Dès le paléolithique, les hommes ont dessiné spirales et dédales dans un but bien défini qui restait encore à découvrir. Peu de pays, peu de peuples échappent à ce rite. Dans quel but ? Ainsi commence une passionnante enquête.
Labyrinthes ou dédales gravés fleurissent de la Scandinavie jusqu’au Japon, de la Sibérie jusqu’au Maghreb, de l’Amérique latine jusqu’en Afrique du Sud, du Tibet jusqu’en Nouvelle Zélande.
Avant de s’y engager, voici un fil d’Ariane : Geoffrey Russel a vécu 25 ans au Sri Lanka. Une nuit, il rêva d’un labyrinthe avec une telle insistance qu’il se réveilla tout en sueur. Encore à moitié endormi, il prit une feuille de papier et traça rapidement la forme étrange qui avait envahi son esprit. Puis il oublia le croquis dans un tiroir. En 1962, sa femme a écrit un ouvrage sur la vie campagnarde anglaise. Feuilletant le livre qui venait d’arriver de chez l’éditeur, Geoffrey Russel y voit une illustration qui lui rappelle quelque chose dont il n’arrive pas à se souvenir. Il s’agit du tracé d’un labyrinthe gravé sur une roche de Tintagel, en Cornouailles.
Soudain, il repense à son aventure. Fouillant dans les archives qu’il a rapportées de Sri Lanka, il retrouve le dessin esquissé après son rêve… Il est identique au dédale de Tintagel.
Dès lors, sa vocation est née : Russel a consacré sa vie aux dédales gravés sur les mégalithes et aux labyrinthes dallés sur le sol des églises romanes.
Ses conclusions sont parfaitement claires : « Le voyage à travers un de ces labyrinthes est une régénération de l’âme. Ces tracés sinueux sont les étapes d’une longue initiation.
Je crois même qu’il est dangereux d’aller directement au centre de ces labyrinthes sans en avoir au préalable franchi les étapes initiatiques », écrira-t-il. Dangereux, vraiment ?
Les dédales tirent leur nom du père d’Icare, qui traça le labyrinthe du Minotaure.
Quant aux labyrinthes, ils tirent leur nom de Lope Rohounit, un temple égyptien qui en possédait un que les profanes devaient franchir avant leur initiation.
Après les croisades, la plupart des églises en possèdent, matérialisés sur le sol par des dalles de couleurs différentes. On les nomment « chemins de Jérusalem« .
Il s’en trouve encore à Chartres, Reims, Amiens, Bayeux, Sens, Auxerre, Poitiers, Guingamp et Saint-Quentin. Mais de quelle nature peuvent être les dangers évoqués par Russel ? Dans certains cas, la réponse est nette : il s’agit de courants telluriques amplifiés par les mouvements que fait le corps pour suivre ceux du labyrinthe. C’est l’avis du chercheur Louis Charpentier, qui a passé sa vie à tenter de percer « les secrets qu’au cours de son histoire la terre a légués à la curiosité des hommes ». Il écrit : « Tout corps en mouvement dans un champ magnétique acquiert des propriétés particulières.
On produit ainsi l’électricité, en faisant tourner un rotor dans un champ magnétique. Le fer doux s’y aimante. Faire tourner un homme dans un champ, de façon déterminée, provoque chez lui des effets déterminés. On sait aussi que le corps humain, plongé dans ces champs, par exemple dans les spires d’un solénoïde parcouru par un courant électrique, et ainsi plongé au sein d’un courant magnétique violent, en subit une influence qui agit profondément sur son corps (fièvres provoquées). Pour les gens simples qui ne pouvaient faire le pèlerinage de Jérusalem ni celui de Compostelle, parcourir le labyrinthe, ce ‘chemin de Jérusalem’ c’était un peu la même chose.
Sans doute avaient-ils raison. L’important était de parcourir tout ce labyrinthe. Et encore fallait-il le faire sans chaussures ; non par pénitence mais pour que les pieds fussent en contact direct avec les pierres polarisées, accumulateur des vertus du courant. » (source)Louis Charpentier, Les mystères de la cathédrale de Chartres.
Oui. Dansons pieds nus sur la terre sacrée. « Ote la chaussure de tes pieds, dit l’Ecriture, car le lieu où tu te trouves est sacré. » Notez qu’on se déchausse dans les mosquées. Et les gitans dansent pieds nus sur la terre. » (source)Louis Charpentier, Les mystères de la cathédrale de Chartres.
Cette marche rituelle s’effectuait lors des fêtes religieuses, au printemps lors des « rondes de Pâques » conduites par l’évêque, mais aussi au mois de mai et le 15 août, pour les fêtes de la vierge, qui tombent, comme par hasard, aux époques des grandes pulsations du courant tellurique.
C’est ainsi que la nouvelle religion a mis ses pas dans les pas de la vieille, celle de la terre-mère, la vieille religion des druides. Le moyen-âge a marié la foi chrétienne aux pratiques de la vieille religion.
Mais le christianisme a tout fait pour diaboliser les anciens usages, comme l’art de rêver, la magie, la guérison, la divination, et autres pratiques qualifiées désormais de sorcellerie et punies du bûcher.
Dans la profondeur têtue des campagnes d’Europe, aucune religion nouvelle ou non n’a pu faire oublier les pratiques ancestrales et les rituels magiques que la nouvelle science a regroupé sous le nom de géobiologie. De même, en Chine, les idéologies nouvelles n’ont pas déraciné les ancestrales pratiques géobiologiques, connues sous le nom de Feng Shui.
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