Commencée en 2011, mon enquête sur l’affaire Jésus se poursuit encore treize ans plus tard. C’est que les rebondissements ne manquent pas, ainsi que les auteurs qui prennent la balle au bond et apportent de l’eau à mon moulin. Il est grand temps de faire circuler l’info. Le lecteur avide trouvera plus bas les liens vers les 24 articles déjà pondus sur cette triste affaire qui dure depuis vingt siècles.

 

Combien d’archontes ?

Dans un apocryphe de Nag Hammadi, l’Évangile de Judas, on lit ceci : 

Les douze archontes parlèrent avec les douze anges : « Que chacun de vous […] (lignes perdues)

Le premier est Seth qu’on appelle le Christ
Le deuxième est Harmathoth […]
Le troisième est Galila
Le quatrième est Iobel
Le cinquième est Adonaïos

Tels sont les cinq qui régnèrent sur le monde infernal, et d’abord sur le chaos. (source)Evangile de Judas du codex Tchacos, 51-52, Flammarion 2006 page 53

 

John Lash rien !

Encore un Christ ! Le premier mais pas le dernier. Je note la pertinente remarque de John Lash : Jésus n’est jamais mentionné dans aucun des apocryphes. Il peut donc s’agir de n’importe qui. Le mot christ n’y figure pas non plus, ajoute Lash. Seules s’y trouvent deux lettres XS. Ce qu’on ne peut pas traduire par Kristos, car c’est du copte, pas du grec. Il aurait fallu écrire XC, ajoute John Lash qui traduit XS par le Révélateur. Est-ce une offense ou une flatterie?

« Dans les textes Gnostiques Coptes, les noms de Jésus et de Christ ne sont jamais écrits en plein mais ils sont indiqués par des codes tels que les lettres IS avec un trait au-dessus. Les érudits remplissent systématiquement les espaces, rendant IS par I(eseo)S, la forme en Grec du nom Hébraïque Yeshua. Ils prennent, en fait, de très grandes libertés littéraires car il n’existe aucune preuve textuelle permettant d’inférer que, dans l’usage qu’en faisaient les Gnostiques, le terme IS indiquait une personne historique portant le nom de Ieseos, Jésus.

IS pourrait tout aussi bien être traduit d’une autre façon: I(asiu)S, qui donne le nom Iasius, le “guérisseur”, un titre plutôt qu’un nom commun. Néanmoins, les traducteurs supposent qu’IS indique le Jésus du Nouveau Testament. Les érudits, en bref, ne nous donnent pas la chance de supposer qu’IS puisse indiquer quelque chose d’autre qu’une personne réelle dont l’identité est prédéterminée. »

« Il en est de même pour Christ. Le code pour Christ est XS ou parfois XRS, ce qui pourrait tout aussi bien indiquer Christos ou encore Chrestos. En Copte, cela s’écrit XC, avec un trait au dessus. X est la lettre Grecque Chi et C est la lettre Copte S. Les érudits remplissent XC afin que cela puisse rendre “Christ”, jamais “Christos” malgré que “Christos” soit beaucoup plus cohérent de par la lettre finale S.

Lorsque XC apparaît, par exemple, dans l’Apocryphe de Jean, les érudits mettent le Christos Grec entre parenthèses mais traduisent le terme codé par Christ. Ce faisant, ils identifient automatiquement XC avec l’entité bien connue de la théologie de Jean et Paul.

C’est encore une fois une liberté littéraire. Si l’on considère tous les écrits Gnostiques qui argumentent contre le rédempteur de Jean et de Paul, cette équivalence est extrêmement douteuse. » (source)

 

Comment ne pas approuver ? Un détail me chiffonne cependant. L’auteur semble oublier que christ, avant de désigner Jésus, est un titre porté par une foule de dieux — vrais ou faux. L’empereur Constantin 1er, notamment. Et son éloquente apothéose ! Mais avant lui il y a eu Lugh, Prométhée, Lucifer, Ésus, Apollon, Rama, Orphée, Mithra

Si le christianisme eut été arrêté dans sa croissance par quelque maladie mortelle, le monde eut été mithriaste.

Ernest Renan

 

 

Magouille ?

Orphée fut Christ, et en tant que tel il descendit aux enfers pour en extraire sa bien-aimée Eurydice. Les évangiles canoniques disent du Christ Jésus presque la même chose. Les cathos le récite dans le Credo. Je crois en Jésus-Christ, […] qui a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts…

Pourquoi Jésus serait-il descendu aux enfers ? Marie-madeleine n’y était pas, que je sache. Pour voir les Archontes ? Pour faire la bise à Seth ? Entre christs on s’embrasse…

N’empêche que le texte du credo vient de changer. La descente aux enfers n’y est plus mentionnée. Nouvelle magouille ? Depuis le 1er dimanche de l’avent, 28 novembre 2021, la nouvelle édition du missel romain dans sa nouvelle traduction en français est en usage. 

Le credo est modifié comme suit : Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. [suppression] Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père. 

