Les contes de fées sont familiers, mais qui les connaît pour ce qu’ils sont ? Destinés aux enfants, ils enchantent aussi les grands. Faussement naïfs, leur intériorité est profonde.
Perrault, les frères Grimm, Andersen les ont recueillis et fixés par écrit. Mais ils remontent à une très lointaine antiquité que toutes les grand-mères savent conter par coeur.
Si les contes étaient de petites choses sans importance, auraient-ils franchi la barrière du temps ?
Certains mythes ont été écrits jadis, ce sont les textes fondateurs des cultures anciennes, les livres sacrés des différentes religions ; il y sera fait souvent référence ici. D’autres mythes se sont transmis sous la forme de contes ou de comptines.
Loin d’être anodines, ces histoires font partie de notre précieux héritage. Sous leurs faux airs de rengaines, qu’on se souvienne qu’elles sont très anciennes. Si antiques qu’elles méritent à chaque époque une restauration soigneuse, à laquelle des lignées de conteurs et de conteuses se sont inlassablement consacrées.
Issus d’antiques traditions initiatiques, les contes de fées décrivent des réalités intérieures qui ne peuvent se transmettre autrement.
Tous les contes sont des merveilles de double lecture, avec un contenu initiatique aussi puissant que celui du Tarot. Qu’ils parlent de fées, de géants ou de démons, ils parlent toujours de nous.
Ame naïve qui câline le conte à rebours. Que du puits sorte la vérité déguisée par le mythe ! Ici, la méthode comparative fait merveille.
« Les érudits qui se consacrent à l’étude des folklores n’oublient jamais que ces récits doivent être interprétés. A leurs yeux, ces contes ne sont pas les produits ingénus et limpides de l’imagination des peuples, mais recouvrent un sens plus profond, quelque signification secrète. Les mythologies des peuples classiques, surtout des Grecs, font aussi partie du folklore, » (source)Immanuel Velikovsky, Mondes en collision, 1950. Trad. Jardin des Livres, 2003
Comme Eliade et jadis Platon, Velikovsky avait compris que les mythes et les contes sont de riches filons très exploitables par les historiens, qui pourtant les boudent encore. Ainsi les fameux Contes de la Mère l’Oye sont un enseignement initiatique à l’attention des enfants. Traduits en langue des Oisons, ils sont la mère-loi ou l‘amère loi que les enfants devront suivre. Mis sous forme imagée, ces récits fonctionnent sur plusieurs niveaux, dont certains au-delà de la pensée logique, tout comme les histoires soufies. Ces diverses informations sont contenues dans la structure du conte, mais aussi dans les accidents du récit.
Dans le conte, c’est l’éveil qui est dans les détails. Voyons la structure du récit : ce chevalier part à la recherche de la belle princesse qu’il n’a jamais vue, ou juste entr’aperçue, et dont la beauté l’a saisi.
Quand il la trouve enfin, elle est au sommet d’une tour, confiée à la garde d’un dragon redoutable. Pour délivrer la belle, le chevalier doit tuer le dragon. Ou le mettre en fuite. Chaque élément du conte renvoie à une réalité concrète ou subtile, et l’ensemble servira de guide au chercheur de vérité.
L’initié peut y voir une métaphore de l’éveil. La tour, dans le Tarot initiatique, c’est la personne physique, ou plutôt le Moi. Le chevalier doit délivrer la beauté intérieure prisonnière dans le Moi, comme l’indique l’arcane XVI, La Maison-Dieu.
Pour y parvenir, le chevalier doit affronter le gardien du Seuil, ce redoutable dragon qui veille au pied du Moi. La princesse libérée figure la montée de la kundalini qui entraîne l’effusion de l’éveil. L’enfant, bien entendu, ne perçoit pas ces données. Mais il les reçoit. Il a bien l’information, mais il n’a pas le code de décryptage…
C’est tout l’intérêt de l’affaire. L’enfant, en toute innocence, va s’identifier avec le chevalier ou la princesse, voire avec le dragon s’il est anticonformiste. Mais pas avec la tour. Le message secret ne sera décodé qu’avec le temps, exactement selon le processus des histoires-enseignements des Soufis.
Et c’est nécessaire. Imaginons un instant que cette histoire d’éveil de la beauté intérieure soit explicite. Quel enfant s’en soucierait ?
Cette question n’est pas de leur âge, mais si on ne leur enseigne pas dès l’enfance, quand le temps viendra, comment seront-ils prêts ? Ainsi, à leur insu, les enfants apprenaient par les contes les ressorts secrets qui leur permettraient, le moment venu, de faire face aux épreuves de la vie.
Tous les pays qui n’ont plus de légende seront condamnés à mourir de froid.
Tous les contes ont leur message secret : le Chat Botté peut parcourir des kilomètres à chaque pas, les bottes magiques qu’il a volé à l’ogre n’y sont pour rien, bien entendu. La vérité cachée ici, c’est que les chats sont magiques, capables de prouesses d’un autre monde, et il est bon que les enfants le sachent.
La Belle au Bois Dormant est l’image de l’esprit endormi qui attend que l’amour l’éveille : c’est exactement ce qui arrive lors du premier amour comme nous l’enseigne l’arcane VI L’Amoureux du vénérable Tarot dit de Marseille.
Barbe Bleue et ses sept femmes racontent l’ouverture des sept chakras qui permettent l’éveil, ce qui dans le Tarot correspond à l’arcane XV Le Diable.
Blanche Neige et les Sept Nains reprend les deux contes précédents : elle incarne d’abord l’éveil qui permet ensuite l’ouverture des sept chakras.
La Princesse au Petit Pois peut sentir un petit pois à travers l’épaisseur de sept matelas tant sa peau est fragile ; ce récit nous enseigne que l’être éveillé, en pleine possession de ses sens subtils, peut percevoir très finement les plus petits objets à travers les sept corps subtils qui constituent notre enveloppe astrale.
Nous sommes des merveilles qui s’ignorent, voilà pourquoi les contes font partie intégrante de notre éducation : ils existent dans toutes les cultures dont ils constituent la base sacrée.
Sur les ailes des fées les enfants construisent leur imaginaire, leur compréhension du monde, leur intériorité. Les contes offrent un matériau de choix dans l’étude de nous-mêmes, de nos origines et de notre destin véritable. Aussi les contes de fées figurent-ils en bonne place parmi mes sources, comme les koan zen ou les contes soufis, comme les chansons ou les bandes dessinées.
Tous les conteurs sont des instructeurs, tous les contes sont vrais pour la tierce oreille, car tout ce qu’on peut imaginer existe bel et bien.
A demain les enfants
Chaque vie est un conte de fées écrit par la main de Dieu.