La Vieille Religion des druides

 

Nos ancêtres les Gaulois pratiquaient une religion oubliée, le druidisme, qu’on nomme aussi la Vieille Religion. Cette religion étaient déjà très vieille au début de notre ère, quand Jules César a conquis la Gaule. Le druidisme datait lui aussi de l’aube du monde, selon les Celtes eux-mêmes. Il y a de fortes chances que leur religion soit celle des Tuatha dé Danann, héritiers des croyances Atlantes.

La vieille religion est d’abord le culte de la grande déesse, la déesse Mère Ana d’Alcor dans la Grande Ourse. Il fut un temps où tous les druides étaient des druidesses. Et puis le déclin est venu. Les historiens n’ont connaissance que de cette phase déclinante, ce qui fausse gravement leur compréhension. On a cru longtemps que « les druides ne vont pas à la guerre et ne payent aucun des tributs imposés aux autres Gaulois. »  C’est faux. Ils sont aussi des chefs de guerre. S’il est vrai que les druides ont de grands privilèges, ils ont d’abord d’énormes responsabilités.

« Séduits par de si grands privilèges, beaucoup de Gaulois s’efforcent d’entrer dans cet ordre; mais il faut, pour cela, apprendre un grand nombre de vers, et il en est qui passent vingt années dans ce noviciat. Il n’est pas permis de confier ces vers à l’écriture, tandis que, dans la plupart des autres affaires publiques et privées, on se sert des lettres grecques. Il y a, ce me semble, deux raisons de cet usage : l’une est d’empêcher que la science des druides ne se répande dans le vulgaire; et l’autre, que leurs disciples, se reposant sur l’écriture, ne négligent leur mémoire. » (source)D’Arbois de Jubainville, Revue de l’histoire des religions 

Des études récentes semblent montrer que seuls les éléments appris par cœur sont utilisés plus tard par l’élève. La méthode celtique était donc meilleure que la nôtre, sur le plan pédagogique. L’Islam utilise encore le par-cœur dans les écoles coraniques. « Les druides enseignaient que la matière et l’esprit sont éternels, que la substance de l’univers reste inaltérable sous la perpétuelle variation des phénomènes où domine tour à tour l’influence de l’eau et du feu ; qu’enfin l’âme humaine est soumise à la métempsychose. » (source)Jules Michelet, Histoire de France

La métempsychose est un vieux mot qui désigne la croyance dans les vies antérieures et dans les vies futures. C’était en effet une des bases de la religion druidique, et une source du grand courage des guerriers gaulois reconnu par Jules César. « Une croyance qu’ils cherchent surtout à établir, c’est que les âmes ne périssent point, et qu’après la mort elles passent d’un corps dans un autre, croyance qui leur parait singulièrement propre à inspirer le courage, en éloignant la crainte de la mort. Le mouvement des astres, l’immensité de l’univers, la grandeur de la terre, la nature des choses, la force et le pouvoir des dieux immortels, tels sont, en outre, les sujets de leurs discussions; ils les transmettent à la jeunesse. » (source)D’Arbois de Jubainville, Revue de l’histoire des religions 

Comme on le verra, les druides enseignent aussi les sciences, les techniques, les arts et la bagarre. Ils sont des initiateurs, dépositaires de la science et des pouvoirs des Hyperboréens. Dès l’enfance, les jeunes des deux sexes reçoivent une éducation sacrée, de caractère initiatique, dont l’ouverture est marquée par le baptême, qu’ils reçoivent à 7 ans. Garçons et filles s’immergent dans le bassin sacré que possèdent tous les villages.

 

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Il s’agit souvent d’une source bouillonnante aux vertus miraculeuses. On retrouve certains de ces bassins autour des sources bénites qui jaillissent près des chapelles bretonnes ou vendéennes. Puis vient l’âge ardu de l’étude orale, du chant, de l’art de guérir, du moins pour ceux ou celles qui se destinent à devenir druide. 

Les différents degrés de l’initiation druidique arrivent tous les 7 ans dans la vie d’un être humain. La première, à 7 ans, a été reprise chez les Catholiques sous la forme de la communion privée. Dans la chevalerie médiéval, à 7 ans le garçon quittait la compagnie des femmes pour devenir page du chevalier son père. De nos jours, on dit que 7 ans, c’est l’âge de raison. La seconde initiation intervient à 14 ans. C’est devenu le renouvellement des voeux du baptême, ou communion solennelle. Au Moyen Age, c’était l’âge où le page devenait écuyer.

A 21 ans, l’écuyer devient chevalier à son tour. C’était quand j’étais jeune l’âge légal de la majorité. On l’a ramené depuis à 18 ans, ce qui est une erreur selon moi, qui perturbe le biorythme septennal. De même, le quinquennat présidentiel est une absurdité que Charles de Gaulle aurait honnie. Le septennat antérieur était bien supérieur, à tous points de vue. Suivent trois autres initiations sacrées, à 28, 35 et 42 ans. La dernière consacre la maturité spirituelle. La tradition celte considère qu’après cette initiation, toutes les personnalités de l’être sont mûres et complètes. Je ne connais pas de meilleur point de vue, ni de plus sage. Au Moyen-Age chevaleresque, ces initiations s’adressent aux hommes. Qu’en est-il des femmes ? Dans la vieille religion des druides, sont-elles mises de côté ?

