En attendant le nouvel âge

 

L’époque moderne considère le temps comme une dimension linéaire. Il n’en a pas toujours été ainsi. Pour l’antiquité, le temps est cyclique, il fait des boucles plus ou moins grandes, et périodiquement les mêmes phases se répètent. 

 

Le cours du temps est rythmé par des cycles de différentes longueurs basés sur la révolution des astres : cycle zodiacal, cycle lunaire, cycle solaire, annuel, mensuel, quotidien… Et pour les anciens, quatre ères ou âges se succèdent et se répètent. Nous sommes dans le dernier, l’âge de fer. Et nous attendons, non sans une certaine impatience, le retour d’un nouvel âge d’or. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas pressé !

Notre monde est confronté à un cumul de désordres inquiétants, qu’ils soient environnementaux, politiques, ou sociaux. Qu’il s’agisse de la fonte des glaciers, du dérèglement climatique, du pillage des ressources planétaires, de la montée des intégrismes et des nationalismes, des vagues migratoires… tous ces clignotants sont au rouge. Selon certains nous assisterions rien moins qu’à la sixième extinction des espèces. Et les responsables sont connus : les humains de la race de fer. C’est à dire nous.

Il y a près d’un siècle, René Guénon tirait déjà la sonnette d’alarme : « Il semble bien que nous approchions réellement de la fin d’un monde, c’est à dire de la fin d’une époque ou d’un cycle historique, qui peut par ailleurs être en correspondance avec un cycle cosmique, suivant ce qu’enseignent à cette égard toutes les doctrines traditionnelles. Il y a eu dans le passé bien des événements de ce genre » (source)René Guénon, La crise du monde moderne, Paris, 1927

C’est grave, docteur ?  Philippulus le prophète fou parcourt la foule en tapant sur un gong : « C’est le châtiment ! Faites pénitence ! La fin des temps est proche » (source)Tintin et l’Etoile mystérieuse par Hergé  Faut-il suivre son conseil ? Peut-être. Mais on peut aussi se reporter à la doctrine traditionnelle du temps cyclique.

Telle qu’on l’a développée en occident, la vision d’un temps rectiligne constitue une anomalie dans l’histoire de l’humanité. Les civilisations traditionnelles postulent le retour d’événements pas forcément identiques mais au moins analogues. C’est le temps qualifié ou temps cyclique.

 

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Dans cette doctrine, la fin des temps correspond au passage d’une forme d’existence à une autre. Il s’accompagne d’événements plus ou moins catastrophiques. De nombreuses données issues de sources traditionnelles hindoue, chrétienne et juive semblent converger pour confirmer cela.

Un certain nombre d’oracles et de prophéties semblent indiquer que nous vivons en ce début de 21e siècle, une période de fin des temps dans sa version eschatologiqueThéologie : Qui concerne l’étude des fins dernières de l’homme et du monde. traditionnelle. Vous aurez compris qu’il ne s’agit nullement de la fin DU monde mais D’UN monde : le nôtre.

Encore que… Selon Joseph de Maistrehomme politique, philosophe, 1753-1821 : « Il n’a pas existé, dans l’histoire du monde, un seul événement important qui n’ait été prophétisé ». Il est vrai que toute prédiction tend à générer les comportements de nature à ce qu’elle se réalise. Castaneda parlerait de la mise en place de l’intention. La prophétie devient alors auto-réalisatrice. 

Selon la tradition hindoue, la période actuelle correspond à la fin du Kali Yuga, l’âge sombre. Un manvantara, un cycle complet de 64 800 ans, se subdivise en 4 Yuga de durée dégressive selon le modèle 4, 3, 2, 1. « Ces quatre nombres qui, réunis par l’addition, produisent le nombre dix, constituent l’Etre, tant universel que particulier. » (source)Fabre d’Olivet, 1767-1825 écrivain, philologue et occultiste français.

Le Satya Yuga  vaut 4. Il correspond à l’âge d’or de la mythologie gréco-romaine. Le Treta Yuga (âge d’argent) vaut 3. Le Dvapara Yuga (âge d’airain ou de bronze) vaut 2. Et le Kali Yuga (âge de fer) vaut 1. La littérature sur ce sujet est souvent contradictoire. Il faut s’accrocher pour trouver une once de vérité dans le fouillis indigeste des commentaires hindouistes. Les travaux de l’indianiste shivaïte Alain Daniélou ont tenté de remettre un peu de clarté dans cette grande confusion.

