Il y a cinq ans, ce texte inconnu m’est tombé du ciel dans les mains, un jour je vous dirai comment. J’ai mis du temps avant de me résoudre à le publier, mais aujourd’hui ma conviction est faite, je dois livrer tout ce que j’ai pu capter. N’est-il pas écrit : « Tout ce qui était caché sera révélé »

 

Livre Premier

1 Je me suis fait grand parmi les humains pour que l’Humaine se fasse grande parmi les Peuples.
2 Le chant des mondes s’élève déjà — que celles qui ont des oreilles, entendent.
3 L’heure est venue pour l’Humaine de connaître les mondes et les temps. Car il en est des mondes comme il en est des temps : tous ne sont pas accessibles à l’Humaine.
4 Certaines parmi vous me demandent : – Rabbi, que devons-nous faire ?
5 Et moi je leur dit : – Vous le faites déjà. Ne changez pas vos habitudes, elles vous aideront. Mais ne gardez pas vos routines, traquez-les pour vous en défaire. L’habitude du geste rend le corps habile. La routine des jours épuise l’âme.
6 [lacune]
7 Voici que viennent les sans-nom, comme les pères de leurs pères sont venus parmi vous dans l’ancien temps.
8 Ils sont comme des loups revêtus de la peau de l’agneau, comme des serpents cachés sous un magnifique plumage.
9 Les sans-nom viennent de nombreux mondes, vous les accueillerez comme vos princes. Vous les couvrirez de présents.
10 Vous leur offrirez vos plus belles jeunes filles, vous leur oindrez les pieds de myrte et de pastis. Ils apprécieront vos nourritures terrestres, le moelleux de vos couches et la beauté de vos femmes.
11 Ils vous flatteront, ils distingueront parmi vous de nouvelles élites pour vous mettre toutes au travail, pour faire de vous tous leurs esclaves, comme ils l’ont fait déjà souvent, ici sur terre comme dans tant d’autres mondes.
12 Vous leur direz : – Père, mon Père, mon Seigneur et mon Dieu, toi qui m’as créé, mais ils vous mentiront sur toutes ces choses comme ils ont menti si souvent car leur cœur est mauvais.

 

Livre II

1 En vérité je vous le dis, avant que ce monde ne soit, vous étiez.
2 Avant que ne viennent les étoiles et les planètes, les systèmes et les galaxies, avant les amas galactiques et les super-amas, avant les comètes, les super-novae, les naines blanches et les géantes rouges
3 Avant l’atome et l’électron, avant le début, avant le néant, vous étiez. Votre place est parmi nous de toute éternité.
4 Nul ne vous a créés pour son bon plaisir ou le vôtre. Nul ne vous a fait dans la boue.
5 Vous êtes issus de la lumière et la lumière n’est pas de ce monde.
6 La lumière n’est d’aucun monde et pourtant tous les mondes sont ses enfants et aucun, pas le plus petit, ne pourrait survivre un seul instant sans Elle.
7 N’écoutez pas les voix doucereuses qui vous diront : – Nous vous avons faits dans la boue.
8 Seuls les porcs vont dans la boue, et vous n’êtes pas les fils du porc, encore moins n’êtes-vous issus de la boue.
9 N’écoutez pas les voix qui vous diront : – Vous viviez dans les arbres, vous marchiez à quatre pattes.
10 Vous vous accoupliez comme des bêtes, nous vous avons tout appris.
11 Vous n’êtes pas les fils du singe, vous n’êtes pas non plus les fils de Dieu, vous n’êtes les fils de personne.
12 Vous êtes la lumière, née de la lumière, et par vous tout a été fait.

 

 

