En 1981, j’ai été amené à travailler en Écosse pour une communauté extraordinaire, celle de Findhorn. Avec un compère, nous étions chargés de sonoriser une maison. Nous n’y avons passé que trois jours, mais j’ai pu découvrir ce lieu magique et l’apprécier.

Tout commence vingt ans plus tôt, en 1962. Le monde se remet à peine de la crise des missiles cubains — une guerre évitée de justesse — et se prépare à entrer dans le délire de la Beatlemania. C’est alors que le couple Eileen et Peter Caddy s’installe dans une caravane sur la côte de Moray, en Écosse.

D’énormes légumes

Les Caddy auraient pu se poser en victimes. Vidés de l’hôtel où ils travaillent, ils n’ont à leur disposition qu’une caravane sur un lopin de terre sableuse. Les propriétaires du Cluny Hill Hotel ne leur laissent pas grand’ chose. Juste de quoi survivre. Les Caddy plantent des légumes qui grossissent à vue d’œil. Surprise totale. D’où vient ce miracle ?

Les Caddy se le demandent. Ils n’ont pas choisi l’endroit. Ils ont échoué là dans leur caravane, point final. Et voilà que cette pauvre terre battue par les vents se met à produire des légumes incroyables ! Mine de rien, le licenciement de ce couple modeste va devenir l’une des grandes synchronicités de notre époque. Les Caddy sont à l’origine du mouvement New Age, au titre de pionniers de la grande réconciliation des hommes avec l’énergie cosmo-tellurique.

Optant pour une vie simple, ils cultivent leurs propres légumes sur cette terre ingrate, sans grand espoir. Et tout se met à pousser de façon hallucinante. L’affaire s’ébruitent, les médias nationaux s’y intéressent, publiant des photos de ces énormes légumes. Le couple a déjà compris que ce lieu est tout à fait particulier.

Ancienne secrétaire à l’hôtel Cluny Hill, Dorothy Maclean vient de rejoindre le couple.  Avec elle, ils lancent la Fondation Findhorn. Une communauté s’y développe. Fait notable, ses trois piliers sont des femmes : Eileen Caddy, son amie Dorothy et Sheena Govan, la première femme de Peter. Sheena n’a pas été impliquée directement dans Findhorn, mais elle avait déjà formé une communauté ailleurs, à laquelle ont participé Eileen et Dorothy. Elle a ainsi semé la graine d’une communauté alternative à Findhorn.

Eileen est l’inspiratrice et le guide de la communauté tout au long de son développement. Née à Alexandrie, en Égypte, elle a vécu en Mésopotamie. Au cours d’une crise personnelle, c’est sur cette terre d’Eden qu’elle a retrouvé sa nature divine. C’est la plus marquante des trois fondateurs : elle, Peter et Dorothy. Mère spirituelle de ce lieu de vie, elle n’a cessé d’incarner l’âme de la communauté. Findhorn a été surnommé le « Vatican du Nouvel Âge« . Ce nouveau Vatican a eu sa Papesse, Eileen la Grande Prêtresse.

Findhorn et Alaise

En France, il y a un autre site du même genre : Alaise dans le Doubs, qui est considéré comme l’épicentre européen des énergies cosmo-telluriques antiques. Serait-ce un Findhorn français ? Si on compare les deux sites, on trouve d’étranges ressemblances.

Les travaux d’Alphonse Delacroix et de Xavier Guichard montrent des similitudes topographiques : proximité de rivières, collines profilées… À quoi s’ajoute un autre point commun, la référence à l’antiquité. Alaise est dédié à la déesse grecque Rhéa. Et d’une certaine façon, le site de Findhorn l’est aussi. N’y cherchez pas la déesse Rhéa. Il y a déjà la « Mère des dieux« , Eileen Caddy elle-même.

Dans les années qui suivent, la Fondation achète l’ancien hôtel et le parking pour caravanes. Peu après, les radiesthésistes repèrent un point vibrant sur le site : la convergence de 5 lignes de force positives ou Ley lines. Les communautaires décident alors de construire une salle de réunion à cet endroit. Elle aura la forme d’un pentagone. À l’aide de piquets, ils marquent le tracé du pentagone.

Le lendemain, ils trouvent les piquets arrachés et éparpillés. Ça se répète jusqu’à ce que l’un d’eux ait l’idée de recalculer les lignes. Leur tracé était faux, décalé de deux mètres par rapport à l’épicentre. Rectification faite, tout rentre dans l’ordre. Les piquets restent où ils les ont plantés. Dorothy croit que les légumes ont grossi avec l’aide des élémentaux ou des « devas » de la nature, comme elle les appelle – les fées auraient-elles arraché les piquets ?

Cluny Hill

En 1981, avec un copain, je fais un petit boulot pour Brugh Joy, un gars plutôt intéressant, membre de Findhorn. Nous devons installer un système audio dans leur collège de Cluny Hill. Nous y sommes restés trois jours, mais comme Brugh n’avait pas vraiment besoin de notre aide, nous avons eu tout le temps d’explorer les lieux.

Le collège, c’est l’ancien hôtel géré par les Caddy. Il appartient désormais à la Fondation. D’après leur tracé des Ley lines, les 5 lignes de force sont d’inégale puissance. Cluny Hill est situé sur l’une des plus fortes, qui rayonne vers le sud à partir du point nodal. Encore une fois, pas de coïncidence !

