J’ai déjà évoqué nos différents pouvoirs extrasensoriels. Je voudrais revenir ici sur l’un d’entre eux, la perception immédiate ou directe, c’est à dire non médiatisée, sans intermédiaire. Ces pouvoirs cachés nous appartiennent à tous ; si tu y tiens, ils sont les tiens. Apprends à reconnaître les sens subtils dont les germes sont en toi et que tu peux développer.
« Je me souviens d’une conversation avec trois derviches au Moyen-Orient. Avaient-ils jamais été abordés par des chercheurs occidentaux ? « Nous en avons rencontrés beaucoup », me dirent-ils. Étaient-ils parvenus à leur enseigner quoi que ce soit ? « Voici comment les choses se passent, expliqua l’un d’eux. Ils viennent nous voir et disent : « instruisez-nous », et nous entreprenons d’essayer : nous restons assis en face d’eux, ou bien nous les laissons seuls et nous nous retirons pour communiquer par perception directe. »
Que se passait-il ensuite ? « C’est toujours pareil, répondirent-ils. Après deux ou trois jours, ils se remettent en route, se plaignant que nous n’avons pas fait ce que nous avions dit que nous ferions. » (source)Idries Shah, Apprendre à apprendre, Le courrier du livre, p.120
L’étudiant doit comprendre que ses a-priori sur l’enseignement subtil ne sont pas nécessairement la réalité de cet enseignement. Il ne peut pas trouver l’amande au cœur du noyau, parce qu’on lui a appris que les noyaux ne sont pas comestibles.
Nos préjugés nous empêchent souvent de recevoir le véritable enseignement tel qu’il est, sans chercher à le comprendre ou à en saisir le sens. Ce qui s’adresse au mental est certes utile, mais aussi constitue une réelle barrière entre l’apprenant et la réalité qu’il cherche.
La recherche de la connaissance doit être abordée sans a-priori ni préjugé, sans pensée ni presque sans parole, sans méfiance, sans hâte. Elle ne vient pas plus vite aux impatients. Elle ne pénètre le cœur que s’il est ouvert.
Bien des chercheurs viennent chez moi. Beaucoup ne savent pas pourquoi. Aucun ne vient par hasard. Quelques-uns savent ce qu’ils cherchent, et qu’ils le trouveront ici. Avec ceux-là, quoi qu’il se passe, pas de problème. Ils sont prêts à tout.
Le hasard n’existe pas. Tout ce qui arrive est voulu.
Dès le premier contact, eux comme moi savent que nous nous connaissons de longue date. Et les journées passent comme des heures, et les heures défilent, ou au contraire le temps s’arrête, et dans cet espace immobile ils s’inventent un passé qui leur convient mieux. Efface ton histoire personnelle, conseille le nagual Juan Matus à l’apprenti sorcier Carlos Castaneda. Ils s’y emploient, je les aime pour ça.
Avec eux, la perception immédiate est de rigueur. Nous échangeons des paroles, des idées exprimées à haute et claire voix. Mais l’essentiel se passe en silence. L’échange le plus intense est de conscience à conscience. Communication non sensorielle, télépathie, perception directe, immédiateté, tout est facile, évident, parfait.
Avec les autres, il n’en va pas de même. Leur seule façon de communiquer est la parole. Ils n’entendent rien dans le silence, et ne voient rien dans le noir. Ou plutôt, c’est ce qu’ils croient.
Chez ceux-là, croyez-vous que toute sensitivité soit absente ? Pas du tout. Ils sont parfaitement capables de discerner les sensations les plus fines. Ils ne voient pas les auras, mais je peux voir dans la leur qu’ils ont tout à fait cette possibilité. D’ailleurs ils admettent volontiers que s’ils ne les voient pas, ils les savent. Ce qui revient au même, en fait.