L’église catholique n’est pas très catholique…

Pas très catholique : peu conforme à la morale ; sujet à caution ; sujet douteux. (source)

 

Imbroglio

Parlons de ces démons qui règnent sur les enfers. Le premier, Seth (en hébreu שֵׁת), est le troisième fils d’Adam, un humain donc, si l’on en croit la Bible :

Seth est un personnage de la Genèse, premier livre de la Bible. Il est le troisième enfant d’Adam et Ève, conçu après le meurtre d’Abel par Caïn. C’est un ancêtre de Noé. Selon la Bible, il vécut 912 ans. Comment un humain pourrait-il se transformer en archonte ?

Harmathoth signifie le peuple (thoth) de Harma. Comme Armageddon? On y trouve la racine harm, blesser.

Galila a donné son nom à la Galilée, province de Palestine. Elle fut la terre des géants. Doit-on en conclure que les cinq archontes soient des géants ? Très probablement.

Iobel est le nom hébreu du dieu gaulois Bel / Bélénos / Belenus. Dans la tradition gallo-romaine et la religion païenne des druides celtes, il est étroitement associé à Toutatis, comme les lecteurs d’Astérix le savent bien. Or Toutatis signifie le Peuple d’Hadès, dieu des enfers romains. Doit-on en inférer que Toutatis et Harmathoth ne font qu’un ? J’incline à le croire… sans y croire.

Adonaios est Adonaï, un des dieux de la Torah. Je ferais mieux de dire un des noms de Dieu, puisqu’il est supposé unique. Dans la Bible chrétienne, ce nom et tous les autres noms sont remplacés par Dieu, du grec Theos, qui signifie Zeus. S’il est un des cinq archontes primordiaux, comment Adonaï pourrait-il être Zeus Dieu ? La mythologie est plus honnête : Zeus n’a rien d’unique.

 

 

Pataquès

Comment un des archontes infernaux serait-il Dieu l’unique ? Comment Adam, un homme, a-t-il pu engendrer Seth, un archonte ? Quant à Jésus, il n’est jamais nommé. Son existence historique est plus qu’improbable.  Comment peut-il être le fils Theos, Dieu ou Zeus ? Pourquoi avoir choisi le nom de Zeus pour nommer un dieu unique ? Les dieux d’avant n’ont rien d’unique.

La doxa chrétienne veut que Jésus soit consubstanciel à son père. Fort bien, mais lequel ?  Joseph ? Il n’est que son beau-père. Notre Père qui est dans l’essieu ? Qu’il y reste, dit Jacques Prévert. Si ce n’est dieu, c’est donc son messager Gabriel ? Marie aurait-elle été fécondée par un archange ? Ou par un archonte ? Allons bon ! Mais ça continue.

Beau-père de Jésus, Joseph appartient à la lignée de David. Comment Jésus serait-il fils de David ? Par son beau-père ? Curieux lien de parenté…

Quel imbroglio !

 

Balivernes

Tout ceci est du grand n’importe quoi. Le brouillard se fait dense sur une doctrine inventée. Les textes mal maquillés sont obscurcis par la mauvaise foi et la suffisance de la hiérarchie. La meilleure volonté du monde ne suffit plus pour croire encore de telles balivernes. Ainsi le Christ règne sur le chaos, il est Seth, premier archonte du monde infernal, c’est donc un mauvais maître. Et comme Jésus se réclame de lui, il ne vaut guère plus.

Comment tant d’erreurs, tant d’approximations ont-elles pu s’ajouter, se soustraire et se multiplier ainsi ? Pour les diviser et les réduire en poudre, il suffit de les soumettre à un examen comparatif. C’est plus sûr que la foi du charbonnier.

Au terme de cette hécatombe, Constantin le Grand reste le seul Christ historique. Un christ très provisoire. Après la chute de l’empire romain, on a déboulonné ses statues, souvenirs pénibles d’une dictature haïe.

Que faire de ses églises, cathédrales, prieurés, monastères, couvents, abbatiales, chapelles, collégiales, collèges et toutes les propriétés de l’église romaine ? D’où l’hypothèse d’une fable bricolée tardivement pour sauver un christianisme sans christ. Il a fallu l’inventer à partir de bien peu.

Hé bin ça dénote ! s’exclame l’ignorant derrière mon dos. Encore un qui confond détonner et dénoter.

 

Grand-mère grammaire

Détonner signifie « sortir du ton » et par extension « contraster, choquer ». Ne pas confondre avec son presque homonyme « détoner », qui signifie exploser avec un bruit violent. D’où détonation et mélange détonant.

Détonner signifie « sortir du ton » et, par extension, « contraster, choquer ». Ce qui sort du ton est détonnant. Ou déconnant, c’est selon.

Dénoter signifie indiquer quelque chose, être caractéristique de quelque chose. Ce verbe doit être suivi d’un complément d’objet direct. Exemples : Des cônes de cendres dénotent une récente activité volcanique. Strictement le mot progrès dénote une marche en avant.

 

Bidouillage

Cette magouille s’est probablement déroulée à la fin du Moyen Age,  pourtant de nombreuses preuves de sa présence, réelle ou imaginaire, apparaissent dès les premiers siècles de notre ère.