Les femmes sont admises à la fonction druidique, pour la bonne raison qu’elles sont les plus puissantes dans le domaine magique : leur matrice ouvre aux druidesses des pouvoirs et des horizons que les mâles n’atteindront jamais.

Le panthéon des Celtes présente « quelque analogie avec l’Olympe des Grecs et des Romains. Tarann, esprit du tonnerre, est aussi le dieu du ciel ; le moteur et l’arbitre du monde. Le soleil, sous le nom de Bel ou Belen, fit naître les plantes salutaires et présida à la médecine ; Heus ou Hésus à la guerre ; Teutatès ou Toutatis au commerce et à l’industrie ; l’éloquence même et la poésie eurent leur symbole dans Ogmius, armé comme Hercule de la massue et de l’arc, et entraînant après lui des hommes attachés à des chaînes d’or et d’ambre qui sortaient de sa bouche. » (source)Jules Michelet, Histoire de France

On aura reconnu Zeus sous le nom de Tarann ; Apollon sous le nom de Belen ; Mars nommé Esus ; Hermès-Mercure nommé Toutatis par les Gaulois. Mais rien n’est si simple, ou plutôt tout le redevient si on se souvient que la plupart de ces dieux sont connus sous plusieurs noms, selon les pays et les époques. Ainsi Tarann ou Taranis est-il parfois Thor, dieu de la foudre lui aussi. Belenos est Bel le Bélier, autre nom de Ram. 

 

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Les druides pratiquaient aussi des sacrifices humains, même si sur ce point les opinions divergent. « Les druides, ministres d’un culte sanguinaire et seuls dépositaires de toute science, régnèrent longtemps par la parole dont ils étaient les détenteurs suprêmes et par la terreur. Trois siècles environ avant notre ère, les chefs des tribus et les nobles brisèrent, au milieu d’affreuses convulsions, le joug de la caste sacerdotale. Les druides s’unirent aux rebelles contre les nobles qui les avaient dépossédés, et dans la plupart des cités le gouvernement royal fut remplacé par un gouvernement démocratique. Ainsi, dans une cité, les notables et les prêtres, constitués en sénat, nommaient un vergobret, ou juge annuel, et au besoin un chef de guerre. Dans une autre, le peuple instituait un sénat, quelquefois même un roi qui restait dans la dépendance des prêtres. Aussi un ancien disait-il que les rois de la Gaule, sur leurs sièges dorés, au milieu de toutes les pompes de leur magnificence, n’étaient que les ministres et les serviteurs de leurs prêtres. »  (source)Thierry Bordas, La mythologie des Celtes et des Vikings 

Cette lecture plus contemporaine du druidisme souligne l’aspect cruel et sanguinaire des sacrifices humains pratiqués par les druides. Je ne partage pas ce point de vue, car il fut celui de Jules César, qui cherchait à discréditer ce grand peuple pour justifier ses conquêtes militaires. Il fit de même avec Cléopâtre. César n’est pas plus crédible que Pizarre ou Cortès quand ils ont amplifié la barbarie des Aztèques ou des Incas. Les conquérants ont tous justifié leurs massacres en rabaissant leurs victimes. Jules César ne s’en est pas privé. (source)Julius Caesar, De Bello Gallico Le gênant, c’est qu’il est pratiquement notre seule source d’information sur les Gaulois.

Il est vrai cependant que les druides, et plus tard les évêques, ont détenu plus de pouvoir matériel que les rois qui en réalité étaient sous leurs ordres. Ainsi la rivalité de l’ordre du Temple et de Philippe le Bel, roi de France beaucoup moins riche et moins puissant que le grand maître de l’ordre. Après l’introduction du panthéon romain, la Gaule gallo-romaine finit par mélanger ses dieux avec ceux de l’envahisseur. Mais la vieille religion n’a pas disparu pour autant. Les druides ont continué à régner presque sans partage sur les populations rurales jusqu’à la révolution française. Ces druides de l’ombre ne pratiquaient pas de sacrifice humain, ne célébraient pas de messe noire, ne violaient pas d’enfant. Ils étaient guérisseurs, passeurs de lumière, éveilleurs, et souvent aussi, alchimistes. Traqués par l’Inquisition, menacés du bûcher, ils ont appris à se cacher derrière la belle langue des Oisons, qui est la langue verte des enfants de la Mère l’Oie, des Oisons du Tour de France et du pèlerinage de Compostelle.

 

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Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison.

Coluche

 

Ce que l’un appelle Dieu, un autre l’appelle les lois de la physique.
Nikola Tesla