L’aube de l’histoire officielle abonde en civilisations toutes faites, avec un haut degré de développement et de culture, mais sans trace de passé ni d’évolution. Qui peut croire qu’une civilisation raffinée puisse ainsi surgir du néant ? Les archéologues. Et Kant.
Pourquoi nier l’évidence ? De nombreuses civilisations ont précédé la nôtre. Nous sommes des nains sur les épaules de géants. Quant à la création de l’homme dont nous parlent les mythes, elle ne fut pas ex nihilo, à partir de rien. Il y avait une base solide à la création de l’homme, du moins à celle dont nous parlent tous les textes sacrés, qui sont autant de bouteille à messages dans l’océan du temps. Cette base solide, c’est le patrimoine génétique prééxistant qui a été modifié, c’est tout. L’ADN des Elohim ou des Anounna.
L’œuf ou la poule ?
Rien ne se crée à partir de rien. Est-ce à dire que les hommes d’avant n’ont pas été créés, eux non plus ? Sont-ils, comme le prétend la théorie de l’évolution, les fruits longuement mûris d’un parcours qui remonte à l’amibe ? Ou sont-ils, comme l’expose la tradition ésotérique, des êtres de lumière matérialisés par leur propre intention ? « Avant d’être nés de la femme, nous sommes venus de la lumière, du lieu où la lumière est née par sa propre volonté, et la lumière se manifeste à travers nous » (source)Les manuscrits de Nag Hammadi, tome 1, par James Robinson
Trancher cette épineuse question nous ferait remonter trop loin dans le passé, puisque, selon les découvertes archéologiques et paléo-anthropologiques les plus récentes, l’origine de l’espèce humaine dépasserait largement le million d’années. On a même retrouvé des artefacts qui dateraient des dinosaures ! On a oublié. Mais ça va nous revenir vite fait. Quant à l’apparition de civilisations développées, jaillies sans crier gare d’un océan de sauvagerie primitive, qui pourrait y souscrire ?
Athéna et la logique
Qui ? Kant. Le philosophe. Très sérieux comme à son habitude, ce vénérable penseur allemand a déclaré : « La logique est sortie close et achevée de l’esprit d’Aristote. » Il est vrai que le sage Grec est à la fois le père de la logique et celui de la métaphysique. En tout cas, celui qui l’a baptisée. D’ailleurs pourquoi métaphysique ? Comme le traité venait après son livre sur la physique, Aristote l’a nommé « qui vient après la physique ». Non pas dans l’ordre d’excellence, juste dans l’ordre de lecture.
Ce qui ne veut pas dire qu’Aristote soit l’inventeur de cette discipline. Il l’a simplement redécouverte. Idem pour la logique. Vu d’ici, il est le plus ancien auteur connu en ce domaine. Ce qui ne veut pas dire le premier. Les anciens Grecs ne sortaient pas des cavernes et des arbres à singes. Il y a eu de nombreuses civilisations avant eux, même si nous n’en savons plus rien. La logique a été cernée et comprise par l’homme bien avant la Grèce antique. Elle fonde les maths, donc l’architecture…
Sans logique, comment aurait-on pu bâtir les pyramides, par exemple ? Et les orienter si parfaitement ? Et en respecter la régularité au décimètre près ? Sans logique, comment aurait-on pu tailler des blocs complexes aux multiples arêtes afin qu’ils s’imbriquent parfaitement ? Avant l’art de la taille, les maçons de pierre doivent pratiquer l’art du trait, qui consiste à dessiner la pierre sous toutes ses faces, avec une totale précision : ce tracé devient la bible de la taille. L’art du trait suppose un esprit logique, il existait bien avant Aristote.
« Ce ne sont pas les êtres qui existent réellement, mais les idées », disait Marcel Proust. L’idée de la logique était là avant le cerveau grec qui l’a captée. Elle est aussi ancienne que le langage. En admettant qu’Aristote n’ait rien lu sur cette question, rien entendu ni chez les Celtes ni chez les Egyptiens, alors il est allé chercher toute l’affaire aux Annales Akashiques, une façon comme une autre de désigner l’inspiration. Elle vient des Muses. Pour le guerrier du Nagual, c’est l’Energie qui vient par l’Intention.
L’individu, au mieux, est un canal par où s’incarnent le Rêve et le passé des hommes. Chacun de nous s’inspire de précurseurs, Aristote n’échappe pas à la règle. Et Kant non plus. Ah ? Pourtant Dieu a créé l’homme ex nihilo, à partir de rien. Foutaise ! Il a juste manipulé son ADN pour faire un corps comme le sien.« Dieu créa l’Homme à son image. » Mais si vous voulez parler de la Source, elle est Pure Lumière manifestée par sa propre Volonté. Elle scintille au coeur de tout et son règne n’aura pas de fin.