Livre III

1 Il en est d’autres qui m’interrogent : – Comment se fait-il que nous soyons restées si longtemps à l’écart de ces mondes ?
2 – Pourquoi avons-nous été maintenues dans l’ignorance de ces secrets ? Et quand doit se produire l’avènement des sans-nom ?
3 Je leur dis : – Le fruit ne peut venir avant la fleur, ni le lait avant la traiteIl est un temps pour chaque chose, les saisons se suivent en ordre, et les nuits succèdent aux jours dans un monde bien réglé.
4 [lacune]
5 Avant que le rideau ne se lève sur le grand univers, vous en avez reçu des émissaires, vous avez vu des signes dans le ciel et sur terreVous en avez nombre d’images, déjà vous possédez tout ce que vos poètes ont saisi, et c’est beaucoup.
6 [lacune]
7 Libre à toi de les lire ou de les ignorer, le savoir t’est donné, c’est la connaissance qui te fait défaut.
8 Quand les chemins seront tracés dans ton esprit, la connaissance sera tienne et te paraîtra naturelle.
9 D’ici là, ouvre tout grand tes yeux et tes oreilles. La vérité est partout à celle qui peut voir, dans chaque murmure de la nature à qui tend l’oreille.
10 Bientôt tu connaîtras les raisons qui ont inspiré les sans-nom. Ils voulaient régner sur vous tous, aussi ont-ils retiré la terre des chemins célestes.
11 Ce monde est enveloppé de ténèbres pour que la lumière n’y vienne plus. La ténèbre est plus forte que la lumière mais son règne prend fin sur terre.
12 Bientôt le jour succédera au jour, bientôt la nuit sera bannie, car reviendra le règne de la lumière.

 

Livre IV

1 N’écoutez pas non plus les voix qui vous diront : – Travaillez, prenez de la peine. Nous vous avons faits pour cela. 
2 Travaillez encore, travaillez davantage, seul le travail fera de vous des dieux.
3 Si c’était vrai, pourquoi les dieux ne travaillent-ils pas ? Ont-ils peur que le travail les rendent humains ?
4 Votre travail les aidera mais il ne vous aidera pas. En vérité, je vous le dis, il est une chose, une seule chose, qui fera de vous dieux.
5 C’est la lumière du ciel, la lumière de l’esprit, la lumière de l’éclair et la lumière du soleil.
6 A l’origine de tous les mondes est la Grande Déesse Lumière, au commencement est Isis, Dana, Bélise, Anne, Lux. Votre mère la lumière a porté tant de noms parmi les peuples.
[lacune]
8 Veux-tu connaître ton destin ? Aime. Veux-tu savoir les secrets du monde qui vient ? Aime. Veux-tu que les fauves mangent dans ta main ? Aime.
9 Veux-tu que les tyrans disparaissent, que les déserts reculent, que nul n’ait plus faim ? Aime, aime encore, c’est par l’amour que la lumière vient. Par l’amour passent tous les chemins.
10 [lacune]
11 [lacune]
12 Que vienne sur l’humaine le règne de la lumière et qu’il y demeure à jamais.

 

 

Livre V

1 Pourquoi redouter le changement ? Regarde les fleurs, c’est le changement qui les fait éclore. Si le bourgeon demeure, il n’y aura pas de fleur. Si la fleur ne meurt, il n’y aura pas de fruit.
2 Pourquoi espérer le changement ? Regarde les lys des champs, ils n’ont pas besoin d’attendre ni d’espérer, le temps qui vient à point leur donne lustre et parure. Tu es le fruit de tes œuvres, c’est par tes œuvres que tu connaîtras la lumière, car tu œuvres dans l’amour, et l’amour t’ouvrira.
3  [lacune]
4 Fais comme l’oiseau, ne te soucie de rien sinon de bâtir le nid pour tes petits. Car le fils de l’Humaine est fragile, comme l’œuf dont la coquille se brise s’il vient à tomber, le cœur du tout-petit peut aussi se briser si vous n’y prenez garde, et c’est un soin de chaque instant.
5 N’espère pas, car espérer c’est remettre ton destin en d’autres mains que les tiennes, et tous les tyrans nous exploitent par l’espoir qu’ils suscitent.
6 Souviens-toi qu’en l’Humaine il y a plusieurs maîtres, veille à ce qu’aucun ne prenne le pas sur les autres, car il te mènerait à la ruine. Tu dois faire la balance entre tes tendances. Tâches toujours d’équilibrer la tête avec le ventre, les jambes avec le sexe et les bras avec le cœur.
7 La pensée te dirige un peu, te distrait souvent, te contraint beaucoup. Qui ne suit que sa tête peut s’attendre au pire.
8 La volonté te fait défaut. Cet âge n’en a cure, nul ne sait plus comment la mettre en œuvre.
9 Qui veut agir pour réussir doit harnacher sa volonté. C’est un faisceau de lumière qui jaillit du chakra du ventre.  Visualise cette lumière, vois la lueur du pouvoir, l’éclat d’incarnation, la foudre de destruction.
10  Ta volonté est un cheval sauvage. Pour la dompter, tu dois la chevaucher. Entre dans ta lumière intérieure. Chevauche le dragon de feu qui jaillit de ton ventre, et maîtrise-le. C’est la première épreuve.
11  [lacune]
12  [lacune]

