Les travaux de Shams Tabrizi

 
Il y a plus d’un joyau dans la sagesse soufie. On connaît Rumi dit Mevlana, et plus près de nous Idries Shah, on connaît peut-être moins Shams de Tabriz. Il fut le maître de Rumi qui a loué sa magnifique élévation. Ses paroles rapportées par son célèbre disciple sont autant de marqueurs précieux sur le chemin intérieur.
 

Comprendre

L’univers entier tient dans l’être humain. Le Diable n’est pas un monstre qui te guette, c’est une voix à l’intérieur. Recherche ton diable en toi, pas dans les autres.
Qui connaît son diable, connaît son Dieu. Ne l’oublie pas.
 
La joie est une pure eau claire ; là où elle coule, poussent des fleurs merveilleuses. Le chagrin est un noir déluge ; là où il coule, se fanent les fleurs.
 
Ce monde est comme une montagne. Ton écho dépend de toi. Si tu cries de bonnes choses, le monde te les renverra. Si tu cries de mauvaises choses, le monde te les renverra aussi. Si quelqu’un dit du mal de toi, dis du bien de lui. Change ton cœur, tu changeras le monde.
 
Rendre les armes n’est pas une faiblesse. Au contraire, c’est une force. Celui qui cède sort de l’eau bouillante. Il commence à vivre dans un endroit sûr.
 
« Suis-je prêt à changer ma vie, suis-je prêt à me changer ? » Il n’est jamais trop tard pour te le demander.  Ton âge ne compte pas, ton passé ne compte pas, il est toujours possible de renaître. Chaque souffle est une chance nouvelle. Mais pour renaître à la vraie vie, il faut mourir avant de mourir.
 
Sois reconnaissant. Il est facile de remercier après avoir obtenu ce que tu veux. Remercie donc avant.

 

Apprendre

Tu ne peux apprendre et progresser sans tes contradictions. Le croyant intérieur doit rencontrer le sceptique. Le sceptique doit rencontrer le croyant. L’humain avance lentement et mûrit en acceptant ses contradictions.

La patience n’est pas de s’asseoir et d’attendre, mais de prévoir. La patience, c’est voir la rose en regardant l’épine, c’est voir l’aurore en regardant la nuit. L’impatience est un bandeau sur les yeux qui te cache le résultat. Les amoureux de Dieu ne manquent jamais de patience, ils savent qu’il faut du temps pour que le croissant de lune devienne plein.

Pour se rapprocher du vrai et du juste, il faut un cœur beau et doux. un jour ou l’autre, chacun apprend à devenir plus doux. Après un accident, à cause d’une maladie, de la disparition d’un proche, d’une perte matérielle … Quand ça t’arrive, tu peux voir le bon côté et ouvrir ton cœur, ou voir une bonne raison pour le verrouiller à jamais.

Il y a sur terre plus de faux guides et faux enseignants que d’étoiles dans le ciel. Le véritable guide est celui qui te fait voir ta beauté intérieure, pas celui qui veut être admiré et suivi.

Quand tout le monde tente d’être quelque chose, ne sois rien. Vise la vacuité. L’humain devrait être comme un pot. Comme le pot tient par son vide intérieur, l’homme tient par la conscience de son néant.

 

 

Aimer

Il est facile d’aimer la perfection. La difficulté consiste à aimer l’humain avec son bon et son mauvais. On connaît principalement autant que l’on aime. En n’aimant que Dieu, mais pas ses créatures, on ne peut jamais vraiment savoir, ni vraiment aimer.

L’univers est une entité unique, complète. Tout et tous sont reliés avec des fils invisibles. Ne brise le cœur de personne ; ne méprise pas plus faible que toi. La peine d’un seul à l’autre bout du monde peut faire souffrir le monde entier ; son bonheur peut faire sourire le monde.

La plupart des conflits et des tensions viennent des mots. Ne porte pas autant d’attention aux paroles. Au pays de l’amour, la langue n’a pas sa place. L’amour est muet.

L’amour est un Voyage. Tous les voyageurs, qu’ils le veuillent ou non, sont changés. Personne ne peut voyager dans l’amour et rester le même.

Un homme bon ne se plaint de personne ; il ne cherche pas les fautes des autres.

Où que tu ailles, est, ouest, nord ou sud, pense à cela comme à un voyage en toi-même ! Celui qui voyage en lui-même, parcourt le monde.

Une vie sans amour est un gaspillage. «Dois-je chercher l’amour spirituel ou l’amour physique ?» Ne te pose pas cette question. L’amour n’a pas besoin de nom, de catégorie ou de définition. L’amour est un monde par lui-même. Soit tu es dedans, au centre … soit tu es dehors, en train d’y aspirer.

La chimie de l’esprit est différente de la chimie de l’amour. L’esprit est prudent, méfiant, il avance peu à peu. Il conseille  «Sois prudent, protège-toi» alors que l’amour dit : «Laisse-toi aller !» L’esprit est fort, il ne tombe jamais alors que l’amour se blesse, tombe en ruines. Mais n’est-ce pas dans les ruines que l’on trouve les trésors ? Un cœur brisé cache tant de richesses !

Ne cherche pas le ciel et l’enfer dans l’avenir. Les deux sont ici et maintenant. Chaque fois que tu parviens à aimer sans attente, sans calcul, sans négociation, tu es au paradis. Chaque fois que tu te bats, que tu hais, tu es en enfer.
 
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L’auteur

Shams ed Dîn Tabrîzî est un mystique musulman soufi né à Tabriz en Azerbaïdjan iranien et mort en 1248. Il est responsable de l’initiation de Jalâl ud Dîn Rûmî alias Rûmî, alias Mevlana qui l’a immortalisé par un recueil de poèmes Diwan-e Shams-e Tabrîzî ou Les travaux de Shams de Tabriz. Shams et Rûmî ont vécu ensemble pendant plusieurs années à Konya, Turquie,  ensuite Shams s’est rendu à Damas, Syrie. On dit qu’il serait mort assassiné par des disciples de Rûmî. (source)

Je marche sur le chemin qui n’est plus le chemin mais la marche.
Issa Joe Ouakam