notamment Le monde perdu, La ceinture empoisonnée, Au pays des brumes, dont je ne saurais trop recommander la lecture.
Bien sûr, certaine façon de voir les choses, certains concepts, certaines tournures de phrase pourront sembler démodés. Dans le fond, pourtant, rien n’a changé depuis lors : au contraire, tout s’est aggravé. tandis que la famine, les inondations, la pollution, les épidémies et le stress hydrique frappent le reste du monde, la quête du confort atteint un paroxysme ridicule dans quelques pays développés.
Vu son coût aussi abyssal que son inutilité, cette nouvelle quête du Graal se trouve de fait réservée aux dieux merdeux du moment, cette fausse élite aseptisée, chirurgisée, télévisée – on a les élites qu’on mérite.
Le confort, c’est quoi ? Tu ne sais pas où tu vas, tu ne sais pas où ta vie mène, quelle importance, tant que tu as les fesses à l’aise sur la bonne chaise, le cul béat sur le bon sofa. Était-on moins heureux quand on posait nos séants vivants sur des pierres rondes, dans la clairière d’une chênaie ?
Le confort était moins grand, c’est sûr. Il y avait des courants d’air, pas de doute là-dessus. Mais comme dit Castaneda, à ce moment-là, ce n’était pas le vent qui soufflait dans la chênaie. Juste le pouvoir.
Conan Doyle fustige le confort du début du 20e siècle, qu’aurait-il pensé des palaces où s’ébattent des milliardaires gerbants ? Le règne de la quantité a partout remplacé la quête de la qualité, qui seule s’emporte avec soi dans l’autre monde.
Chacun est le fruit de ses oeuvres. Nous sommes ce que nous faisons, mes chers amis. Et non pas ce que nous croyons. Encore moins ce que nous dépensons. Philosopher c’est apprendre à mourir, répètent à l’envi les philosophes classiques. Insuffisant et sectaire, selon moi. Vivre, c’est apprendre à mourir.
Qu’emporte-t-on avec soi dans la mort ? Ce que nous avons fait de nous-mêmes, les progrès intérieurs que nous avons accomplis, la bonté et la justesse dont nous avons fait preuve, voilà les clés du royaume, si royaume il y a.
À ceux qui croient, comme Woody Allen, qu’il n’y pas de vie après la mort, je répondrai comme lui : « Emportez tout de même un sandwich. » Parce que l’éternité c’est long. Surtout vers la fin.
Qui a creusé ces galeries et ces villes souterraines, et pourquoi tout ce travail ?
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En 1312, l'empereur du Mali regagne l'Amérique, le continent de ses lointains ancêtres.
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Leur mouvement permet la vie, leur ouverture permet la clarté, leur vigueur permet l'éveil.