La spirale d’or

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Hélice des galaxies, de l’ADN, des coquillages, et des toiles de Van Gogh ou de Léonard de Vinci. Fusée d’énergie, mouvement d’incarnation,  ressort et rebond, la spirale est sacrée, vitale, spontanée. Elle est à l’origine de la vie, à l’origine du cosmos, elle sous-tend l’univers.

 

 De tout temps, la spirale a été utilisée par l’homme pour symboliser de multiples choses : l’accomplissement, l’élan vital, l’ordre cosmique, le cycle des saisons et divers autres cycles, miroirs de sa racine sacrée. La spirale du jeu de l’oie, ou celle des labyrinthes médiévaux nous rappelle l’importance de vivre dans notre corps les effets bénéfiques de la spirale vitale.

Il s’agit ni plus ni moins d’un yoga occidental. Ondule en rythme, danse en flamme, la spirale est vivante, vivifiante, vitale. La danse-spirale est une passe magique, une expérience ineffable qui vise à réveiller l’esprit, donc à guérir le corps, ce corps si mal aimé, ce corps qui sait, et que nous ne savons pas toujours écouter. Vivre dans son corps la marche en spirale vers l’oeil du labyrinthe, le point vibratoire de l’éveil, c’est un fabuleux moyen d’entrer dans la lumière blanche, pour un séjour plus ou moins court… pour une belle tranche d’éternité…

Est-ce la raison pour laquelle, dans les agroglyphes ou crop-circles, la spirale est omniprésente ? Les mauvaises langues, qui ne croient pas à la magie des cropies, diront que la spirale est facile à obtenir à l’aide d’une corde attachée à un piquet. Tant pis pour eux ! 

 

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Et notre bonne vieille Terre, quelle figure décrit-elle dans l’espace ? Nous savons qu’elle parcourt une ellipse autour du soleil. Mais le soleil se déplace lui aussi. Donc la figure que notre planète trace dans l’espace est une spirale ou hélice simple. D’ailleurs, dans sa marche autour du noyau de la Voie Lactée, le soleil décrit lui aussi une spirale.

 

Comme tous les corps célestes, à vrai dire…

A première vue, la double hélice semble une figure bien plus complexe, plus élaborée. Un groupe de physiciens vient de découvrir le contraire.

En fait, la double hélice serait une forme spontanée. Voilà pourquoi on retrouve cette forme dans toutes les organisations du vivant :

« En simulant de minuscules grains dans des plasmas, des chercheurs ont eu la surprise de les voir s’organiser en double hélice… comme la molécule d’ADN ! » L’un des chercheurs, Gregor Morfill, considère ce résultat comme solide.

« Ce que notre simulation montre, c’est que l’hélice, si importante dans le cas de l’ADN, semble être une structure générique stable qui se forme spontanément dans un système contrôlée par des forces électro-statiques ». (source)Science et Vie n°1085, février 2008

D’ailleurs, la double hélice a été observée dans l’espace, à une échelle astronomique : ainsi en mars 2006, des astronomes de l’université de Californie ont mis au jour, à l’aide du télescope spatial Spitzer, une nébuleuse en double hélice s’étalant sur 80 années-lumière. (source)

Une telle image ouvre en grand les volets du cœur-mémoire. De la lumière nous sommes issus, à la lumière nous retournons. Souvenirs d’escapades inter-galactiques à tirer les comètes par la queue pour en faire des bouquets d’étoiles.

L’espace n’est pas vide et nu, il est accueillant, peuplé, chaleureux, splendide. Spectacle sidéral d’une majesté barbare, à l’aube d’un monde gazeux, minéral, instable et désopilant. Se souvenir. Nous avons chevauché les atomes…

Lumière, nous avons brillé dans les ténèbres. Esprit, nous avons tutoyé l’abîme des origines, le big bang s’est enclenché sous nos yeux ravis… Et tout le big bazar a pris la forme de spirales. Hélice des galaxies, double hélice de l’ADN, spirale des coquillages…

 

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Forme spontanée, orbe sacré, la spirale est une figure essentielle de la vie. A ce titre, elle est au coeur de l’imagerie médiévale. Sur cette photo, on voit la célèbre spirale ornant la robe du Christ en majesté de la basilique de Vézelay. La tradition templière prête à cette spirale un effet très puissant.

