Étrusques et Yoroubas, un tel rapprochement peut sembler incongru : les Étrusques habitaient le nord de l’Italie, ils ont cédé la place aux Romains dont ils furent les tuteurs, tout comme les Tuatha dé Danaan l’ont fait pour les Celtes; tandis que les Yoroubas sont une ethnie d’Afrique de l’Ouest, toujours bien présente de nos jours. Quel rapport peut-il y avoir entre deux peuples si différents ?
La bonne question serait : sont-ils si différents qu’il y paraît ? Certaines croyances communes entre Étrusques et Yoroubas accréditent une filiation commune, héritiers de la même culture atlantique. Ce sont deux peuples frères, ayant longtemps vécu ensemble sur l’île d’Atlantide ou sur le sol américain, et qui sont rentrés dans leurs terres ancestrales à la disparition de celle-ci.
Les Yoroubas ont regagné l’Afrique de l’Ouest, les Étrusques ont rejoint l’Italie du Nord, où ils ont transmis le flambeau de leur antique culture à un peuple émergent, les Romains.
En effet, c’est une louve étrusque qui a nourri les jumeaux Romulus et Rémus, mythiques fondateurs de Rome. Dans l’ancienne Irlande, les Tuatha dé Danaan ont rendu le même service aux Celtes : ils les ont éduqués et instruits avant de quitter cette planète…
Au siècle dernier, le chercheur allemand Leo Frobenius a fait un rapprochement saisissant entre les Étrusques et les Yoroubas. Selon lui, l’Etrurie comme le pays Yorouba sont deux provinces d’une antique civilisation atlantique qu’il identifie avec l’Atlantide de Platon. Héritiers des Mégalithiques et des Atlantes, la civilisation méconnue des Étrusques était installée en Italie du Nord avant les Romains. Le pays Yorouba, l’ancienne côte de l’or, correspond, on l’a dit, au Nigeria, plus le Bénin et le Togo.
Frobenius souligne que les deux pays, pourtant fort éloignés, partagent « cette idée fondamentale de la foudre jaillissant des seize régions du ciel. » Il évoque « cette conception « fulgurale » que les Étrusques transmirent aux Romains. » (source)Leo Frobenius, Contes Kabyles Communs aux Étrusques et aux Yoroubas, les seize grands dieux dont les demeures se trouvent aux seize directions du ciel, d’où le partage des villes en seize quartiers reflétant les seize cieux et la personnalité des seize dieux.
« Tout cela est la projection de seize figures archétypales : les seize figures de l’Oracle de Fa, lui-même issu de la très ancienne géomancie. » (source)Leo Frobenius, Contes Kabyles
L’Oracle de Fa n’évoque pas la note de musique, mais la déesse Fa ou Ifa, une des seize divinités Yoroubas. Fa préside à la voyance et à la divination à travers un rituel qui se pratique encore. Les autres divinités Yoroubas, comme par hasard, rappellent les dieux grecs, étrusques ou aztèques. Tout se passe comme si une source religieuse et culturelle unique avait présidé à la mythologie atlantico-méditeranéenne. Qu’on en juge avec cette comparaison des panthéons grecs et yorouba :
À Ouranos dieu du ciel correspond Obatalla dieu du ciel ; à Héphaïstos dieu de la forge correspond Ogoun dieu de la forge ; à Poséïdon dieu de la mer correspond Olokun dieu de la mer ; à Athéna déesse libératrice et protectrice correspond Ifa déesse libératrice et protectrice.
À Zeus, dieu des dieux et père d’Athéna, correspond Shango dieu des dieux et père d’Ifa. Avec un destin singulier cependant : si Zeus est censé veiller encore sur les dieux, par contre Shango s’est pendu. Allons bon ! Les dieux yoroubas ne sont pas immortels ? En tout cas le dieu Shango s’est pendu avant de quitter ce plan pour vivre sa mort en bon esprit qu’il est.
Où est le problème ? Les dieux sont décidément des hommes comme les autres. N’oublions pas que le pays yorouba connaît les loas, les envoûteurs et les zombis : ici s’origine le vaudou haïtien et la macumba brésilienne.
Ici chacun descend d’une des seize divinités, selon sa date de naissance. Toute sa vie, il lui rendra un culte. Mais il n’y a ni castes ni système clanique, puisque les enfants d’une même famille peuvent être issu de divinités différentes. Ici la tradition n’est pas un obstacle social, mais un atout. Chacun peut enrichir les siens de sa propre richesse intérieure, issu de sa tradition singulière. Eshou, Exoú, est un autre esprit (Orisha, orixá) d’origine africaine, issu de la tradition Yorouba.
