Les murailles cyclopéennes du Pérou, de Sibérie, du Liban ou d’ailleurs posent trois séries de questions qui restent insolubles pour l’archéologue : comment les a-t-on levées alors que certaines d’entre elles pèsent plus de dix tonnes ? Comment les a-t-on taillées et ajustées avec une précision confondante ? Dans quel but sest-on donné tout ce mal ?

Pour tenter d’y répondre, il faut sortir résolument du cadre rigide dans lequel l’archéologie universitaire évolue – bien lentement et pas toujours dans le bon sens. La première série de questions a été traitée ailleurs. À présent comment a été possible la taille et l’ajustement de pierres d’un poids colossal, aux formes toutes différentes, et qui peuvent compter jusqu’à quinze ou vingt arêtes ?

Un maçon vous dira que malgré tout l’art du trait, une pierre de taille si complexe doit être positionnée, rectifiée et repositionnée avant de trouver sa juste place. Dans le cas de blocs cyclopéens, la chose est impossible. À moins d’être un cyclope. À moins d’avoir résolu le problème de la pesanteur. 

Le cyclope pourra sans peine lever ces pierres comme nous soulevons des parpaings, car il mesure plus de 50 mètres, et sa force est à l’avenant. Résoudre le défi de la pesanteur, ça peut vouloir dire à l’aide de machines de levage. Des grues métalliques voire des aéronefs…

Il existe une autre hypothèse encore plus originale. Les constructeurs auraient employé une technique perdue qui permet de ramollir et façonner les pierres. La roche la plus dure, au contact d’une certaine substance, deviendrait molle comme du beurre fondu. Il serait alors aisé de la couler dans des moules comme du vulgaire béton. Ce qui résoudrait à la fois la question du portage et celle de l’ajustement si précis. Tout ça grâce à la sève d’une certaine plante.

 

La plante d’Hiram

Oui, vous avez bien lu. Hiram Bingham, le découvreur de Machu Picchu, a « entendu parler d’une plante dont le jus pouvait rendre la roche si malléable que les agencements les plus serrés en devenaient possibles. » (source)La découverte de Machu Picchu, par Hiram Bingham

Son contemporain Percy Fawcett, explorateur de l’Amazonie, a lui aussi entendu dire que les pierres avaient été agencées grâce à un fluide qui leur donnait la consistance de l’argile. Ayant trouvé une jarre dans une tombe pré-inca, il voulut la mettre en sûreté mais elle se brisa sur un rocher : « Dix minutes plus tard, j’examinai la flaque par hasard. Elle n’était plus liquide ; toute la zone où elle avait coulé, ainsi que la roche sous-jacente, étaient devenus molles comme du ciment ! On aurait dit que la pierre avait fondu comme de la cire chauffée. »  (source)La découverte de Machu Picchu, par Hiram Bingham 

La jarre contenait le jus d’une plante locale qu’un villageois a pu décrire : 30 cm de haut, feuilles rouge sombre, elle pousse dans le Chuncho, au Pérou. 

Un ami lecteur m’a donné cette précision : La plante sud-américaine ayant la propriété de ramollir la pierre a pour nom ‘harakkeh-ama’ ; elle est corrosive et rouge sombre.

« Il existe en Amérique du Sud une plante d’une trentaine de centimètres de hauteur, aux feuilles d’un rouge sombre, que les autochtones nomment harakkeh-ama, et dont le suc, très corrosif, attaque le fer et… amollit la roche ». Plus loin : « Comme nous l’indique Fawcett, le pito, un petit oiseau des Andes, a pour habitude de creuser son nid dans la roche. Il utilise pour cela le suc de cette plante. L’oiseau ramène une feuille, s’accroche à la paroi rocheuse, puis frotte la roche avec la feuille dans un mouvement circulaire. Plusieurs feuilles et va-et-vient sont nécessaires jusqu’à ce que la roche soit amollie à consistance de l’argile humide. Puis l’oiseau commence à piquer le roc, creusant une dépression circulaire qui lui servira de nid. Toute cette opération ne dure que quelques jours. » (source)Cette info est une note de lecture provenant du livre en 2 tomes ‘Enquête sur les Insaisissables’ de Fabrice Kircher & Dominique Becker aux Editions Ramuel, 1998. Il s’agit du texte intégral, tel qu’on peut le lire aux pages 211/212 du tome 1 – ces infos sont elles-mêmes reprises d’un livre paru en 1990, ‘la vie secrète du sol’ de Peter Tompkins et Christopher Bird.