Pourtant, Athéna… Quoi Athéna ? Elle est sortie toute armée du crâne de Zeus. Close et achevée, la petite mère. Avec son casque et son égide. Tu parles d’un accouchement sans douleur ! Athéna est la preuve qu’on peut sortir du néant.
Attendez, vous vous méprenez. Athéna est née par clonage. Elle est sortie adulte de la couveuse. C’est ce que veut dire toute armée. Zeus n’est pas son géniteur, il est le généticien génial qui l’a conçue. Donc un peu son père quand même. Athéna est sa créature. Grâce à elle, l’homme a une graine divine en lui. Ce qui n’était pas prévu…
Et Kant dans tout ça ?
D’aucuns jugeront que dans un article sur Kant, les louanges à la déesse Athéna sont tout à fait hors-sujet. D’autres ont déjà oublié qu’il s’agit d’un article sur Kant. Ceux qui ne sont venus que pour telle ou telle image se moquent d’Athéna comme de Kant. Quant aux derniers qui me suivent en confiance, ils savent que si le chemin serpente, c’est que la pente est raide. Ils savent que tôt au tard, ils verront l’ensemble du paysage que les lacets leur cachent encore. Et ils savent qu’ils savent, c’est notre nom scientifique : Homo sapiens sapiens. L’homme qui sait qu’il sait. Ce que certains crétins ont jugé bon de simplifier ainsi : Homo sapiens. À quoi ça ressemble ? Je vous le demande.
Sous ses faux airs de robot, Kant était un homme. En tant que tel, il a comme chacun de nous le choix de son destin. Il peut privilégier tel ou tel aspect, comme la pensée logique pour Kant, au détriment de tous les autres. Nous ne profitons pas tous du merveilleux don d’Athéna. Combien restent enfermés dehors ? Combien ont des œillères ? Combien font, comme Emmanuel Kant, le même train-train tous les jours de leur vie ? Ceux-là n’auraient que faire d’une âme, si d’aventure ils s’en découvraient une.
L’existence fait éclater tous les systèmes.
Kant a étudié à l’école de Königsberg, puis à l’université dans les mêmes bâtiments, avant de devenir professeur de cette même université, ce qui fait que, sa vie durant, il a parcouru le même trajet, matin et soir, avec une régularité telle que les gens, sur son passage, réglaient leur montres : « Voilà M. Kant ! Il est six heures ! »
La raison pure est mère de l’exactitude. Deux fois seulement, il a failli à son rituel : en 1762, pour la publication du Contrat Social de JJ. Rousseau,Il adorait cet auteur, et avait pu se procurer un exemplaire de son maître-livre qu’il dévora et trente ans plus tard, en 1792, le jour de la victoire de l’armée française à Valmy.C’est à dire une lourde défaite pour les Prussiens
Étrange, de voir ce grand penseur muré dans la solitude du cogito se soucier ainsi d’événements politiques. Voilà le comportement que Nietzsche déplorait chez les philosophes, se mêler des basses questions qui agitent les esprits communs. Et pourtant le rigoriste Emmanuel Kant n’est pas un philosophe des fonds de poubelles comme on en a tant. Kant, ce Père La Logique, était aussi un moraliste. Par ce biais timide, une lueur d’âme brille au fond de son cœur bien rangé. Une lueur qui peut-être fait éclater toutes les catégories ? On le croit quand il écrit :
« Il y a deux choses indiscutables,
le ciel étoilé au-dessus de ma tête
et la morale au fond de mon cœur »
Indiscutables ? Le ciel étoilé est-il autre chose qu’un trompe l’œil ? Après tout, nous n’avons marché que sur la lune, pour l’instant. Des images nous sont parvenues de Mars grâce au courageux Rover, mais faut-il croire les images ? Les philosophes antiques et classiques avaient cette tare commune : limiter le doute au domaine de l’incertain. Il faut douter du certain, aussi. Il fait peut-être partie du Plan. Dans le certain se cache la clé du trompe l’œil. L’envers du décor bidon. La preuve de la vaste comédie universelle.
Et Dieu dans tout ça ? C’est un homme comme les autres. Son nom vient du grec Theos. Que l’on traduit aussi par Zeus. Tonnerre de Zeus ! Il ne manquait plus que lui. Derrière son air farouche, se cache un garçon timide, complexé, toujours remis en place par sa farouche épouse, la grande déesse Héra, et Ra. La vraie patronne. La Matriarche.
Et Ra ? Bah ! c’est Rama. Il chapeaute un peu tout ça dans l’ombre. Il est tellement dans l’ombre que trois continents l’ont oublié, lui qui a régné sur le monde.