Le progrès est-il une illusion d’optique due à notre orgueil myope ? Serions-nous accablés d’un don de courte-vue quand il s’agit d’évaluer notre passé ?
Pour George Lukas, « Star Wars » se déroule non dans un hypothétique futur, mais dans un passé reculé. De plus en plus, les mythes actuels font écho aux légendes issues de la plus ancienne tradition. Il se pourrait bien que plusieurs civilisations anciennes aient dépassé la nôtre… Avant les autres, les artistes et les conteurs ont admis un passé technologique : ils sont perméables à la tradition. Pour les êtres moins sensitifs, cette réalité n’est pas acceptable.
On nous a tellement répété que nous étions au sommet de l’évolution que nous avions fini par le croire. Un nouveau catéchisme est entré dans nos têtes : « Nous sommes les meilleurs, nous sommes les premiers. » Mais toutes nos inventions modernes ont déjà eu une histoire ancienne.
Dans la très longue saga de notre espèce, les cataclysmes et les périodes de barbarie se sont succédés au fil des millénaires. Nous ne venons pas en droite ligne de l’homme de Cro-Magnon, qui lui-même n’était pas ce que les paléo-anthropologues nous racontent aujourd’hui.
Loin de là ! Nous ne croyons pas à l’existence des mondes perdus. Nous avons oublié la fabuleuse antiquité de l’aventure humaine. Si certains d’entre nous peuvent admettre l’existence de civilisations passées, la plupart sont persuadés qu’aucune d’elles n’a pu égaler la nôtre, voire s’en approcher.
J’ai bien peur que cette croyance soit une grossière erreur. A l’opposé de nos récentes opinions oxydantales,La faute d’orthographe est volontaire la tradition enseigne que les civilisations successives ne marquent pas un progrès, mais un déclin.
Le mythe d ‘Eden, tel qu’il nous est conté dans la Bible et d’autres livres saints, se retrouve presque à l’identique dans les légendes sumériennes, américaines, africaines ou asiatiques. En les recoupant toutes, on obtient la Saga d’Eden. Voici le scénario biblique : l’homme a d’abord connu le paradis terrestre, dans un état d’innocence initiale, tout en jouissant d’une longévité bien supérieure à la nôtre, et en cultivant des pouvoirs ou dons naturels dont l’homme actuel ignore l’existence.
Et puis vint la perte de l’innocence, sanctionnée par l’expulsion hors de l’Eden. Adam s’est incarné davantage, il a dû travailler pour vivre et Eve s’est mise à enfanter dans la douleur. Ce fut la Chute. Ce conte de fée contient un pâle reflet de la véritable histoire, celle d’un déclin.
Ainsi s’exprime la tradition dans nos cultures les plus anciennes. Ce déclin s’exprime à travers l’algorithme des Quatre Ages ou Quatre Yuga : Or, Argent, Bronze et enfin Fer où nous sommes. Notre civilisation est celle du dernier âge, le Kali Yuga, qui est le pire des quatre.
La civilisation du Treta Yuga (âge d’argent), celle de l’Atlantide, était bien supérieure à la nôtre. Que dire de celle du Krita Yuga (âge d’or), quand les dieux géants étaient parmi les hommes ? Après le Kali Yuga, l’âge de fer, un nouveau cycle recommence avec les survivants. J’appelle ça l’effet Mad Max. C’est arrivé plus d’une fois.
Les changements d’âges sont marqués par des cataclysmes, mais le changement de cycle est sanctionné par un cataclysme planétaire et la quasi-destruction de l’humanité. Les survivants, après un retour à la barbarie, jouissent d’une spectaculaire embellie qui les hisse sur le podium d’un nouvel âge d’or. Ensuite le long déclin recommence, argent, bronze et fer à nouveau. Et le même cycle se répète, interminable. On retrouve ici, très nette, la symbolique de la frise grecque.
Le biorythme individuel se retrouve au plan collectif. L’individu vit les mêmes cycles que sa société. L’élément aqueux prénatal, l’ouverture des poumons du cri primal, la reptation initiale, la marche à quatre pattes, la station debout…
On appelle biorythme toute variation régulière d’un phénomène physiologique. II y a deux types de biorythmes, les biorythmes intérieurs ou endogènes (cardiaque, respiratoire, menstruel, etc) et les biorythmes extérieurs ou exogènes (saisonnier, diurne, etc). L’étude de ces différents biorythmes est l’objet d’une science nouvelle, la chronobiologie.
La vie de l’espèce ressemble à la nôtre, de l’âge d’or de l’enfance à l’âge de fer de la vieillesse… Les grandes lignes de l’histoire de l’espèce humaine vont se retrouver, plus ou moins visibles, plus ou moins développées, dans l’histoire de chaque individu. L’un est miroir de l’autre, infiniment. Tout s’y lit, tout y marque. Jusqu’à l’accélération du temps, commune aux vieilles civilisations et aux vieux individus. Les philosophes expriment ca dans leurs mots à coucher dehors : l’ontogenèse reproduit la phylogenèse.
En clair, ça veut dire que l’histoire d’un individu reproduit l’histoire de sa lignée.
En plus clair : les chiens ne font pas des chats.
Comme la vie des civilisations, la vie d’un individu n’est pas l’histoire d’un progrès, mais d’un déclin. Combien de femmes et d’hommes ont passé leur vie à tenter de retrouver le paradis perdu de l’enfance ? Et combien y sont parvenus, à part Marcel Proust ? N’en déplaise à Darwin, ce paradis perdu n’a rien à voir, de près ni de loin, avec la vie chamailleuse des singes.
Très tôt j’ai compris que ce qu’on nous enseignait dans les manuels avait un côté provincial,sans imagination, qui manquait d’air.