Qu’il en soit ici remercié. Quant à toi qui lis ces lignes, si tu comprends que cette info est sans prix, fais-en bon usage et remercie mon ami.

Dans ce cas, il n’y a plus de problème de trait, ni de taille, ni d’ajustement. La pierre est une pâte molle qui coule dans son moule, et avant qu’elle se solidifie, un maçon y découpe les arêtes et les queues d’aronde du niveau supérieur à l’aide d’une pelle en bois, tout simplement.

On objectera que si le mur était en ciment coulé dans un moule, pourquoi les bâtisseurs auraient-ils coulé des pierres différentes ? Nos murs en béton sont coulés d’un seul bloc, ou construits en parpaings.

 

L’attaque des bactéries

Il y a une autre hypothèse, tirée des recherches d’un passionné des maladies de la pierre, C. Louis Kervran. Cette hypothèse se confond peut-être avec la précédente.

Ce chercheur passionné a montré que « sous l’effet de certaines bactéries et de leurs enzymes organiques, le granit se kaolinise. Il est remplacé, sur un à plusieurs centimètres d’épaisseur, par une roche tendre qu’on peut couper au couteau sans difficulté. » (source)C. Louis Kervran, Transmutations naturelles non radioactives  

Notre auteur a sans doute raison, d’autant que l’on a enregistré le même phénomène sur de la fonte.

D’ailleurs Pacôme de Champignac lui-même a obtenu un gaz de champignon capable de ramollir les métaux. Il l’a nommé le Métomol.

Plus sérieux : de vieilles canalisations en fonte, enterrées trop longtemps, pouvaient elles aussi se découper au couteau. On peut en conclure qu’elles avaient longuement séjourné au contact d’enzymes végétales… ou de champignons, ajouterait le comte de Champignac. 

Si le granit et la fonte se prêtent à de si faciles découpes, alors la prouesse des murs cyclopéens devient un peu moins stupéfiante… Juste un peu moins…

Parmi toutes les énigmes posées par cette construction incroyable, il y a celle du transport des pierres. Le fait d’être molles ne leur enlève pas leur énorme poids. A moins que ?…  

A moins que les constructeurs n’aient apporté de petites quantités de pierre molle, disons dans des seaux versés l’un après l’autre dans le moule, en attendant que la pierre durcisse ? Comme un mortier, la pierre aurait épousé très précisément la forme du moule. 

Dans cette équation, il y a plusieurs inconnues : le temps que met la pierre molle à se solidifier, la quantité de sève nécessaire à faire « fondre » ces énormes blocs, et quelques autres précisions sur le processus exact, qui semble pourtant simple. 

Peut-être y a-t-il, dans les Andes, un brujosorcier qui utilise encore cette technique ? Grâce à lui, la multiple énigme des pierres géantes trouverait une solution simple, élégante et économique : de tout temps, sous toutes les latitudes, on fait toujours ce qui demande le moins d’effort. 

Au terme de cette réflexion, après avoir longuement contemplé ces pierres qui semblent avoir été ramollies avant de redurcir, je suis troublé. Mais je ne suis pas convaincu. La solution des pierres molles soulève décidément trop d’objections.

Tant qu’on n’aura pas compris pourquoi ces murs avaient besoin de ces énormes pierres, au lieu de se demander comment elles furent taillées, aucune solution satisfaisante ne sera proposée.

Dernière nouvelle – On signale les travaux passionnants d’un chercheur, le Professeur Joseph Davidovits, qui déclare : « les pyramides sont en ciment ». Pas vraiment du ciment banal, précise-t-il, mais dans une matière analogue qu’il nomme géopolymère. Selon lui, les énormes blocs ont bel et bien été coulés sous forme liquide dans des moules, exactement comme on coule le béton dans des coffrages en planches.

 

Xavier Séguin

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