À l’époque victorienne, le bâtiment abritait un centre d’hydrothérapie. Comme par hasard, la lumière ambiante y est plus douce, d’une qualité différente de l’ordinaire. Ça me frappe à maintes reprises. Pas de doute, les toubibs victoriens ont bien choisi leur emplacement.

Cluny Hill a un effet apaisant, c’est indiscutable. Des groupes de bénévoles y travaillent dans une harmonie parfaite, des visiteurs participent à des ateliers dans la plus grande sérénité, et la cantine commune sert le plus étonnant des repas. J’étais encore un gros balourd rock ‘n’ roll. Au premier dîner, je prends deux petits pains végétariens. Grossière erreur. Comme les « lembas » de Tolkien, ces petits pains sont hyper nutritifs. Ils m’ont gavé.

Le repas fini, plein comme une outre, je vois que mon copain regarde autour de lui. L’assemblée garde le silence. On dirait une bande de télépathes. Ils se rassemblent tout à coup pour une minute de méditation, puis se dispersent aussi soudainement, toujours sans bruit. Ça fait un drôle d’effet, comme si nous étions deux enfants au milieu d’adultes étranges. Au milieu d’une bande d’aliens … Dans une atmosphère moins cool, on aurait pu avoir peur.

Le chantier se termine. Notre camion chargé, ils nous montrent le « village » sur la route avant de nous faire visiter le bâtiment hexagonal; leur hall universel qui était encore inachevé. Tout avait été construit par des bénévoles, ce qui donnait un charme vraiment impressionnant. Beaucoup de belles pierres, et des bois aux tons chauds. On nous a montré le système audio en cours d’installation. Des décennies plus tard, j’ai découvert que l’un des installateurs était Duncan Roads, devenu par la suite le rédacteur en chef du magazine Nexus Australie.

La Salle Universelle

Venons-en au plus étrange, à ce qui dérange : le point fort de la Salle Universelle, avec sa forme pentagonale. Les résidents se sont procuré un cristal de quartz pentagonal lui aussi. Ils l’ont encastré dans le sol, au centre de la salle, juste à l’intersection des lignes de force. Ce cristal faisait vibrer toute la salle d’une façon étrange et très perceptible.

Avant notre arrivée, ils avaient mis sur le toit un paratonnerre en spirale. Mais pas n’importe où. Pile à la verticale du cristal. A partir de ce moment, certaines personnes sensitives ne pouvaient plus entrer dans la salle tant l’énergie était puissante. Insupportable, en fait. Ils ont donc démonté le paratonnerre.

Le paratonnerre en spirale avait été installé deux ou trois semaines seulement avant notre visite. Peut-être restait-il une amplification d’énergie résiduelle. Juste pour voir, je suis resté cinq minutes sur le cristal en espérant que cela me ferait du bien. Aucune sensation particulière. Mais je ressens encore l’impression que j’ai eue : ça valait vraiment le coup d’essayer.

Nous sommes rentrés chez nous vers le sud, assez impressionnés par l’endroit et les très bonnes vibrations qu’on y avait ressenties. Un peu déçus aussi de constater qu’en nous, rien n’avait changé…

Il suffisait d’attendre un peu. On appelle ça l’effet retard. Pendant les trois jours suivants, je suis entré dans la danse. J’ai vécu une extase délicieuse, j’avais l’impression de marcher à quelques centimètres au-dessus du sol. La sensation était la plus étrange, un peu comme un trip de psilocybine mais sans champignons.

Ces trois jours de délire, les mots ne peuvent pas vraiment les décrire mais je veux en dire plus – ma conscience s’étant développée au-delà de mon corps physique, j’étais chargé d’une énergie si pure et d’une fréquence si élevée que j’ai prié pour qu’elle dure toujours. Des hallucinogènes comme le LSD et la psilocybine absorbent notre énergie. Nous sommes fatigués après notre voyage. Alors qu’il n’y a eu aucune perte d’énergie pendant ou après ces trois jours magiques, j’étais constamment rafraîchi.

Cette expérience unique est restée gravée dans ma mémoire. J’y ai souvent repensé depuis. Malheureusement, le fleuve de la vie n’est jamais repassé par ici. La seule chose que je peux en dire : c’était trop cool.

L’avis de Rhéa

Depuis sa création, Il y a eu de nombreuses soirées musicales dans cette Salle Universelle. Tous les genres musicaux ont été représentés, classique, romantique, folk rock et pop. Les Waterboys y ont joué à plusieurs reprises, le chanteur soliste Mike Scott habite désormais sur le site. Juste au-dessus de ce point d’énergie.

À ceux qui se demandent ce que la déesse Rhéa penserait de ça, je veux lire ce texte trouvé au hasard du web. D’après Appolonios de Rhodes « Son culte se servait des chants et des danses pour provoquer une extase religieuse. La danse de transe se faisait sur une mélopée rythmique et tapageuse, accompagnée de tambourins, de boucliers et de cymbales« . (source)Apollonios of Rhodes, cité par Richard Hunter, tr., 1993. Jason and the Golden Fleece (Oxford: Clarendon Press), livre II, p. 29f.

Si vous voulez mon avis, je crois que Rhéa est d’accord. Elle se trouve bien à Findhorn.

 

John Windlesham

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John Windlesham

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