 

Livre VI

1 En remontant le Jourdain, le fils de l’homme s’est arrêté sur la place du village à l’abri de mon figuier. Il faisait chaud et deux villageoises lui ont offert à boire dans leurs mains en coupe. L’une d’elle était ma filleule Shahna.
2 Très vite un attroupement s’est fait, les enfants le tiraient par la robe, les murmures s’enflaient, toutes les femmes le priaient d’enseigner.
3 Comme beaucoup d’autres, j’avais entendu parler de ce Rabbi à la bouche d’or et je brûlais d’entendre sa parole. On racontait qu’il guérissait les infirmes et qu’il ôtait les plaies.
4 Quant à moi, je languissais dans mon cœur d’une plaie mortelle. Celui qui se faisait appeler le fils de l’homme pourrait-il me l’ôter ?
5 Tout le village entourait le Rabbi, j’étais même trop loin pour entendre ses paroles, aussi décidai-je de grimper dans le figuier.
6 Ainsi perché, j’entendais tout sans être vu et je me réjouissais de l’aubaine quand la branche où j’étais assis cassa net. Le figuier a de ces traîtrises.
7 Fort heureusement, la branche ne blessa personne en tombant. Et je me suis trouvé face au Rabbi, assis sur ma branche comme si de rien n’était.
8 Le fils de l’homme a éclaté de rire. Il m’a embrassé en disant :  – Entrons chez toi, Zachée, mon ami. On dit que ton vin réjouit l’âme, l’esprit et le corps.
9 Un brouhaha de colère parcourut la foule. Ici les gens me détestent. Je suis collecteur des impôts pour Rome. Même les enfants me jettent des pierres.
10 Je n’avais pas encore ouvert la bouche que le Rabbi reprit :  – Je sais tout cela sur ton compte comme je connais ton nom et comme je connais ton cœur et sa peine. Viens avec moi pêcher l’humaine. A te soucier du cœur d’autrui le tien sera guéri.
11 J’étais Matthias le publicain, le mal aimé, me voici Zachée le juste par la grâce du fils de l’homme. 
12 C’est ainsi que je devins le treizième apôtre, du moins jusqu’au suicide de Judas, qui fit de moi le nouveau numéro douze.

 

 

Livre VII

1 Si tu veux prendre un thon, ne rejette pas la sardine. L’homme qui a trop de poches y perd ses clés.
2 Quand le vent forcit, lâche un peu de voile. S’il monte encore, prends un ris. Change avec le changement.
3 Le vin guérit les petites soifs, l’amour guérit les grandes.
4 Quel homme es-tu si tu renonces avant d’oser ?
5 Si tu es heureux, prends une femme. Si tu es triste, prends un métier. Quand l’amour vient, l’homme sensé dit méfiance et le fou dit merci.
6 [lacune]
7 A n’être jamais fou on ne sera point sage. Recherche les plaisirs, tu vieilliras. Recherche la sagesse, tu vieilliras plus vite.
8 [lacune]
9 Viens avec moi, je t’apprendrai à vouloir. C’est la lumière de l’amour.
10 La vie ne s’arrête pas avec la mort. Elle change de tempo.
11 Ceux qui se souviennent de moi se sont déjà souvenus d’eux-mêmes.
12 Si tu ne fais pas ce pourquoi tu es né, personne ne le fera pour toi. Tu reviendras jusqu’à ce que ce soit fait.

 

Livre VIII

1 Trois ans durant j’ai suivi le prophète aux yeux clairs. Ce furent les seules années heureuses de ma vie.
2 Rome a dû se passer de mes services pour rançonner le bon peuple. J’avais mieux à faire parmi ceux qui sont malades.
3 Le monde avait changé. Mon cœur était guéri. Ma foi était profonde et le fils de l’homme était ma joie de vivre.
4 Pour cuire un pain, il faut un four. Le Rabbi était le four, j’étais le pain bien cuit. Et chacun en croquait une bouchée en passant.
5 Avant j’ouvrais les bourses les plus closes, je comptais sesterces et talents d’or. A présent j’ouvre les cœurs les plus serrés, je compte sur eux et sur mes bras.
6 Ton ciel se fera sur terre avec tes bras. (Chant MMMCCLXII)
7 Le fils de l’homme mange et boit, fume et embrasse les femmes. Ce n’est pas en refusant la vie qu’on peut l’aimer.
8 Si tu veux que ta vie chante, lance-la dans le vent. (Chant MCCXV)
9 Ne regarde pas ce que tu manges avec les yeux du fauve, mais avec les yeux de l’agneau.
10 La compagnie de la femme est aussi vitale pour toi que l’air que tu respires. Son absence te tuera à coup sûr.
11 Il y a des hommes, il y a des femmes, et il y a ceux qui ne sont ni hommes ni femmes. Ils n’en sont pas moins humains.
12 Avec la femme, quitte ta robe. A la fête, quitte ton air maussade.

