Le baptême druidique

 

On trouve encore un peu partout dans le monde de nombreux monuments mégalithiques dont le type et la fonction ont échappé aux archéologues. Certains de ces monuments ne sont même pas considérés comme tels. Les archéologues et les géologues les prennent pour des rochers naturels.

Parmi eux, il y a ce que j’ai nommé des carrières de baptême. Ce ne sont pas toujours des carrières, le baptême druidique se pratiquait aussi dans des cromlech ou des grottes au pied de falaises. L’origine est druidique, donc pré-celtique. Contrairement à ce qu’on peut croire, le baptême n’est pas une invention chrétienne : il existait déjà bien avant, dans le culte de Mithra, mais aussi dans les évangiles : Jésus a été baptisé par Jean-Baptiste, qui n’était pas chrétien, mais dont la pratique s’inscrivait dans une tradition déjà ancienne, voire antique.

J’ai trouvé ce type de carrières en Bretagne, sur les îles anglo-normandes ou sur l’île de Bréhat,voir les images en tête d’article et plus bas dans le Wiltshire et au Pays de Galles, mais aussi en Bulgarie,voir la dernière image Suisse, Sardaigne, Maroc, Montana et Bali. Je suis persuadé que ces carrières se trouvent partout où il y a des mégalithes, des pyramides et des murs cyclopéens.

A dire vrai, il ne s’agit pas d’un baptême au sens chrétien du terme, quoique tous les aspects du rituel chrétien s’y retrouvent. On sait que ni les Celtes, ni les Gaulois ne sont les bâtisseurs des monuments mégalithiques. Ils les ont utilisés parce qu’ils se trouvaient là. Dans certains cas, leur utilisation se trouve conforme à la destination primitive des mégalithes. Mais pas toujours. N’oublions pas que la civilisation mégalithique planétaire s’était éteinte depuis de nombreux millénaires quand les premiers Celtes sont apparus.

L’image ci-contre représente un Tuatha dé Danaann, le dieu Diancecht, baptisant trois enfants, deux gars et une fille, tout comme Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain. Les baptisés sont nus, la nudité signifie pureté et innocence, conditions nécessaires au baptême.
 
Diancecht est le fils d’Easarg et le père de Cian, donc le grand-père de Lugh. Il a aussi une fille Airmed, Mesure, et deux autres fils Miach, Boisseau et Ormiach, jumeau-doublon du précédent. Dans le récit du Cath Maighe Tuireadh (bataille de la plaine des piliers) il soigne et rétablit les blessés, il ressuscite les morts en les immergeant dans la Fontaine de Santé tout en chantant des incantations rituelles et magiques ; Airmed collecte les plantes médicinales destinées à la Fontaine. Lorsque Nuada Airgetlam a le bras sectionné dans la première bataille, il lui fabrique une prothèse en argent pour effacer l’infirmité et lui redonner la Souveraineté. (source)
 
Mais je cite surtout ce dieu très antique pour montrer une des origines possibles du baptême, dont le rituel est bien antérieur à Jean-Baptiste, à Jésus, et à son christianisme. Selon moi, le baptême celtique fut enseigné aux humains par un Hyperboréen, Mithra, dont le culte et la biographie ont de troublantes ressemblances avec la vie de Jésus et les rituels chrétiens. Rien d’étonnant à cela : la religion de Mithra s’appelait déjà le christianisme, sauf que le Christ était alors Mithra. Après les Christs Osiris, Hénoch et Orphée, et avant le Christ Constantin

Rite du baptême

A la pleine lune du joli mois de mai 1992, dans une carrière de Brocéliande, j’ai revécu l’intégralité d’un baptême druidique. En voici le rituel exact, et le sens intérieur. La carrière jouxte la Fontaine de Jouvence à quelques pas du Tombeau de Merlin, une antique allée couverte dont il ne reste que trois pierres. Négligée dans les années 90, cette carrière a été reconnue depuis comme lieu sacré de la Vieille Religion. Elle accueille une foultitude de pierres votives, savamment empilées, qui répondent aux voeux griffonnés sur un bout de papier roulé que le demandeur glisse dans une faille du Tombeau de Merlin.

La cérémonie du baptême, comme les autres cérémonies d’initiation, se déroulait pendant la fête de Beltaine, au mois de mai. On retrouve « baptême » dans les phonèmes de Beltaine, afin de dissiper le doute sur les origines celtiques de cette initiation. Beltaine est la période de prédilection pour les rites de passage entre les périodes froide et chaude, entre l’obscurité et la lumière, entre la mort psychique symbolique et la renaissance spirituelle. De manière générale, Beltaine est la fête du changement du rythme de vie. Du rythme hivernal, on passe au rythme estival. La fête marque ce passage tant physiquement que spirituellement. Les rites anciens d’enfermement dans les chambres des dolmens se passaient peut-être durant la nuit de Beltaine. (source)

Tous les enfants nés depuis la dernière fête de Beltaine, donc âgés de  moins d’un an, reçoivent ce premier baptême. A l’âge de 7 ans, rebelotte, cette fois ils s’engagent sans le soutien des parents, ni celui des parrains-marraines. A l’âge de 14 ans, la véritable initiation guerrière est donnée aux garçons comme aux filles, qui participent aux combats soit directement par les armes, soit par la magie où elles excellent.