Ces quatre âges sont les marques d’un obscurcissement graduel de la spiritualité. Au stade ou nous en sommes, les vérités qui étaient autrefois accessibles à tous les hommes sont devenues de plus en plus cachées, recouvertes par des voiles de plus en plus épais.

 

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Seuls quelques éveillés y ont encore accès. Certains retrouvent cet accès par le biais des annales akashiques. Les traditions ont toutes été rompues, seuls ceux qui peuvent retourner à la source peuvent y puiser les données définitivement disparues en kali yuga.

La précession des équinoxes est la rotation cyclique de l’axe de la terre par rapport à la verticale comme le fait une toupie. Son cycle dure environ 25 760 ans. Un chiffre à rapprocher de la durée de l’âge d’or :  25 920 ans. Les quatre âges, à la spiritualité dégressive, s’échelonnent comme suit.

L’âge d’or, ou paradis terrestre, correspond à la présence d’Hyperborée dans le ciel polaire. Il dure 25 920 ans. La spiritualité est alors parfaite, car nos instructeurs y veillent. L’âge d’argent : 19440 ans, âge d’airain, 12960 ans, âge de fer 6480 ans. Période dans laquelle nous sommes, dit-on, depuis plus de 6000 ans.

Pour les dates indicatives, J.Phaure (source)Le cycle de l’humanité adamique, Introduction à l’étude de la cyclologie traditionnelle et de la fin des temps – Dervy qui fait commencer le cycle en 4320 AEC, nous propose 2160. 2030 pour Gaston Georgel (source)Les quatre âges de l’humanité-Arché, qui fait débuter le cycle en 4450 avant notre ère.

Pour l’astronomie et l’astrologie, la période actuelle correspond au passage d’un segment de la précession des équinoxes, l’ère des Poissons, au suivant, l’ère du Verseau. Le problème réside dans l’imprécision du passage d’une constellation à l’autre. L’astronome, géographe et mathématicien grec Hipparque (-190 -120) aurait calculé que nous serions entrés dans le signe du poisson en 128 AEC, ce qui ferait débuter l’ère du Verseau en 2033.

Pour l’église catholique, c’est la fin du cycle des Papes prédite par saint Malachiene profite jamais ! – liste de 112 devises en latin s’appliquant chacune à un pape depuis Célestin II (1113-14) jusqu’à l’ultime pape, Pierre le Romain. Le Pape actuel François – Pierre le Romain selon certains – serait, d’après cette prophétie, le dernier des souverains pontifes avant l’avènement des temps nouveaux et le retour du Messie.Mais non ? Mais si ! On va donc le laisser vivre sa vie et attendre encore un peu pour savoir.

Il est intéressant de mettre en relation ces considérations avec le fait que contrairement à ce que les scientistes tentent de nous faire croire, l’humanité n’est pas forcément dans une démarche de progrès (l’ami Xavier Séguin nous en fait régulièrement la démonstration dans ces pages). De plus, au cours de son existence, elle a témoigné de beaucoup plus d’oubli que de mémoire.

 

 

« De nos jours, si la quantité d’éléments de savoir semble dépasser considérablement tout ce qu’avaient accumulé les civilisations qui nous ont précédé, la plupart de ces connaissances nous laisse sur notre faim quant aux seules choses qui importent: notre place sur terre et notre devenir individuel et collectif « . (J.Phaure).

En fait il semble bien que, nous enfonçant toujours plus loin dans la densité matérielle, nous ayons confondu progrès et confort. René Guénon nous avertit : « Toutes les supériorités dont se targuent les occidentaux sont purement imaginaires, à l’exception de la seule supériorité matérielle ». On constate en effet que les innombrables religions qui existaient sur terre ont laissé place à un seul culte, celui de Mammon.

Jean-Pierre Schnetzler quant à lui termine un de ses articles intitulé Menaces sur la civilisation plurielle par cette formule : « Des dangers multiples menacent un monde satisfait de sa puissance matérielle : bombe atomique, bombe biologique et chimique, bombe démographique. La plus dangereuse est celle qui fabrique les trois premières: la sottise universelle. »

« Stultorum infinitus est numerus« , le nombre de sots est infini. Ou dans la version de Frédéric DardSan Antonio pour les intimes : « Si tous les cons volaient, il ferait nuit« .

Après tout, peut-être la crise que nous vivons actuellement est-elle nécessaire et prélude à l’avènement d’un monde meilleur. Qui vivra verra !

 

Si l’éducation coûte cher, essaie l’ignorance.
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