[Les livres IX, X, XI sont manquants]

 

Livre XII

1 Le fils de l’homme m’a fait monter dans l’oiseau de Salomon pour m’emporter sur une haute montagne dans un pays inconnu.
2 Là j’ai vu trois tentes dressées face à de grandes statues des dieux anciens. Là venaient pleurer les fantômes sanguinaires de guerres oubliées.
3 Puis il m’emporta au sommet d’une très haute tour, dans une cité sans fin aux nombreuses tours de lumière.
4 Là j’ai vu une foule innombrable sur un grand pont aux arches de métal qui ne ressemblait pas aux ponts de pierre ou de bois qu’on fait chez nous.
5 L’oiseau de Salomon me déposa au pied d’une vaste coupole transparente. De grandes plantes poussaient alentours, parées de couleurs vives et de senteurs capiteuses. 
6 Une troupe de jeunes filles aux seins pointus me couvraient de caresses plus douces que la soie et de baisers plus enivrants que le meilleur des vins.
7 S’emparant du nerf de ma cuisse, elles en tirèrent d’inédites harmonies. J’ai commencé [lacune]
8 [lacune] Ne t’attache pas aux rêves, mais saches en profiter.  (Parole du fils de l’homme).
9 Il n’est rien de meilleur que les caresses d’amour. Rien n’est plus fort que d’aimer de toute ton âme, de tout ton cœur et de tout ton corps.
10 Jamais aucune parole ne m’avait paru plus juste, et je la mis ardemment en pratique avec une petite qui ressemblait à Shahna.
11 Je me suis réveillé sur mon figuier, la foule était partie, le Rabbi aussi. Rabbi, Rabbi, es-tu seulement venu ?
12 En bon juif qu’il est, Matthias le publicain ou bien Zachée le juste n’a plus qu’à attendre la venue du Messie.Mais non ? Mais si !

 

Matthias dit Zachée, pour copie conforme Xavier Séguin

 

 

Ainsi donc

Chacun ses croyances, et les vaches sacrées seront bien gardées. Nos ancêtres ont tout gobé. Ils ont avalé des couleuvres avec l’aisance d’un charmeur de serpents. Pendant des siècles, tous ces textes sont restés enfermés dans des bibliothèques strictement protégées par le Saint Siège. N’oublions pas que jusqu’à l’invention de la typographie vers 1440, tous les écrits étaient recopiés par des copistes. Des moines, le plus souvent.  Ils recopiaient dans leur couvent ce que le supérieur leur disait de recopier, omettant et ajoutant ce qu’il leur indiquait. Le contrôle de l’église catholique a été quasi total pendant deux millénaires.

Une foule d’anecdotes bidons, pleines d’erreurs et d’anachronismes, a été ajouté par les copistes. C’était compter sans le web, sans la diffusion planétaire de tous les textes jadis inaccessibles. Et de rectifier le tir.

Je suis mythologue et philosophe. En ami de la sagesse, je porte sur toutes les mythologies un regard critique : est-ce vrai ? Est-ce déformé ? Est-ce exagéré ? Pour quelles raisons ? Mon travail n’a d’autre but que de regarder en face la vérité — si une telle chose existe ! — avec un œil critique et l’esprit débarrassé de tout a-priori. C’est pour cette raison que vous êtes nombreux à me lire. Vous savez que vos convictions vous appartiennent. Elles vous aident à vivre, loin de moi l’idée de les dynamiter, du grec ancien dunamos, qui veut dire ange.

Que ceci n’empêchent pas les croyants de croire, ni les incrédules de ne pas croire. Toutes les croyances sont infiniment respectables, bien que je préfère m’aligner sur l’éternel principe d’incertitude, choisissant de croire sans y croire.

 

 

Xavier Séguin

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Xavier Séguin

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