Le baptême des tout-petits se passe ainsi. Les célébrants sont un grand druide et un barde. La foule est massée autour de la carrière, ça crie, ça chante, des gamins se poursuivent et font toutes sortes de farces. A l’arrivée du druide, le silence s’impose. Le père de l’enfant marche devant, suivi par la mère qui porte le bébé. Père et mère peuvent être remplacés par grand-père et grand-mère, ou parrain et marraine.  Sur le seuil de la carrière, le père frappe plusieurs fois du pied, selon un rythme invariable, pour demander aux esprits la permission de pénétrer la carrière sacrée. A ce signal, les fidèles du premier cercle emboîtent le pas du père, reproduisant à leur tour le rythme propre au lieu. Le premier cercle des fidèles –une centaine de personnes– est parcouru d’ondulations à mesure que le rythme opère. Et le mouvement des corps en balancement synchrone devient hypnotique. Derrière ce premier cercle, la foule alentours est gagnée par la transe. Une lente mélopée, scandée par toutes les bouches, ajoute à la puissance.

A ce moment, la foule se recentre sur l’enfant dans les bras de sa mère. Elle le remet au père, qui se tient parfaitement immobile. Quand toute l’assemblée est centrée sur l’enfant, le grand druide fait un signe au père qui s’avance vers lui. Puisant dans la concentration collective la confirmation de son pouvoir de vision, par son troisième oeil le druide voit le barda (=karma) de l’enfant. Il en infère aussitôt le genre d’éducation qui convient. Alors le druide impose les mains sur le crâne de l’enfant et lui donne son nom. Il parle bas, afin que seul le père puisse l’entendre. Ce nom secret servira de mantra à l’usage du père, pour son travail d’initiateur. Le père est le premier initiateur de l’enfant. A l’âge de 14 ans, le nom secret sera révélé au jeune, et deviendra son premier nom. A l’âge de 21 ans, l’adulte trouvera lui-même son deuxième nom, qu’il portera pour le reste de sa vie.

Seuls ses intimes pourront l’appeler par son premier nom, qui a le pouvoir de le faire revenir à l’innocence et à la plénitude de l’enfance. Celui qui utilise ce nom secret s’assure un pouvoir sur la personne qu’il nomme. A 14 ans, le nom secret devient le nom initiatique, et reste par la suite ce qu’on peut appeler un nom tabou. On trouve une relique de cette belle tradition dans les surnoms affectueux que les parents donnent aux enfants, qui s’efforceront de le cacher en grandissant.

Le barda est l’équivalent celtique du karma hindouiste. Le sens moderne est devenu « bazar, fourbi » après avoir été l’équipement du soldat. L’origine de ce mot est celtique, comme en témoigne la ressemblance phonétique entre barde et barda. Le mot arabe al barda, étymologie présumée, qui signifie le joug, ce qui pèse, est lui aussi dérivé du Celte. Le livre des morts tibétains, Bardo Todol,rien à voir avec la mère Bardot renforce encore le sens universel de ce mot de la langue primordiale. Comme le karma, le barda est le vécu antérieur que chacun trimbale avec lui sa vie durant, du moins tant qu’il n’a pas reçu l’initiation aux petits mystères que j’appelle l’arcane XIII, en référence au tarot initiatique de Jean-Claude Flornoy. (source)

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Les quatre éléments

Alors le père revient vers le seuil de la carrière où la mère est restée. Ensemble ils s’avancent vers le barde qui va enregistrer l’état civil de l’enfant — ou plutôt son état bardique. Le barde « entend » les noms par la tierce oreille et les enregistre… en musique ! Il compose alors un mantra musical, qui est personnel et qui va servir à recentrer l’enfant. Le barde est le deuxième instructeur de l’enfant, après le père et avant le grand druide. Equivalent de l’instituteur, mais sur le plan sacré, le barde aura bien souvent l’occasion de faire entendre son mantra musical à son jeune élève. Chaque être a sa musique, véritable état civil et carte d’identité sacrée. Mais d’abord puissante magie opérative.

Avant ce rite, il y a l’ondoiement. Il pouvait se donner dans un dolmen creusé en baignoire, comme celui de Ploumanach. En Brocéliande, c’était dans l’eau de la Fontaine de Jouvence, qui porte ce nom parce qu’elle est destinée aux enfants et aux jouvenceaux, et non, comme on le croit aujourd’hui, parce qu’elle rend la jeunesse aux vieillards… j’ai essayé, ça n’a rien donné. L’ondoiement est l’initiation par l’eau, tandis que la musique personnelle est une initiation par l’air, ainsi que le martèlement des pieds l’avait annoncé. L’initiation par le feu (intérieur) est la lecture télépathique du barda, qui se traduit par le nom secret ou nom sacré. Quant à l’initiation par la terre, elle se fait ensuite sous l’allée couverte toute proche, qu’on appelle Tombeau de Merlin. Bien mal nommé : puisque Merlin vit encore, il ne peut avoir de tombeau. Envoûté par la fée Viviane –son élève et son amante de 40 ans plus jeune que lui– Merlin sommeille au château de Comper (compère ?) dans un sarcophage de cristal gisant au fond du lac. Il reviendra quand nous aurons vraiment besoin de lui, dit la légende, il faut y croire. Oui, légende, du latin legenda, « qui mérite d’être lu ».

 

 

Nous nous rendons pitoyables ou nous nous rendons fort. La quantité de travail à fournir est la même.
Carlos Castaneda