L’origine du racisme

La biologie l’affirme : il n’y a pas de races différentes au sein de l’espèce humaine. Il y a des noirs, des jaunes, des rouges, des blancs, des roses, des beiges, des bistres, des bruns, des dorés, mais la couleur ne fait pas la race. On ne devrait pas dire l’espèce, mais la race humaine, car il n’y en a qu’une.

Les autres races humaines ont aujourd’hui disparu, comme les Néandertaliens ou les Homo Erectus. L’espèce humaine serait donc constituée de toutes ces anciennes races, qui se sont éteintes, croit-on. Même si le doute subsiste sur l’extinction des Néandertaliens. Comment ont-ils disparus, ces hommes de Néandertal ? Extinction naturelle pour des raisons climatiques ? Ou bien nos ancêtres ont-ils aidé un peu le climat pour en finir avec des cousins encombrants ? Là-dessus, aucune certitude, seulement des hypothèses.

 

De l’hypothèse  à la science

Une hypothèse ne devient scientifique qu’après avoir été vérifiée par des faits indiscutables. Et même alors, un doute subsiste sur la justesse de l’hypothèse. Car les mêmes faits peuvent étayer des hypothèses bien différentes, rien ne dit que l’hypothèse retenue soit la bonne. Il n’y a pas de science sans hypothèses. Encore faut-il que les hypothèses soient variées et libres de tout préjugé. Ce qui n’est jamais le cas de nos jours, pour une bonne raison : le catéchisme darwinien façonne les esprits scientifiques. Il interdit toute hypothèse qui diverge de la pensée dominante. Et ce diktat ne se limite ni aux sciences de l’évolution, ni même aux sciences humaines. Toute la science est infectée par le même virus. La science est devenue religion.

Quand elle présuppose la croyance, la science n’est plus la science. Pour admettre que la somme des angles d’un triangle est égale à 180°, pas besoin d’avoir la foi, il suffit de mesurer. Nous sommes bien d’accord. Mais l’avez-vous fait ? Il faut quand même de la croyance pour accepter que la règle des 180° s’applique à tous les triangles, personne n’a pu les mesurer tous.  J’ai un caillou dans la main, si j’ouvre la main, le caillou tombe. La physique quantique suggère la possibilité qu’une fois, comme ça, de façon totalement imprévisible, le caillou s’envole au lieu de tomber.

La théorie quantique met à mal toutes nos certitudes. Ce qui est totalement imprévisible, inédit, impensable devient tout à fait possible. Le sol se dérobe sous les pieds des chercheurs, et c’est une bonne chose. Leur sol était fait de croyances invérifiables, de préjugés absurdes, d’a-priori scandaleux. Puisse le règne quantique s’étendre aux sciences qui le refusent. Au moins, la physique quantique ne deviendra jamais religion : elle signe leur obsolescence à toutes.

La techno fut une danse, elle est un culte planétaire et ses fruits connectés sont la nouvelle religion à la mode. L’université confond scientifique avec scientifiquement acceptable. La science refuse sans procès ni état d’âme les hypothèses invraisemblables — jugeant invraisemblable tout ce qui fait hausser les épaules d’un universitaire. Pour moi, c’est ce gars-là qui est invraisemblable. Anachronique. Le serpent se mord la queue, l’universitaire aussi. En tout cas il devrait. Ça lui donnerait la souplesse qui lui manque.

Mais je m’égare. Rassurez-vous, mon propos n’est pas perdu, l’origine du racisme ne peut se comprendre, telle que je vais la raconter, qu’après avoir intégré le panorama du savoir scientifique actuel et les a-priori qu’il insémine dans nos cervelles. C’est le moment de vous couper la tête et de passer en pilotage automatique. Laissez l’intelligence du ventre et l’instinct, sagesse du corps, vous guider sur la piste raciale, racialiste et raciste.

 

Hitler fils de Dieu

Vous allez penser que je fais de la provoque et vous aurez raison, j’en rajoute un chouïa. C’est que j’ai besoin de toute votre attention. Pourquoi Hitler ? Ce type est un grand malade, un pervers polymorphe sans doute impuissant. Les fureurs du führer font moins peur que pitié. Les yeux globuleux injectés de cocaïne, la ridicule crotte de moustache, la gueule ouverte du chien loup pour aboyer sa rage, ce chétif a fondé un grand reich qui devait durer mille ans. Il n’a pas tenu plus d’une décennie.

Mais Hitler s’est tout de même pris pour Dieu. La violence obscène de ses châtiments l’a vite entouré d’un halo de terreur que certains ont pris pour une aura. Hitler n’aurait pu mettre en œuvre sa solution finale et procéder à l’élimination de millions de juifs s’il n’avait pas rencontré des partisans, des fidèles, des followers. D’où l’intense sentiment de culpabilité qui étreint encore le peuple allemand responsable. Ce qui n’empêche pas l’insupportable arrogance de ce peuple tant qu’il se croit sans conteste, à l’évidence, la race élue.

Bande de connards, puisqu’on se tue à vous dire qu’il n’y a pas de races ! Il y a des Allemands, des Français, des Juifs, des Arabes, des Mongs, des Peuls, des Maoris, des Yanomanis, des Guatémaltèques, des Thaïs et des Moldaves, mais pas de race ! Non, non, nenni, hennit la génétique. Ni les savants qui nie l’évidence, ni les nenni n’arrêtent Hitler. Ni son Eva, Nazie dans le métro. Le dernier, bien sûr. Mais les ponts n’ont pas sauté. Notre Dame n’est pas tombée. Paris n’a pas brûlé. C’est Hitler qui a grillé vif dans le cinéma de Quentin.

