Le moi supérieur

Moi supérieur, double astral, dieu intérieur, enfant intérieur, âme, ange gardien… que de mots pour décrire une seule réalité ! Que d’approches parfois tordues pour accéder au cœur de soi-même ! Tout ce qui peut se faire simplement, sans aide extérieure d’aucune sorte, sans expérience particulière, a été mentalisé, labellisé, disséqué, momifié, pétrifié, complexifié à l’infini par des générations de cerveaux lents.

Coupez-vous la tête, oubliez toutes ces conneries, acceptez de devenir qui vous êtes. Les experts en analyse qui travaillent trop du chapeau n’ont le plus souvent aucune expérience concrète de ce dont ils parlent. La vie qui palpite, avec ses mystères qu’on ne peut comprendre qu’en en faisant l’expérience, voilà pour eux autant de sujets qu’ils donnent en pâture à leur cerveau calculateur. Sans avoir jamais eu l’envie d’y goûter dans leur chair.

Pourtant il est si simple de fermer les bouquins fumeux, d’oublier les paroles vides et les avis gratuits, pour entamer l’exploration de notre propre intériorité. Ce travail personnel est indispensable pour le cherche-lumière. Il révèle une vérité si simple qu’un enfant peut la comprendre. Il faut choisir : être universitaire ou uni vers Cythère. Ce choix de vie appartient à tout un chacun.

Uni vers l’amour

Uni vers Cythère, unifié par l’amour. J’ai expliqué comment on peut devenir complet en unifiant les trois personnes qui nous composent idéalement : le corps, le cœur et l’esprit. C’est le sens profond du message chrétien, le dieu trinitaire qui réunit trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit. La trinité antérieure, celle des Celtes, était moins misogyne : Le Père, la Mère, et l’Enfant.

Mais le message caché reste le même. En unifiant vos trois personnes, vous devenez divin. Le Père est le corps, la Mère est l’esprit et l’Enfant est le cœur. Amie lectrice, ami lecteur, tu as compris ce qu’il te reste à faire. Comment t’y prendre ? C’est très simple en vérité. Le catalyseur de cette union et le ciment qui la rend durable s’appelle l’amour. C’est la loi du Fils. 

Quand cette union se réalise, quand vous devenez conscient de votre corps en laissant parler votre cœur, alors seulement le mental s’efface pour laisser place à l’Esprit. Le mental est un autre nom pour l’ego. Dès qu’il lâche prise, votre âme vous fait la grâce de s’incarner. Cela s’appelle l’éveil. En quoi consiste-t-il ? Vous savez sûrement qu’il est dû à une montée d’énergie.

Dans la terminologie hindouiste, on dit que la kundalini, l’énergie d’éveil,  monte le long de sushumna, le canal central de l’énergie subtile. Pour que cette montée soit possible, il faut d’abord que tous les chakras soient ouverts et fonctionnent de manière optimale : alors les lotus déploient leurs pétales mobiles, les petits moulins font tourner leurs ailes. 

Dans le chemin de vie que dessinent les 22 arcanes majeurs du Tarot initiatique, l’ouverture des chakras se passe à l’arcane XV Le Diable. Le chakra de base, le chakra sexuel, le chakra du ventre, le chakra du cœur, le chakra de la gorge, le chakra du front se sont ouverts les uns après les autres.

Quand l’ultime chakra, celui de la fontanelle, s’ouvre à son tour, c’est l’arcane XVI La Maison-Dieu. L’énergie de la kundalini émerge au-dessus du crâne et brille de mille feux : l’éclat des mille pétales du chakra sommital. Cette lueur appelle aussitôt la Kundalini céleste, qui s’incarne. L’être s’éveille grâce aux lumières de l’Esprit.

Les réalités intérieures ont été décrites de beaucoup de façons différentes, elles ont reçu de nombreux noms. Ainsi cette Kundalini céleste que je viens d’invoquer a été nommée le Moi supérieur. Selon les religions, les époques et les circonstances, on l’appelle aussi le double astral, le Dieu intérieur, l’enfant intérieur, l’ange gardien, le loa, le daimon, etc.

