Les rafales d’orage ravage les cimes de l’Oural. La pluie la plus violente s’abat quand ça lui chante, puis cesse toute apparition des mois durant, faisant du sol venteux un désert de poussière. Un jour, une nuit, les orages reviennent enfin, roulant tout sous leurs coups. L’eau ruisselle, le ciel tonne, la pluie n’en finit plus. Tel est le paradis que mon oncle a choisi pour m’enchaîner à vie.
Ici, sur les hauteurs d’Arkaïm, l’antique cité qui fut le tout premier refuge des Titans nos ancêtres quand ils ont débarqué sur cette planète sauvage. Triste symbole. Nul n’aurait pu trouver pire endroit pour punir un Titan.
Je suis fautif, il est vrai. Moi, Prométhée, j’ai berné l’oncle Zeus. Oui, je l’avoue, je me suis bien foutu de sa gueule. Tonton a fait le museau. Je n’aurais pas dû ricaner. Il a tant gueulé, si bien chialé, si fort piaulé que la Reine s’est laissée fléchir. Héra a levé sa protection, me livrant à la fureur de son consort. Avec une clause de clémence : Héra promet qu’un humain pourra me libérer. Tant qu’il me tient, Zeus n’en a cure. Nu, couvert de chaînes, je fus transporté sur ces montagnes haïes.
Depuis cent ans, mille ans peut-être, je me dessèche et me détrempe aux vents mauvais d’Oural. Mais il y a pire. Chaque nuit que fait la Reine, ma douleur est farouche. Un aigle fond sur moi, qui fouaille mes entrailles. Le zélé rapace me croque le foie, qui chaque fois repousse, car Zeus est un malin doublé d’un fourbe. Si sa rouerie est notoire, sa rancune l’est aussi. Il joue l’aigle et se venge à loisir. Pour m’être payé sa tête une ou deux fois, il s’est payé deux cent mille fois mon foie. Privilège de concubin royal.
Comme lui pourtant, je suis Titan. Terrible est ma puissance que la haine attise. Zeus est mon oncle, il me connaît et il me craint. Des chaînes d’airain et d’orichalque, alliage que je ne peux briser, me clouent à ces rochers. Si mon corps est prisonnier, mon esprit vagabonde à son gré, nul ne peut le contraindre.
Le rêve est mon domaine, j’en suis maître absolu, nul lieu n’est hors d’atteinte, nul esprit ne me résiste. J’ai trouvé un humain pour me délivrer. Avec le soutien de la Grande Déesse, j’ai guidé cet humain d’exception. Aguerri aux arts martiaux, prompt à la lutte mortelle, ce géant sans peur a terrassé les plus forts de ses pareils. Prouesses de gymnase. J’ai d’autres projets pour lui. Douze projets. Héra m’a promis son aide, elle tiendra parole.
Les années ont passé. Hercule m’a donné entière satisfaction. Il a accepté les douze missions périlleuses que je lui ai assigné par la bouche de la Grande Déesse Héra. Jamais il n’a failli. Nul humain, monstre ou démon n’a eu raison de sa bravoure et de sa force. Son habileté le rend bon négociateur. Sa jugeote l’a souvent tiré d’un mauvais pas. Mais sa stature et sa vigueur sont à coup sûr ses meilleurs atouts.
Tout d’abord, il a étouffé le terrible lion de Némée, que nul trait ne peut atteindre, car sa peau est impénétrable. Le lion a couiné, le cou s’est plié, les vertèbres ont craqué, Hercule est rentré chez lui. Premier travail accompli, mention très bien.
Ensuite, il a tué l’hydre de Lerne, foutu monstre aux cent têtes : chaque fois qu’on en tranche une, elle repousse aussitôt. Venir à bout de ce cauchemar ne fut pas chose aisée, Hercule l’a fait. Il est rentré chez lui. Deuxième travail accompli, mention très bien.
Après, il a capturé la biche de Cérynie aux sabots d’airain et aux bois d’or, l’indomptable créature sacrée d’Artémis, qu’il a mise dans son sac et qu’il a ramenée chez lui en sifflotant la marche de la légion. Troisième travail accompli, mention très bien.
Pour faire bon poids, il a capturé aussi l’énorme sanglier d’Erymanthe, et il l’a ramené chez lui, vivant. Moi ça me la coupe, mais lui, tranquille. Quatrième travail accompli, mention très bien.
Sans s’en faire, il a nettoyé les écuries d’Augias, et c’était pas de la tarte : elles n’avaient jamais été nettoyées avant, ça schlinguait comme l’enfer, sans compter l’odeur. Cinquième travail accompli, mention très bien.
La route est longue jusqu’à douze, Hercule tient la corde. Il jette un rapide coup d’oeil à sa check-list.
Voyons voir ce qu’il en est…
« Tuer les oiseaux du lac Stymphale aux plumes d’airain » – en évitant si possible de s’en prendre une volée dans le corps; ça coupe, une plume d’airain.
« Dompter le taureau crétois que Minos n’a pas voulu rendre à Poséidon » – posez-y donc, j’y vais de ce pas.
« Capturer les juments de Diomède » – simple intermède. On les dit mangeuses d’hommes, mais je suis plus qu’un homme, en somme.
« Rapporter la ceinture d’Hippolyte, fille d’Arès et reine des Amazones » – pas de problème, je foutras ma zone, et je vas draguer la belle Hippopo.
« Vaincre le géant aux trois corps Géryon, et voler son troupeau de bœufs » – oui, mais ça commence par un troupeau de boeufs, et puis on vole une douzaine d’oeufs.
« Rapporter les pommes d’or du jardin des Hespérides, que garde Ladon » – l’a donc rien d’autre à foutre, cet âne ? Je m’en vas le jeter bas, les pommes d’or sont à moi.
« Descendre aux Enfers et enchaîner Cerbère, le chien aux trois têtes » – ça ne va pas traîner. Si je ne suis pas remonté dans deux plombes, ne m’attendez pas pour déjeuner.
Douze travaux finis, mention très bien pour chacun. Maintenant, maintenant même, il est prêt pour la grande aventure, qui verra mon élargissement.
Libre !! Moi, Prométhée, je serai libre d’aller à ma guise et tonton Zeus ne pourra plus rien contre moi.
Décidément, cet Héra-clebsHéraclès, ou la gloire d’Héra, tel est le nom grec d’Hercule a du chien.
auteur : Prométhée, pcc Xavier Séguin.
Ce que l’un appelle Dieu, un autre l’appelle les lois de la physique.
La seule chose pire que d’être aveugle, c’est avoir la vue et pas de vision.
Qui a creusé ces galeries et ces villes souterraines, et pourquoi tout ce travail ?
"J'en ai haussé des femmes ! J'en ai osé des flammes !" (Cahiers Ficelle, inédit)
En 1312, l'empereur du Mali regagne l'Amérique, le continent de ses lointains ancêtres.
Le symbole suggère, l'image montre. Que montre le caducée, arme d'Hermès ?
Ils viennent de la littérature, de la bd, de la pop, de ce qui court,…
Leur mouvement permet la vie, leur ouverture permet la clarté, leur vigueur permet l'éveil.