Alors pourquoi ne voient-ils pas ce qui leur crève les yeux ? Tout simplement parce qu’ils ne s’en croient pas capables. Ils se dévalorisent parce qu’ils ne se font pas confiance. Ils n’utilisent pas les pouvoirs qui sont les leurs parce qu’ils n’admettent pas en avoir. Combien d’êtres doués restent en dessous de leurs possibilité juste parce qu’ils sont leur pire ennemi !
Parfois, rarement, quelqu’un s’égare et vient par erreur. Il ne comprend rien à ce qui se passe, se sent dépassé par les événements, voit des intentions où il n’y en a pas et ne voit pas celles qui sont évidentes. Il n’a pas la moindre idée de ce qui est fait pour lui, parce que ce qui lui conviendrait n’est pas à sa portée.
Pourquoi est-il venu ? Il a entendu un appel issu de ses tréfonds. Jamais ça ne lui était arrivé. Quelque chose a basculé dans la vision du monde et de sa propre existence. Comme un grand vide soudain. Il a aussitôt éprouvé le besoin d’expliquer, de comprendre, de classer le phénomène avec une fiche signalétique. Mais ça ne marche pas comme ça.
Quand il s’est retrouvé au milieu de Vénusiens télépathes, il s’est fermé comme une huître. Peu à peu, tout de même, il est sorti de sa coquille et une conversation a pu s’établir. Résultat, il est parti. Mais je sais qu’il reviendra. C’était simplement un peu trop tôt pour lui, mais l’immersion chez les fous sacrés ne peut que booster son évolution.
Ces exemples montrent plusieurs faits. Nous nous connaissons fort mal. Nous sommes guidés par une force non mentale, c’est pourquoi notre cerveau n’y comprend rien. Cette force est captée par l’aura et transmise au corps physique non par le cerveau mais par les neurones du colon, qui est le véritable pilote de nos destinées. Le pouvoir du ventre est méconnu des gens instruits, mais la sagesse populaire ne cesse de s’y référer.
On ne peut pas travailler à un niveau supérieur avec les concepts, le langage et les expériences d’un niveau inférieur. (source)Idries Shah, Apprendre à apprendre, Le courrier du livre, p. 159 Chaque palier a son langage. On doit apprendre la langue avant de pouvoir bénéficier des acquits de chaque niveau.
Enfin et surtout, ces exemples illustrent parfaitement la réalité des trois niveaux de communication qui fonctionnent tout le temps, qu’on le veuille ou non, qu’on le sache ou pas. L’individu ordinaire n’en connaît qu’un, la communication médiatisée par l’écrit, la voix, le langage. L’observateur perçoit aussi le langage du corps, certains gestes éloquents, des tics, des mouvements imperceptibles, un frémissement des traits.
J’ai déjà parlé de notre nature triple. Il y a trois personnes en nous : le corps physique, le corps astral et l’aura. L’ego dominant, le petit moi et le Moi supérieur. Et ces trois personnes communiquent avec d’autres personnes, chacune à leur façon.
Ainsi quand je te parle, ton ego dominant m’écoute avec tout ton corps. Ton petit moi m’écoute avec ton intelligence. Et ton Moi supérieur dialogue de tout autre chose avec le mien. Cet échange entre Moi supérieur et Toi supérieur s’appelle la perception directe, ou la communication immédiate.
A tout instant, consciemment ou non, des échanges ont lieu sur ces trois niveaux. Ton premier travail est de l’admettre, alors tu pourras percevoir autre chose que les mots.
Le langage articulé s’adresse au mental. Il n’existe que dans le plan matériel. Les purs esprits n’usent pas de mots, ils échangent des images ou font de la musique. Ils préfèrent communiquer directement par la fusion.
De même, les amoureux communiquent intimement par la fusion des corps. En échangeant leurs énergies, ils pratiquent à la perfection cette fameuse communication immédiate. Faire l’amour, voilà la plus belle perception directe. Encore faut-il être conscient des trois niveaux de perception. Désir, le corps. Plaisir, le cœur. Fusion, l’esprit.
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