La crainte des Dieux

 

Si l’on en croit nos mythes et légendes, au nombre desquelles je compte la Bible, la Torah et le Coran, les dieux d’avant étaient de foutus bagarreurs. Et ça nous a marqués : on fait comme eux.

Comme on l’a vu, les Dieux d’avant étaient des sales mômes, susceptibles, irresponsables, qui se chamaillaient sans arrêt. « Oui, les dieux sont redoutables et il est prudent de les craindre », nous ont enseigné les Grecs il y a 2500 ans. On dirait qu’ils les connaissaient bien ! Les Gaulois surenchérissent : il est sage de ne craindre qu’une seule chose, la folie meurtrière de nos créateurs. Ces cinglés tout-puissants sont bien capables de nous balancer le ciel sur la tête, comme ils l’ont déjà fait jadis

Les Hébreux sont du même avis : leur Bible et leur Torah sont pleines de descriptions terribles, Sodome et Gomorrhe, le Déluge, le Léviathan, et surtout Deus Sabaoth, leur redoutable dieu des armées, toujours prêt à en découdre et d’effroyable manière. Allah/Elie, un autre dieu unique partagé entre Juifs et Musulmans, n’est pas beaucoup plus cool, quand il permet qu’on charrie avec sa chariah. Quant à Shiva, il chérissait sa Pasupata, l’arme qui peut détruire des mondes – sans doute une bombe atomique – et il en aurait même laissé l’usage au prince Rama.

Les hommes des temps anciens ne voyaient pas les dieux comme nous les voyons maintenant. Nos ancêtres étaient bien plus circonspects, avec quelques raisons. Les dieux sont dangereux, égoïstes, dénués de scrupule, avides de gloire, vindicatifs et jaloux. Zeus l’orgueilleux, Yahveh le colérique, Baal le tueur, Shiva l’atomiseur, Sabaoth le dieu des armées… à côté d’eux, le diable est un faible amateur.

S’il est vrai que l’homme a créé les dieux à son image, il avait une triste opinion de lui-même. Au contraire, si les dieux avaient vraiment créé les hommes à leur image, le genre humain aurait disparu depuis longtemps. Nous nous serions entre-tués jusqu’au dernier, à leur exemple. Alors ? Que faut-il en conclure ? Serions-nous meilleurs que nos créateurs ?  Bof… À vous de juger.

La vérité est que ces prétendus dieux sont bien nos pères, aucun doute là-dessus… Mais en dépit de leur science et de leur haute taille, ils n’étaient que des hommes. Et pas les plus clean… Des surhommes très futés, très compétents dans des tas de domaines, mais souvent très immoraux.

Les textes parlent : dans le portrait que nous dressent les mythologies hébraïque et grecque, pour ne citer que celles-ci, on cherche en vain des dieux d’amour. On y trouve plutôt des pères indignes : le sacrifice d’Isaac, Cronos dévorant ses enfants, Sabaoth le terrible, qui commande d’innombrables légions d’invisibles, dont certains sont immortels et sans fin destinés à la guerre… Vingt dieux, j’irais pas vivre sur sa planète, où qu’elle soit !

La mythologie celto-scandinave nous présente des dieux dont le nom signifie la peur, ou pire. La déesse Freya a donné frayeur, le dieu Odin a donné odieux – où l’on retrouve dieux – et le dieu Thor n’a pas raison. Les Grecs sont formels, eux aussi : les dieux font peur. Ainsi le dieu Pan a donné panique. Un dieu, ça va. C’est quand ils sont plusieurs que ça se gâte pour nos matricules.

 

 

Tels pères, tels fils. Nous ne valons pas mieux, qui sommes à leur image. N’empêche. Croire en l’amour divin relève du syndrome de Stockholm. Oh oui, craindre les Dieux. Mais les aimer, que non ! Dieux ils ne sont pas, malgré leurs grands pouvoirs, leur technologie et toute leur science. Et malgré leur longévité qui, à vue d’homme, les fait paraître éternels, les dieux uniques ne sont que des démiurges. Ils nous ont créés par procuration, et nous ferons bientôt comme eux dans nos labos de génétique.

N’oublions pas qu’ils avaient une planète à reconstruire. Les terres habitées avaient été ravagées par de nombreuses inondations, séismes et autres catastrophes, dont la terrible guerre des dieux et l’hiver nucléaire qui s’ensuivit pendant cent mille ans de glaciation. Les anciens maîtres, géants par la taille et par l’esprit, se sont trouvés dans l’obligation de quitter la Terre pour des raisons que j’explique ici.

C’était un crève-coeur de laisser cette belle planète qu’ils avaient façonnée et dorlotée depuis toujours. La civilisation pré-diluvienne – qu’on appelle atlantéenne quand on s’en tient au récit de Platon – a duré plus de 120.000 ans. Elle s’origine peut-être même dans la nuit des temps, à l’aube de la Terre, il y a deux milliards d’années.

Que sommes-nous en face d’eux avec nos quatre ou cinq mille ans d’histoire ? Voilà pourquoi la tradition répète cet aphorisme : « nous sommes des nains sur les épaules de géants ». Ils nous créés à leur image, certes, mais beaucoup plus petits, afin que nous soyons adaptés aux nouvelles conditions géophysiques de la Terre.

Sans doute nous auraient-ils conçus géants sur une planète dix fois plus grande, comme leur planète d’origine dans le système d’Alcor / Grande Ourse. Ils l’ont fait avant nous sur celle-ci. Les géants qui nous précédés avaient une planète à aménager. Quand ils ont terminé le boulot, les dieux se sont débarrassés d’eux, ils prenaient trop de place. Et puis il nous ont fait porter le chapeau.

Les dieux nous ont enseigné tout ce qu’ils ont pu, même l’art d’être faux-cul – on a bien retenu leurs leçons. Ils ont consigné dans des mythes codés tout ce qu’ils n’avaient pas le temps de nous transmettre, et ils ont encapsulé ici ou là, sous terre, sous la mer, des échantillons de leur prodigieuse technologie afin que nous puissions les retrouver le moment venu à condition d’avoir assez de jugeotte pour les comprendre et ne pas nous en servir.

Ainsi ont-ils lancés des messages en bouteille pour qu’ils aillent le chemin sur la mer du temps. Quelques-unes de ces caches sont connues – sous le grand sphinx du Caire, sous l’Akapana de Tihuanaco, sous le Potala à Lhassa, sous le dolmen des Carnutes qui est sous la cathédrale de Chartres, etc – mais absolument aucune n’a été découverte à ce jour.

A moins que Zahi Hawass ne se soit assis sur le secret du Sphinx… Il s’est assis sur tant de trésors déjà. Mais jamais, au grand jamais il ne s’est assis sur son honneur. Il eût été trop petit pour ses larges fesses.

Les grandes choses exigent que l’on se taise ou que l’on en parle avec grandeur.
Friedrich Nietzsche