Une réalité géologique s’oppose formellement à la thèse de Platon : voici pourquoi l’Atlantide n’a pas pu être engloutie dans l’océan Atlantique comme il le raconte. La raison s’appelle tectonique des plaques…
Le fond des océans est parcouru par une chaîne de montagnes tout à fait considérables, les dorsales. Le plus souvent invisibles, masquées par des kilomètres d’eau sombre, elles sont pourtant la caractéristique géologique majeure de la terre.
Avec une altitude moyenne de 4500 mètres au dessus du plancher océanique, soit pratiquement l’altitude du Mont Blanc, cette chaîne parcourt la totalité du globe, par zigzags entre les continents. Elle mesure près de 70.000 km de long pour une largeur moyenne de plus de 800 km, ce qui en fait incontestablement la plus longue chaîne de montagnes de notre planète. Mais comme elle est sous-marine, on n’y prête pas l’attention qu’elle mérite. Pourtant bien des merveilles s’y cachent à l’abri des grands fonds.
Une des dorsales se trahit parfois en laissant émerger ses sommets, qui forment les îles pélagiques, c’est à dire les îles du large. Pour la dorsale atlantique, on peut citer l’archipel des Açores ou l’Islande. Terre de glaces et de feu, l’Islande est l’exemple le plus significatif d’émersion de la dorsale océanique et ses nombreux volcans sont autant de foyers d’activité de la dorsale elle-même. Ainsi le scientifique peut observer l’activité d ‘une dorsale sans quitter la terre ferme.
Elément clé de la tectonique des plaques, les dorsales sont les matrices où le magma des profondeurs s’ajoute à la croûte existante. Plus on s’éloigne des dorsales, plus les roches sont vieilles. Comme un tapis roulant, le fond des océans est continuellement recyclé. Ce curieux phénomène évoque un processus biologique, comparable à la mue des serpents. Pourquoi s’étonner qu’elle fasse peau neuve ? La Terre n’est-elle pas vivante?
Autre conséquence : l’action régénératrice des dorsales entraîne le phénomène qu’on appelle la dérive des continents, déjà amorcé il y a 250 millions d’années. Avant cette dérive séparatrice, toutes les terres émergées ne formaient qu’un seul continent appelé Pangée, ce qui signifie toute la terre. La théorie mono- continentale a été imaginée par Alfred Wegener, qui date sa Pangée de 300 millions d’années. Aujourd’hui, l’hypothèse de Wegener est devenue vérité scientifique. Claude Allègre fut à l’origine de cette théorie acceptée par tous, la tectonique des plaques. Depuis, hélas, tout a changé : Allègre ne danse plus la tectonik et reste toujours à côté de la plaque…
Au terme de cet exposé, on est encore plus embarrassé pour situer l’île Atlantide, comme Platon, au beau milieu de l’Atlantique. La dorsale en émergence depuis des millions d’années y interdit la présence d’une grande île. Il paraît tout à fait impossible que l’île se soit enfoncée dans l’Atlantique sans laisser de trace; La dorsale atlantique l’en aurait empêchée. Sans doute faut-il apporter une plus grande attention au Timée, non seulement dans les grandes lignes, mais à la lettre du texte. Faut-il accepter mot à mot le texte de Platon, ou bien le refuser dans son entier si une seule affirmation semble erronée ?
Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Platon n’est pas un rigolo. Ses dialogues ne sont pas réputés humoristiques ni fantaisistes, encore moins je-m’en-foutistes. L’info viendrait d’Homère l’Aède, ou de Pythagore le Singulier, voire d’Héraclite l’Obscur, on y prêterait beaucoup moins de crédit. Mais elle nous a été transmise par le plus sérieux et le mieux documenté de tous les sages de l’antiquité grecque. Alors ? Je vais vous dire ce que j’ai vu. Platon n’a pas menti, ni même brodé ou improvisé. Il nous a fourni toutes les infos qu’il avait en sa possession, scrupuleusement, méthodiquement, comme à son habitude. Il se trouve que l’Atlantide a disparu l’espace d’une nuit terrible où un violent tsunami a ravagé les deux côtes de l’océan Atlantique. Si l’île énorme a disparu, elle ne peut qu’être engloutie. Tout le monde aurait conclu comme le philosophe. J’ai une autre hypothèse, tellement singulière qu’elle en déconcertera plus d’un : et si l’Atlantide s’était envolée ?
Platon ne s’est pas trompé, il a fait une supposition logique, la seule qu’il pouvait concevoir en son temps. Et puis ses sources n’étaient pas de première main. Interrogeons-nous sur les sens cachés, les chances d’erreurs, les malentendus inévitables dans la transmission d’une information sur de très longues périodes de temps, car n’oublions pas que du temps de Platon, la disparition de l’Atlantide remontait à plusieurs millénaires, puisqu’il la date de 10500 AEC. Pour tenter d’éclaircir cette énigme, je m’efforce ailleurs de suivre pas à pas le grand sage antique.
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