Il est l’orixá central du candomblé brésilien, que l’on retrouve dans le vaudou sous le nom de Papa Legba, ou encore Exou, Esou, Eshou, Bara, Legbá, Elegbara, Eleggoua, Alouvaiá, Bombo Njila, Pambou Njila. On le retrouve au Bénin et dans l’ancien royaume du Dahomey à Ondo, Ilesa, Ijebu, Abeokouta, Ekiti, Lagos. (source) Les Etrusques, pour le peu qu’on en connaît, suivaient une religion similaire. Faut-il y voir une vraie tradition astrologique fondée sur seize signes au lieu de douze ?
En tout cas, il s’agit assurément d’un souvenir d’Atlantide, mère patrie des Etrusques et des Yorubas. Autre piste : les seize directions du ciel ne montreraient-elles pas que les dieux yoroubas sont venus de la mer ? S’il y a un endroit où il importe de diviser l’horizon en seize directions, c’est bien le vaste océan. De tous temps, les navigateurs ont fait figurer sur leurs cartes marines ce symbole de leur état, qui est aussi leur plus sûr allié sur le désert liquide, la rose des vents.
Le Soleil de Vergina — dit aussi Etoile de Vergina, Etoile de Macédoine, ou Etoile d’Argead — est le nom de ce motif en étoile ou soleil stylisé à seize rayons. Découvert en 1977 lors de fouilles à Vergina, en zone grecque du nord Macédoine, par l’archéologue Manolis Andronikos. Il l’a découvert sur un larnax d’or dans les tombes des monarques de l’ancien royaume de Macédoine. « Le larnax — en grec ancien Λαρναξ — est, dans la Grèce antique, un petit cercueil, boîte ou récipient fréquemment utilisé pour recueillir des restes humains. » (source)wikipedia
On y retrouve les seize directions du ciel chères aux dieux yoroubas, qui étaient probablement des marins du grand large pour qui l’orientation était vitale. Des marins venus de l’autre rive de l’Atlantique, il y a 9000 ans. Voilà qui pourrait expliquer les nombreuses similitudes culturelles qu’on peut trouver entre les deux rives de l’Atlantique sud. D’autres auteurs ont souligné l’existence d’une vocation maritime en Afrique de l’Ouest pendant la protohistoire; il s’agit notamment de Harry Bourne (source)qui cite aussi Paul Johnstone (Seacraft in Prehistory 1980) et McGrail (ib. & The Ancient Boats of Northwest Europe 1987). ou plus près de nous, de Pathé Diagne.
Bourne a montré que les anciens Yoroubas usaient d’une rose des vents. Quant aux Etrusques, leur culte des seize directions, seize divinités accrédite aussi leur origine transatlantique, comme les Tuatha dé Danaan. Des Etrusques, on ne sait pas grand-chose, sinon qu’ils ont été les initiateurs d’un peuple guerrier qui deviendra l’Empire Romain.
On sait aussi que ce peuple était constitué de deux ethnies, une noire, et une blanche, qui vivaient en bonne intelligence comme le montrent la plupart des fresques ou des mosaiques étrusques dépeignant la vie quotidienne en Etrurie. Et des Tuatha, on ne sait rien, sinon qu’ils ont joué le même rôle de formateurs auprès des Celtes.
De miettes en miettes, un nouvel empire se reconstitue sur les ruines d’un autre temps. A ceux qui se préoccupent d’identité nationale et qui voudraient restaurer dans le coeur de chaque Français la fierté d’un passé glorieux, on peut suggérer cette piste : en réalisant la fusion des deux courants qui ont fait l’Europe, à savoir la tradition celte et la loi romaine, la France gallo-romaine illustre du même coup l’unification de deux traditions post-atlantes, celle des Tuatha et celle des Etrusques.
À travers l’union sacrée des Celtes et les Romains, la France est une lointaine héritière de l’Atlantide. Comme l’Afrique. Et comme l’Amérique… Unies dans un nouveau commerce triangulaire. Pour le meilleur, cette fois-ci ? Unissons-nous, soyons unis sur terre. Nos alliances sont nos richesses. Nos fusions créent la diversité, gage de renouveau et de développement. N’ayons pas peur des différences, en s’additionnant elles multiplient leurs bienfaits. Seule la peur divise.
L’avenir l’avenir Ouvre ses jambes bleues Faudra-t-il en mourir Ou bien n’est-ce qu’un jeu ?