Les sept initiations

 

Les Celtes et les Gaulois avaient leur vie rythmée par sept initiations, une tous les sept ans. Ce chiffre n’est pas choisi au hasard : on change de goût tous les sept ans, disait Loulou. Toutes les cellules de notre corps se sont renouvelées dans le même intervalle de temps. La tradition initiatique remonte aux Hyperboréens. Encore répandue dans l’antiquité, elle a laissé des traces vivaces.

 

Les initiations sacrées servaient à marquer des seuils dans l’évolution d’un individu. Au fil du temps, elles ont été remplacées par des cérémonies religieuses, des examens scolaires ou universitaires, des grades dans des ordres laïcs. Quelques confréries pseudo-initiatiques – francs-maçons, rosicruciens, hermétistes ou autres – les ont rétablies sous une forme bien éloignée de leur signification originelle. Croyant les remettre à l’honneur, ils les ont mises à la honte.

Quand la vision intérieure fait défaut, les rites sont vides et inopérants. Bien des sages leçons du passé lointain ont été obscurcies et souillées par des ignorants. L’ignorance est le premier complot contre l’avenir de l’espèce. Elle trahit, implacable, et dénature ce qui est pur. Les initiations ont particulièrement subi ses outrages.

Voilà pourquoi il me semble utile de rappeler la version originale, à savoir les sept initiations celtiques, tout du moins celles sur lesquelles j’ai quelques lumières. Elles s’échelonnent de 7 ans en 7 ans, de la naissance à la maturité, soit 42 ans.

De nos jours, initiation signifie découverte, comme dans stage d’initiation au macramé. Les initiations sacrées des Celtes et des peuples premiers étaient à l’opposé sur l’échelle du plaisir. Les candidats forcés devaient subir des épreuves à la limite de la résistance physique et morale.

 

Première initiation

La naissance est incontestablement la toute première initiation. Contrairement à celles qui suivent, elle est donnée à tous les vivants. S’ils vivent, c’est qu’ils sont nés. Et qu’ils mourront. Rien à dire d’inédit sur cette initiation-là, que vous connaissez aussi bien que moi.

Si ce n’est que j’ai pratiqué les transes profondes de remémoration pendant près de deux décennies, j’ai audité de nombreux revécus intra-utérins parce qu’il s’y trouvait des engrammes. Jamais je n’ai rencontré d’engramme lié à la naissance. Il faut croire que le fœtus souffre davantage que le nouveau-né.

Cette première initiation n’est pas accompagnée d’ingestion de drogues, comme la suivante. C’est seulement à partir de la troisième initiation que la prise de psychotropes devient un élément décisif du rite. Les drogues utilisées ont été énumérées dans un autre article.

 

Deuxième initiation

A 7 ans intervient la deuxième initiation, le baptême celte, par immersion et adoubement à l’épée. Cette pratique se retrouve sous une forme ou sous une autre dans de nombreuses religions et cultures de l’ère précédente. Encore actuellement, chez les catholiques, c’est l’âge de la communion privée. C’est aussi l’âge de raison, si l’on en croit la tradition.

Chez les Celtes, le baptême était célébré par le plus jeune des druides. Il avait lieu dans une fontaine sacrée, où se produisaient des guérisons miraculeuses attribuées à Belisama.

De nos jours, les mêmes fontaines sont consacrées à la Vierge Marie comme elles l’ont été jadis à la déesse Belisama, dont le nom composite se décompose ainsi : Bel – Is – Ama. Bel comme Belenos et Baal, Is pour Isis, et Ama, déesse mère des Chinois, des Amazones et des Hyperboréens, qu’ils écrivaient aussi Ana ou Ann, oui, comme la déesse Dana-Ann des Tuathas d’Irlande.

 

Ama gao

Au cours de mes séjours en extrême orient, j’ai pu constater sa survivance à l’autre bout du monde. Ama est restée la déesse mère protectrice de Chine du Sud, comme l’indique l’étymologie de l’ex colonie portugaise de Macao, contraction de Ama-gao, le port de la déesse Ama. Une nourrice ou une servante qui s’occupe d’un jeune enfant est appelée une ama en cantonnais.

C’est la vérité qui libère, et non les efforts qu’on fait pour être libre. (Jiddu Krishnamurti)

 

Troisième initiation

A 14 ans, l’initiation du jeune guerrier se faisait avec trois épreuves : dominer la peur, dominer le froid et dominer la douleur. Le jeune guerrier passait une nuit d’hiver seul et nu, sans manteau ni couverture, pour une veillée d’arme sous une allée couverte dans la forêt profonde.

Au matin, le druide de son village entaillait et lacérait la poitrine du jeune homme avec une longue épée ornée de symboles, les trois cercles concentriques pour celui qui était déjà éveillé, ou les trois cercles entrelacés en triangle pour l’apprenti. Ensuite, l’épée lui était remise. Il devait la nommer, la chérir et l’entretenir tout au long de sa vie.

Sur les plaies, le druide ou plutôt le vate posait un cataplasme de sel et bridait les plaies ouvertes pour que les effroyables cicatrices terrorisent les futurs adversaires du jeune guerrier. Inutile de décrire la douleur de l’initié qui doit la surmonter en se riant d’elle.

