Chaud Patate

Chaud Patate, oui-da, comme une baraque à frites. Chaud comme la braise qu’il écrivait Breizh, le gueux béni. L’artisse. Le Gugusse, le Tatave, le Broque et ski sans suie. Je l’ai aimé comme on ne m’a jamais aimé. Il est parti comme on ne m’a jamais quitté. J’eusse adoré qu’il restât un brin.

Il m’a filé entre les pattes comme un pendu sans cravate. Il s’est barré sans barricade à l’instant où vous arrivâtes. Fallait-il que vous l’excitâtes ? Il était déjà chaud patate. Excité dans la cité, en rut sur la butte, et toi, tu l’accompagnes dans la campagne ? Patate s’interrompt dans sa course et dit en se grattant les bourses « On se revoit sur la Grande Ourse. L’étoile brillante ! Prends du vin, j’apporte le fromage. »

Quoi du vin ? Il va nous faire le coup du Prenez et buvez ceci est mon sang ? Et l’étoile ? Et le fromage ? Il va quand même pas convoquer les Rois Mages ? Sages à qui je rend hommage en exonérant mon ramage à la barbe de leur plumage. Certes ils n’ont jamais existé mais qui d’autre peut s’en vanter – à part les vaincus sans tenter, les virtuels toujours tourmentés, héros penauds plébiscités, rebuts robots, rébus ratés dont nous devrons nous contenter.

« Être chaud patate c’est être motivé comme jamais, paré à relever tous les défis : escalader l’Annapurna (अन्नपूर्णा) en tongs, sauter du plongeoir de trois mètres pour impressionner les filles, adresser la parole à la jolie blondinette aux yeux immenses. Qui est chaud patate répondra avec panache au t’es pas cap lancé par un médiocre. Être chaud patate c’est être de l’étoffe des super-héros, rien d’autre. » (ça coule de source )

Vieux Patate m’a fait l’horreur de m’envoyer un papier de sa main. Je l’ai reçu sur ma boîte mèle, de quoi il se mail ? Je n’en suis pas revenu. Mais lui oui, dirait-on sans souci du candide raton.qu’on appelle aussi le Khan Dirhat Hon (musique) Patate haché le mal caché. Le bien gâché. Lui tout craché. Le revenant jamais parti.

Princesse aux prières entends la rivière de mes yeux fondus. Apprends d’avant-hier l’art et la manière de tirer la bière sur la mousse altière épaisse et dodue. Si ton cœur de pierre se couvre de lierre ombré de lumière, l’ombre est coutumière au mur des chaumières. Mine la fermière, ferme la minière, rate la ratière, râpe la rapière, pousse la poussière, tète la têtière, cote la côtière. Chaude est la chaudière mais Patate gagne la palme. Garde ton calme. Fourgue ta came. Tais-toi et rame. Paix à ton âme. 

Si tu veux la lune, prends la plume. Si tu veux voler, rejoins l’atelier de Xavier. Si tu as peur, cherche l’erreur. La peur ne donne pas d’ailes, elle les arrache. Elle paralyse. Elle rend con, fragile et hyper vulnérable. Elle est le premier ennemi du guerrier, qui en a quatre principaux, et beaucoup d’autres en cohorte.

Nous avions le même âge et nous étions copains. De si bon appétit nous mangions notre pain que les femmes riaient quand nous passions près d’elles. (source) Pour apprendre à voler n’avions nul besoin d’ailes, aimer nous suffisait. L’amour est un délit quand on a le malheur d’être du même lit. Il devient récompense en d’autres circonstances. Maintenant que j’y pense on a vécu l’intense. On devinait d’avance que rien n’a importance à part la foire en transe un soir de Noël à Fort de France. (musique) Et ça nous allait bien. 

Chaud Patate, oh combien. Toujours partant, chaque fois revenant. T’as qu’à voir. Mais après ça, reviendra-t-il ? L’avenir nous liera. Mais nous lira-t-il ? J’en sais rien. Viens donne-moi la main. (musique)

La solution ? Il n’y en a pas. L’explication ? J’ai pas non plus. L’incitation ? Pas vue pas sue. L’excitation ? Faudrait qu’on l’eut. Disparition ? Je l’ai pas lue. La contrition ? Parle à mon cul. (musique)

Patate chaude

Qui c’est ? Est-ce que je sais ? Quelqu’un, ça oui. Juste quelqu’un de bien. (musique) Libre comme Max. Y en a même qui disent qu’ils l’ont vu voler. (musique)

Alors vous voyez pourquoi j’ai l’impression fâcheuse que le vivant m’a refilé la patate chaude. Cette fameuse patate chaude que feu Briscard-Festin retournait dans sa bouche en parlant, d’où son étrange accent. Et qu’il n’avait nulle intention de me la reprendre. Je parle du Vieux Patate. L’acrobate. Au-dessus des gens. (musique) Tout le temps. Non je ne lui ai pas rendu justice, mais c’est le mieux que j’ai pu faire. Parler de ceux qu’on a aimé et qui nous ont laissé, plus ils nous laissent plus on les aime. Et ça me gène.

Il est parti, je l’aime et je le maudis. Je croyais qu’il s’en foutait, il vient de me dire que non. L’image qu’il laisse l’oppresse. Tant pis. J’ai fait mon max. Confiné dans ma cagna, j’allais pas glorifier le palace à Patate. Je me sentais presque aussi râpé que mon jean. (musique) Dans un monde meilleur, où il fait doux toute l’année, où j’aimerais aller, j’y ai déjà vécu, Dieu sait quand, je ne sais où. Quand j’y repense, tout ce que je sens, c’est le sud (musique) et ça sent bon.

On a tous dans le cœur (musique) un deuil, une absence, une béance qui menace, aux soirs de lassitude (musique) de nous engouffrer dans l’abîme de la souffrance. On a tous une plaie vive qui suppure et nous gâche les plus beaux instants. Impossible de se remettre de la perte d’un enfant, d’un frère, d’un ami très cher, de l’homme ou de la femme de sa vie fauchés dans un accident, assassinés par un taré.

Comment se remettre de telles horreurs ? Avec le temps, répond le grand Léo. (musique) Avec le temps seulement…

 

Les mots sont un prétexte. C’est l’élan intérieur qui nous pousse l’un vers l’autre, pas les mots.
Rumi