Carnac et Karnak

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Il est des noms de lieux qui se ressemblent, sans qu’on s’en étonne outre mesure. En plus des noms, si les lieux se ressemblent aussi, on se pose des questions. 
 
Carnac en Bretagne et Karnak en Egypte font partie de la première catégorie : leur nom se ressemblent si bien qu’ils n’en font qu’un. Mais tout le monde vous dira que les lieux sont bien différents. Il est vrai que le rude soleil d’Egypte est loin du crachin breton. Pourtant, le saviez-vous ? on trouve des palmiers en Bretagne, tout pareils à ceux d’Egypte. Et la ressemblance ne s’arrête pas là. Voyons ce qu’en dit Wikipédia :

Le complexe religieux de Karnak —abusivement appelé temple de Karnak ou tout simplement Karnak— comprend un vaste ensemble de ruines de temples, chapelles, pylônes, et d’autres bâtiments situés au nord de Thèbes, aujourd’hui la ville de Louxor, en Égypte, sur la rive droite du Nil. 
Le complexe de Karnak, reconstruit et développé pendant plus de 2 000 ans par les pharaons successifs, de Sésostris Ier au Moyen Empire à l’époque ptolémaïque, s’étend sur plus de deux km². Composé de trois enceintes, il est le plus grand complexe religieux de toute l’Antiquité.(source)wikipedia
 
 
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Sur le même mode chiant-mais-vrai, j’ai pondu ce pastiche :  Le complexe religieux de Carnac —abusivement appelé alignements mégalithiques de Carnac ou tout simplement Carnac— comprend un vaste ensemble de menhirs, de cromlechs, d’allées couvertes et de dolmens situés à Carnac, dans le Morbihan, en Bretagne Le complexe de Carnac, reconstruit et développé pendant plus de 4 000 ans par les grands druides successifs, s’étend sur plus de huit km². Composé de quatre alignements principaux comptant plus de mille menhirs et autres édifices religieux, il est le plus grand complexe religieux de toute l’Antiquité.
 
 
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Je puis certifier que tous les mots du pastiche sont exacts, et nous renvoient à une évidence. Si Karnak était la première et la plus vaste université sacrée d’Egypte, Carnac fut la première et la plus vaste université druidique de Bretagne. Peut-on y voir un hasard ? Non, puisqu’il n’existe pas. Il faut y voir une filiation. Le Musée du Louvre lui aussi ouvre des succursales en France et dans le monde, car son autorité artistique a fait de lui une marque, un label de goût et d’excellence. 
 
Je crois que l’université druidique de Carnac en Bretagne pré-celtique fut longtemps la seule source d’éducation dans l’Europe redevenue sauvage. Les jeunes gens fortunés venaient de toute l’Europe y étudier les préceptes, les théorèmes, les lois, la marche des astres, le chant sacré, la transe, et autres doctes sapiences de la Vieille Religion. N’en soyez pas surpris, il s’est passé exactement la même chose, longtemps après, en Egypte. A l’époque pré-celtique, des druides et des savants de l’actuelle Bretagne sont allés ouvrir une succursale en Egypte actuelle, et cette succursale, au fil du temps, est devenue la plus célèbre université antique, Karnak, qui a conservé le nom de l’université fondatrice : Carnac.
 
Et Carnac, justement ? Pourquoi l’a-t-on oubliée ? Le Celte était une langue déjà antique dans l’Antiquité. Issu en droite ligne de la langue divine des Hyperboréens, la langue celtique originelle a été longtemps considérée comme sacrée, la langue initiatique par excellence. Pour supporter cette qualité, le Celte devait rester langue orale. Dans la conception sacrée en effet, l’écrit est vil, il souille le pouvoir sonore de la parole, le timbre et la couleur de la voix. Souvenons-nous de la parole biblique : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était Dieu. » Depuis les humains avisés ont cherché Dieu dans la musique et la transe musicale.
 
 
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Les druides, comme les oulémas, usaient toujours du par-coeur et faisaient apprendre des milliers de vers magiques et de formules scientifiques à leurs élèves. Qui, à leur tour, devaient s’engager à ne point écrire un mot de cette éducation. Ou pour mieux dire, de cette initiation. Tel est la pratique du secret. Puisque le Celte ne s’écrivait pas, nous avons oublié cette langue, son vocabulaire, sa grammaire, son accent. Nous n’avons plus que le breton pour nous guider. D’autre part, nous ne possédons aucun document précis et détaillé sur la vie et les moeurs des Celtes et de leurs druides. La seule source celtique vient d’Irlande, c’est le corpus légendaire de Lugh, Cuchulainn et leurs pairs, une épopée passionnante mais trop courte…
 
Sinon il faut se diriger vers Rome et son plus fameux général, Jules César, qui a conté par le menu ses campagnes militaires pour annexer les Gaules à l’Empire Romain. Seulement César n’est pas objectif. Il rabaisse ses ennemis Gaulois, il en fait des bêtes féroces sans religion, des guerriers repoussants et barbares, et dépeint leurs druides comme de tristes sires pratiquant sans pitié ni mesure toutes sortes de sacrifices, y compris le sacrifice humain. Amusant de voir César s’indigner d’une pratique si courante chez lui à Rome ! Les victimes des fauves ou des gladiateurs dans les arènes, est-ce en Bretagne que ça se passait ? Je crois que non.
 
Bref, nous n’avons comme source détaillée que le journal de campagne d’un général arriviste et politique, plein d’ambitions impériales, qui tenait à donner au Sénat tous les gages de son héroïsme et du bien-fondé de sa guerre de conquête. Car les sénateurs romains, comme tous les êtres cultivés du bassin méditerranéen, savaient très bien à quoi s’en tenir sur la Celtie, ses universités, ses druides, son raffinement, sa mode, son orfèvrerie, sa ferronnerie, son art martial et ses chants magiques.
 
 
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La plupart d’entre eux avaient fait leurs études à Carnac et à Karnak, ils avaient pu apprécier le savoir et la noblesse des druides. Pour eux, les massacres de Jules César avaient quelque chose de choquant, un sacrilège. D’où le dénigrement et les mensonges du général sans scrupule. En l’absence de documentation fiable, il nous reste les noms de lieux, les pierres polies par le temps, et les rêves qui les animent.
 
 
Regarde le soir comme si le jour y devait mourir, et le matin comme si toute chose y naissait. Sage est celui qui s’émerveille.
André Gide