Adolf le petit Juif autrichien voulait purger la terre des races inférieures. Vaste programme ! En commençant par la race nazie, on aurait gagné du temps. Vous m’avez compris, il n’y a pas plus de race juive que de race aryenne, de race élue ou de race nazie. N’empêche que les dieux d’avant ont fait pareil — vous savez, les astronautes venus sur leur vaisseau-mère pour terraformer cette planète. Vous allez kiffer l’épisode. Sauf si vous êtes un scientifique universitaire, mais dans ce cas, filez vite ! Ne prenez pas le risque de vous ouvrir l’esprit, ça peut tuer. 

Des races adaptées

Quand les terraformeurs sont arrivés dans leur énorme vaisseau mère, ils ont trouvé la Terre dans un état lamentable. Ça se passait il y a trois milliards d’années, la terre était toute jeune et complètement sauvage. La Genèse biblique décrit cette visite comme le premier jour de la création. Avec leurs grosses machines et de puissants explosifs, ils ont tracé le cours des fleuves, déplacé les montagnes, asséché les marais. Ils sont venus à plusieurs reprises depuis lors. Pour la Genèse, ces visites successives sont les sept jours de la création. Sept interventions décisives ont permis d’aménager une planète sauvage pour la rendre habitable. La NASA veut terraformer Mars en quelques décennies, voire quelques siècles, quelle suffisance ! Avec une technologie mille fois plus avancée que la nôtre, les dieux ont mis trois milliards d’années à faire le boulot sur Terre.

La septième visite des dieux sur leur vaisseau-mère Hyperborée a couronné leur chef d’œuvre : c’est alors qu’ils ont créé notre espèce, la cinquième humanité. La chose s’est étalée sur pas mal de temps; ils ont procédé par essais-erreurs, corrigeant le tir à chaque fois, jusqu’à aboutir à cette merveille que vous êtes, que je suis, que nous sommes. Merci les aliens, vous avez fait du bon boulot ! Même si quelques détails laissent encore à désirer. Ces gens-là sont pragmatiques. Des pros. Seul importe le résultat. Généticiens hors pair, ils avaient besoin de main d’œuvre spécialisée, ils ont créé in vitro des races aux qualités adaptées à leur mission future. Du sur-mesure. C’est plus fort que l’eugénisme d’Hitler, ça, madame.

Les premiers nés, les Noirs d’Afrique, ont eu deux tâches essentielles. Primo : travailler dans les mines à extraire l’uranium, l’or, et tous les minerais nécessaires au développement d’une civilisation planétaire. Secundo : les Noirs ont un code génétique qui les rend, plus que d’autres races, aptes à se battre. Ils sont la chair à canon des dieux d’avant, leur armée d’élite. Notons que les premiers venus étaient des femmes, qui ont été créées longtemps avant les hommes. Des femmes noires, bien bâties, athlétiques et de grande taille, parfaitement adaptées à leur double mission : la castagne et le plaisir des dieux.

Les Blancs étaient destinés au travail d’ingénieurs et d’inventeurs. Les Jaunes étaient chargés de la gestion financière et du commerce. Les Rouges étaient la race des guérisseurs, des chamanes et des magiciens. Et enfin les Bleus, race noble qui a disparu, étaient l’élite formée au commandement. C’est dans cette race que furent recrutés les premiers empereurs, Rama, Krishna, Dionysos, Gilgamesh et consorts. Cette répartition en race a été constamment améliorée par la génétique et la sélection. Les premiers essais de création d’une espèce adaptée, Homo Erectus, Néandertal etc. ont été impitoyablement exterminés par leurs créateurs, qui n’avaient jamais le moindre état d’âme. Pour eux, tous les moyens étaient bons qui menaient à leur fin : aménager une planète viable, y installer des espèces animales et végétales approriées, et enfin, couronner le tout en y mettant le point d’orgue, une espèce évoluée, créée à leur image et leur ressemblance, afin de continuer leur œuvre. Nous sommes les jardiniers de ce jardin et les gardiens de ce zoo.

Où il y a génétique, pas de plaisir éthique

Les dieux généticiens avaient fait du bon travail, ils ne voulaient pas que les hasards des accouplements inter-raciaux ruinent leur long effort. Alors ils ont inventé la notion de race pure, et les tabous qui vont avec. Interdiction formelle des mariages inter-raciaux. Punition : la mort sans phrases. Tant que la reproduction a été assurée par les dieux dans leur labo, la pureté des lignées était garantie. Mais quand nos ancêtres ont commencé à se culbuter dans les fourrés, le risque de détérioration génétique est devenu trop grand. Cet épisode est aussi conté dans la Genèse : Adam et Eve croquent la pomme fatidique et découvrent qu’ils sont nus –et aussi que leurs sexes servaient à autre chose qu’à faire pipi… mais ça la Genèse ne le dit pas.

Le racisme est donc une invention de nos chers créateurs, invention nécessaire pour protéger les caractéristiques de chaque race. Les dieux nous ont donné des couleurs différentes et des signes distinctifs apparents afin que le métissage soit aussitôt démasqué. Il était puni de mort, pour les fautifs et leurs bâtards. Les dieux ne rigolent pas avec la terraformation. A nous de réagir, renversant ce vieux tabou idiot qui n’a plus de raison d’être. A nous de nous métisser tant et plus, jusqu’à ce que nos peaux soient déclinées sur toute la palette des couleurs possibles. Jusqu’à ce que nos apparences ne soient plus des caractères raciaux, mais des coquetteries individuelles. Alors, quand il n’y aura plus de race, il n’y aura plus de raison de haïr la différence. Nous aurons détruit ce poison dans l’œuvre des dieux odieux. Qui se confond avec celle du monstre nazi…

C’est peut-être le coeur qui s’ouvre, baby groove.
Michel Jonasz