Fixez la spirale, l’esprit vide, sans vous crispez ni ressentir la moindre attente. Restez flottant, fixez la spirale, entrez dans la pierre, dans la mémoire du compagnon sculpteur, dans celle des bâtisseurs de basiliques et d’églises romanes, entrez dans le corps du Christ en majesté.

En règle générale, de tels exercices se font mieux sur place que sur photo, à ceci près que la position du Christ, tout en haut du narthex, empêche une claire vision de la spirale.

La tradition ésotérique parle de spirale d’incarnation. C’est le mouvement que fait l’âme quand elle s’incarne. Quand la Bible nous dit « Le verbe s’est fait chair », elle omet de préciser que le verbe est descendu dans la matière selon une courbe spiralée.

On retrouve la spirale dans la pensée philosophique, de Léonard de Vinci à Teilhard de Chardin. Tentant de concilier l’antique vision cyclique du temps et la vision actuelle du temps linéaire, Teilhard a une vision tout à fait pertinente.

Il pense que l’humanité évolue le long d’une spirale : au fil des siècles, nous repassons dans les mêmes zones de vie, mais à la spire suivante. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les hommes sans mémoire recommencent sans fin les mêmes découvertes, les mêmes erreurs, les mêmes records.

Pourtant, l’identité n’est jamais totale. Une couleur suffit à changer le tableau, chaque âge a ses couleurs et ses senteurs. L’histoire se répète, mais pas à l’identique.

Elle suit les couleurs du temps

Belle métaphore de l’évolution, sous la plume d’un penseur qui voyait le vivant partout, sentant déjà « rougeoyer la vie » au coeur du minéral.

La thèse teilhardienne se présente comme un compromis entre le temps cyclique des anciens, où tout se répète à l’identique, et la vision moderne du temps, strictement linéaire.

La spirale est aussi un sujet majeur pour les sciences et les arts. Les généticiens connaissent la double hélice de l’ADN, qui contient tout le patrimoine génétique des êtres vivants.

Les astrophysiciens connaissent les galaxies en spirales, comme la nôtre, la Voie Lactée. Les architectes savent que la fameuse proportion d’or est donnée par une spirale.

C’est aussi par la géométrie que l’on dérive la spirale d’or du nombre d’or.

 

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En effet, la spirale d’or est construite à partir d’un grand rectangle d’or. On retire le grand carré au grand rectangle d’or et on obtient un petit rectangle d’or. Ensuite, on retire le petit carré au petit rectangle d’or et on obtient un rectangle d’or plus petit. On réitère l’opération indéfiniment, parce que la longueur et la largeur d’un rectangle d’or sont incommensurables : on ne peut pas mesurer l’une en prenant l’autre pour unité

La spirale obtenue est une spirale équi-angulaire qui se rencontre beaucoup dans la nature : tournesols, pommes de pins, coquillages, disposition des feuilles, des pétales, des graines etc. Cette spire simple et sublime est l’alpha et l’omega de ce monde. Forme spontanée, elle est à la source de la vie dans l ‘ADN, à la source du cosmos dans les galaxies. Orbe sacrée, elle remplit une fonction centrale dans la spiritualité. Et peut-être faut-il y voir la clé des dimensions supérieures, qui nous sont encore inaccessibles.

Deux hommes regardaient par les barreaux de leur prison. L’un vit la boue, l’autre les étoiles. (Idries Shah)

 

Mais la vraie puissance de la spirale se ressent dans le corps, le coeur et l’Esprit. Qu’éprouve-t-on quand on marche en spirale ? Une légère griserie dûe au vertige.

Mais si le parcours en spirale est sur un point fort, l’effet sera amplifié. Parcourir le labyrinthe de ChartresIl marcherait toujours si on pouvait encore y accéder. Hélas, de stupides chaises dissimulent à présent cette merveille. Sauf le 15 août. Qu’on se le dise ! était jadis un excellent moyen de stopper le monde.

C’est pourquoi les pénitents parcouraient les labyrinthes sacrés sur les Chemins de Compostelle. A défaut de pèlerinage, un tour de labyrinthe ôtait les péchés et purifiait les esprits.

 

   

Tout ce qui est pur est imbuvable.
Paul Claudel