L’invention de Jésus serait donc plus précoce. Son personnage composite a été façonné au cours des 10 premiers siècles, il a été modifié bien plus tard et continué à l’être jusqu’à une période récente. Il se peut aussi que certains textes anciens aient été falsifiés par les moines copistes pour y ajouter le nom de Jésus là où il ne figurait pas.

Jusqu’à l’invention de l’imprimerie, les anciens textes étaient confiés aux copistes et aux enlumineurs qui composaient les livres un par un à la main, sous le strict contrôle de l’église catholique romaine. Il était alors facile pour l’évêque ou pour le prieur de modifier le texte que le moine devait recopier.

Pour changer le nom d’Ésus, dieu célèbre à cette époque, il suffisait aux copistes d’ajouter un I devant le nom de l’ancien dieu pour que esus devienne iesus. Le tour est joué, Jésus est né, alléluia ! (lire la suite)

 

Merci Osiris !

Au siècle dernier, de nouveaux textes sont sortis du chapeau magique d’un dieu nommé Hasard — l’Osiris des Égyptiens. Ce sont les codex incomplets de la Mer Morte et de Nag Hammadi dont vient l’extrait cité plus haut.

Ont-ils été trouvés incomplets ? Ont-ils été « incomplétés » pour sauvegarder la doctrine chrétienne en péril ?

Le hasard n’existe pas. Tout ce qui arrive est voulu.

Bouddha

 

Ces codex tombés du ciel ont été jalousement conservés pendant plusieurs décennies par… l’église catholique romaine. Qui a eu tout loisir d’y faire les modifications jugées utiles.  Un jour, sans doute, quelqu’un parlera. La vérité nue sortira du puits, au grand dam des faussaires.

En se focalisant sur les cinq premiers archontes nommés plus haut, on s’étonne déjà que les Sept formant l’Hebdomadaire des Archontes ne soient plus que cinq. Le début du texte parle des douze archontes qui rencontrent les douze anges. Du coup on s’y perd. Cinq ? Sept ? Douze ? Il faudrait savoir.

Si des coupures et des modifs ont été faites dans ces codex, quelle incompétence ! Ou bien ne cherchait-on qu’à amplifier la confusion pour pouvoir ensuite discréditer des textes trop absurdes.

 

Paléo-christianisme

Si le paléo-christianisme a le christ comme figure de proue, il ne s’agit pas de Jésus mais de Constantin 1er, qui a emprunté à Mithra le culte païen à la mode, celui de Sol Invictus, le Soleil Invaincu. Derrière ce nom curieux, c’est Hyperborée qu’il faut voir. « Tous les dieux venaient d’Hyperborée« , a écrit Platon. Ce ne sont pas des affirmations gratuites, comme on va le voir sur l’image qui suit

Il s’agit d’une icône paléo-chrétienne assorties d’un commentaire. Je vais décrypter l’image et le commentaire. 

 

 

Embrouille

Le monastère de Saint Sarkis est un édifice religieux de rite grec catholique melkitevoir plus loin fondé au sommet de la montagne de Mar Sarkis qui domine Ma’loula au nord-ouest de la Syrie. Ce monastère-église fut fondé entre 313 et 325 de l’ère commune à l’emplacement d’un ancien temple païen.

Ce monastère est dédié à Saint Serge et à Saint Bacchus, un officier syrien et son compagnon martyrisés en 305 sous le règne de Dioclétien (284-305) suite à leur refus de renier leur foi et d’accomplir un sacrifice en l’honneur du soleil. (source)

L’Église grecque-catholique melchite, ou Église des rumcitoyens romains d’orient melchites catholiques, est une des Églises catholiques orientales. Le chef de l’Église porte le titre de Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, avec résidence à Damas en Syrie. On se situe à l’époque paléo-chrétienne, juste avant Constantin le Christ, dont le règne commence en 306, l’année d’après ce martyre.

Pourquoi ces officiers ont-ils été martyrisés ? Parce qu’ils ont refusé deux choses : abjurer leur foi et accomplir un sacrifice à Sol Invictus. Les commentaires l’affirment, mais le doute plane. Est-ce vraiment la foi chrétienne qu’ils refusaient de renier ? Ou quelque autre foi païenne encore très répandue à leur époque ? Face à un tel brouillage de cartes, il faut savoir douter de tout.

Le doute est un état mental désagréable, mais la certitude est ridicule.

Voltaire

 

Le règne de Rome

Pourtant l’empereur sacré l’année suivante va réhabiliter le culte du Grand Soleil Vainqueur, Sol Invictus. Avant de se faire adorer lui-même en tant que Christ, sauveur des hommes. Acclamé Kristos par la foule obéissante, Constantin s’est cru adoubé par tous les dieux d’avant, du haut de leur grand vaisseau en vol stationnaire à 200km au-dessus du pôle nord…

Tous les dieux venaient d’Hyperborée.

Platon

 

L’église catholique n’est pas romaine pour rien. Et tant qu’il y aura un Pape au Vatican, le règne de Rome perdurera.

 

Rome et l’empire

 

 

L’affaire Jésus

 

Xavier Séguin

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Xavier Séguin

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