Qu’est-ce qu’un vate ? Le vate, dans la société celtique protohistorique est un membre de la classe sacerdotale, au même titre que les druides et les bardes. Le vate est un devin, il s’occupe plus particulièrement du culte, de la divination et de la médecine. (source)

Les Celtes et les Gaulois combattaient torse nu, pour afficher leur cicatrices initiatiques ou reçues au combat, montrant ainsi leur mépris total de la douleur et de la mort.

Des adversaires redoutables, écrira Jules César dans sa Guerre des Gaules dont je ne saurais trop recommander la lecture. René Goscinny, père d’Astérix, en avait fait son livre de chevet.

Ces rudes gaillards méprisaient la douleur et la mort. Nous n’en sommes plus là. Le douillet et le divin consolateur nous ont ramollis. Le souvenir est resté quand même. Maintenant chez les catholiques, c’est l’âge de la communion solennelle. Rien de guerrier ni de viril là-dedans, mais l’étape est encore marquée.

 

Quatrième initiation

21 ans, âge qui doit rappeler quelque chose aux anciens. « En France, la majorité civile est fixée à 18 ans depuis le 5 juillet 1974 . Auparavant, et ce depuis 1792, elle était fixée à 21 ans. Aujourd’hui, l’âge de la majorité civile en France est aussi celui de la majorité matrimoniale et de la majorité pénale.« 

Comme le baptême celtique à 7 ans, les Petits Mystères étaient systématiquement pratiqués sur tous ceux qui atteignaient cet âge, à l’équinoxe de printemps. Mon benefactor disait que dans toute société sacrée, le nettoyage engrammique se fait à cet âge charnière entre l’adolescence et l’âge adulte.

Chez les Celtes et les Gaulois, 21 ans était l’âge minimum requis pour devenir chef de guerre. Dans certaines tribus, cette charge ne pouvait s’acquérir avant la cinquième initiation, soit sept ans plus tard. Tout dépendait de l’importance de la population et des talents des jeunes. Aucune règle sans exception, telle était la conception celtique des lois. On comprend d’où vient le fatras fouillis fourre-tout qu’est le Code Civil…

On a perdu le contenu spécifique de cette initiation ainsi que des suivantes. Je ne peux que vous exposer leur propos, en attendant qu’un de mes voyages sur la ligne de temps ne m’apporte les infos qui manquent. Si vous avez des lumières sur cette question, je suis preneur. Utilisez la rubrique contact.

 

 

Cinquième initiation

28 ans – Majorité pour les hautes charges : chef de clan celte. Mais cette majorité pouvait être abaissée pour éviter l’absence de chef, donc la dissolution du clan.

Toutes les infos sur cette étape initiatique seront les bienvenues ! Utilisez la rubrique contact.

 

Sixième initiation

35 ans – Pas grand chose à dire (pour l’instant !) au sujet de cette initiation, sinon que c’était l’entrée dans la vieillesse à l’époque gauloise. Souvenez-vous de l’évangile de la nativité : « Quand Joseph fut un vieil homme, il prit pour femme la vierge Marie, la reine de Galilée. » Le vieil homme en question n’avait que 30 ans !

On ne vivait pas vieux en ce temps-là. Ainsi quand Jésus a été crucifié, il avait 33 ans. Un vieil homme pour l’époque. Pourtant on peut voir à Srinagar, au Cachemire Indien, le tombeau d’un dénommé Ieschua, prophète venu d’occident et mort à un âge avancé…

 

Septième initiation

42 ans – Encore moins à dire sur cette initiation tardive, du moins pour ce qui concerne l’antiquité. Dans certaine obédience hermétique dont je tairai le nom, c’est l’âge requis pour devenir grand maître de l’ordre. Il y a tout lieu d’y voir une survivance des 7 initiations celtiques.

Mon benefactor se plaisait à dire que 42 ans est l’âge limite au delà duquel on ne peut plus recevoir l’initiation de l’arcane XIII, à savoir les petits mystères d’Isis. Pour les grands mystères, il n’y a pas de limite. Encore faut-il en avoir les compétences… Avoir traversé le feu de l’enfer, être sorti du tombeau, avoir flambé comme un genièvre, être mille fois tombé, mille fois s’être relevé.

Les Sept Initiations constituent sept épreuves dont le guerrier doit sortir victorieux. Il se jette à corps perdu dans l’aventure car sa vie et sa mort ne sont plus un problème. Il a déjà pris sa mort pour conseillère. Il a effacé son histoire personnelle. Il a reçu sa danse et son chant de pouvoir. Il a poli les aspérités de son caractère par la longue fréquentation des petits tyrans. Il suit la Règle non écrite et se comporte en guerrier impeccable. Il attend le don de l’Aigle.

Que risque le guerrier, à part sa vie ou sa mort ? (Carlos Castaneda)

 

C’est une force que les forts qui ne l’ont pas appellent faiblesse, une sagesse que les sages qui ne l’ont pas appellent folie, une lumière que les aveugles qui ne l’ont pas appellent obscurité.
Lanza del Vasto