On peut lui donner des noms encore plus prestigieux : la Source, le Saint Esprit, Dieu, l’Être de Lumière, Yahveh, le Seigneur, Saint Michel Archange, Jésus Christ, Allah, Wakan Tanka…  En fait, l’individu éveillé atteint la première marche de l’éveil. Il lui en reste six autres à gravir pour devenir Bouddha.

Tout au long de cette ascension, l’amour vous fait la courte échelle. Je parle de l’amour inconditionnel. Au-delà de l’amour sexuel ou de l’amour du cœur, l’amour inconditionnel met en œuvre tous les chakras.

S’y unissent l’amour-énergie du centre de base, l’amour physique du chakra sexuel, l’amour-plénitude du chakra du ventre, l’amour-rayonnant du chakra du cœur, l’amour-magique du chakra de la gorge, l’amour-connaissant issu du troisième œil, l’amour divin issu de la fontanelle.

Les deux moi

Il y a trois personnes en nous, et il y a aussi deux moi. Le moi ordinaire, celui que vous êtes dans la vie quotidienne — et le Moi supérieur, de nature divine. Son espace est la perfection. Sa nourriture est spirituelle. Son horizon, illimité. Son action, permanente. Quand il s’incarne, le petit moi lui cède les commandes. Face à Lui, l’ego ne fait pas le poids. Il déguerpit.

Les Tibétains ont coutume de dire que l’ego est le seul aspect de notre être qui ne connaît jamais l’éveil. Pour que le Moi supérieur descende en moi, il faut que l’ego soit absent. Tout du moins, s’il est encore là, il doit être en sourdine.

On consacre la première moitié de sa vie à se forger un ego solide, et la seconde moitié à s’en débarrasser. (Carl Gustav Jung)

Trop d’ego empêche l’éveil, l’absence d’ego entraîne la mort du corps. Nous sommes des êtres de chair, l’ego est nécessaire à notre survie. C’est le sens de la parabole des deux saints, Saint Michel et Saint Georges. Ils ont tout deux affaire au dragon de l’ego, mais ils se comportent différemment.

Saint Michel terrasse le dragon. Il tue son ego. Il peut le faire, il n’est pas humain, il ne risque rien en s’en débarrassant. Saint Michel est un archange. Saint Georges, pas contre, n’est qu’un homme, tout saint soit-il. Il ne peut tuer son ego qui l’accompagnera jusqu’à sa mort. C’est la règle. Alors que fait-il ? Il se contente de le tenir à distance au bout de sa lance.

Voilà la tâche du guerrier de lumière. Tenir son ego à distance. Chaque fois que le guerrier se laisse aller à une bouffée égotique, son Moi supérieur disparaît aussitôt. Et d’autres punitions, cuisantes parfois, ont tôt fait de le remettre dans le droit chemin. Il se prend une baffe, pas trop dure, mais toujours cuisante.

Et s’il ne comprend pas tout de suite, s’il s’entête dans son erreur, la deuxième baffe sera beaucoup plus dure. Errare humanum est, sed perseverare diabolicum. L’erreur est humaine, mais la persistance est diabolique. 

L’éveillé, ou a fortiori l’initié, n’a plus à se tracasser pour connaître le chemin à suivre. Il n’a même plus à se préoccuper de sa direction. L’Intention le prend en main, l’Energie le pousse en avant. Il est sur un tapis roulant. Sa destinée l’emmène vers les cimes. Bien sûr, il peut toujours descendre du tapis roulant pour essayer un autre chemin. Mais l’expérience se terminera soit par un abandon de la Voie, soit par un prompt retour au bercail, honteux et confus. L’ego qui l’a poussé à sortir du tapis roulant s’estompe alors et déguerpit la queue entre les jambes. C’est alors que le Moi supérieur redescend prendre les commande. E la nave va. Et vogue le navire.

 

L’histoire humaine est un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.
Shakespeare