Comme tous les mystères, le mystère de la Trinité ne concerne pas seulement un dieu dans son ciel inaccessible. La Trinité parle de nous, du grand mystère que nous sommes : trois personnes en une seule.

La Trinité n’est pas une invention hébraïque : on en cherchera en vain la trace dans l’ancien testament – à part le bouleversant épisode des amours de Salomon roi des Juifs et de Balkis reine de Saba, qui ont donné naissance au Cantique des Cantiques et à un héritier, enfant de l’amour, fondateur de la tribu de Juda : Ménélik le gardien de l’Arche d’Alliance.

Cette trinité n’est pourtant pas nommée en tant que telle, même si on y voit bien le parallèle avec Osiris, Isis et Horus. 

La Trinité chrétienne que nous connaissons apparaît dans les évangiles. « La première révélation de la Trinité fut une révélation privée, au profit de Marie. Elle se produisit lors de l’Annonciation par la voix de l’ange Gabriel:  « Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu » (source)Bible, Lc 1-35 On a bien là le Père dans les cieux ; le Fils dans le sein de Marie ; et l’Esprit Saint descendant du ciel sur Marie pour la féconder. Et l’évangile de Matthieu se termine quasiment par cette consigne universaliste :  

« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. » (source)Bible Mt 28-19 On ne saurait être plus clair. (source)Wikipedia

Malheureusement, les évangiles canoniques sont suspects : ces citations ont très bien pu être rajoutées par la suite sur ordre de l’église.

 

 

Les représentations chrétiennes de la sainte trinité ne sont pas toutes catholiques, si l’on en juge par celle-ci, figurant au tympan de l’Abbaye aux Dames à Caen. Aux dames, cette abbaye l’est peut-être, mais sa Trinité ne l’est pas. On y note la présence de trois barbus, sensiblement du même âge, et qui se ressemblent comme des triplés.

Nous voilà bien loin des canons ecclésiastiques. Il est vrai que la trinité chrétienne, misogyne comme souvent, nous prive de toute femme. C’est donc une triplette de tantouzes qu’il faut voir sur ce haut relief ? Non pas. Ce gugusse barbu, c’est vous, c’est moi, c’est chacun de nous. Cette trinité-là nous dit autre chose, elle nous parle de nous. De nos trois personnes en une seule. Vous allez comprendre. 

La Trinité est intégrée à la doctrine chrétienne en 385. Très probablement pour contrer la trinité celtique, beaucoup plus ancienne. Pour s’imposer, la nouvelle religion devait phagocyter l’ancienne croyance. La trinité des Celtes est moins mysogyne : le Père, la Mère et le Fils. Ce n’est pas une invention gauloise, mais plutôt un héritage des Tuatha, qui le tenaient eux-mêmes des Atlantes. Un seul dieu en trois personnes, c’est ce que nous sommes, c’est le statut de l’homme. Quelle est cette fable ? Une grande vérité.

Mère + Père + Fils =
Esprit + Corps + Coeur =
Eternité + Matière + Amour =
Balkis + Salomon + Ménélik
Ce dieu en trois personnes, c’est l’être éveillé. 

L’éveillé ne se limite pas à son corps physique, il est même davantage qu’un corps/esprit. Ni monade, ni dualité, il est la trinité d’un corps, d’un coeur et d’un esprit en équilibre harmonieux. Il est dieu quand il unit les trois personnes en lui. Que la lumière soit. La Trinité ouvre le triple sentier, celui qu’un sorcier yaqui appelait : le chemin qui a du coeur. Le chemin de vie de l’homme actuel n’implique que son corpsY compris son mental, qui n’est pas l’Esprit et il en souffre. Le chemin du chercheur de vérité sollicite le corps et l’esprit : bon début mais c’est insuffisant.

 

 

Le chemin du guerrier apporte un plus : il a du coeur. Le corps et l’esprit ne font pas l’homme, il y manque le corps du coeur, le corps d’énergie qui est la garantie du guerrier pacifique. Tant qu’il suit le chemin qui a du coeur, il va vers la Voie. Un corps physique pour évoluer dans la sphère physique. Un corps du coeur pour agir dans la sphère de l’amour. Un corps de l’esprit pour se déplacer dans la sphère spirituelle. Les chrétiens ont sanctifié la Trinité, mais ils ont oublié que ce message leur parlait d’eux-mêmes.

Ils savent qu’ils ont un corps et une âme, voilà le catéchisme. Ils ont oublié leur coeur. Alors, au lieu de marcher sur leurs trois pieds, comme des êtres complets, ils boitent sur deux pattes, très fiers de claudiquer plus vite que les unijambistes, ceux qui ne croient qu’au corps physique.

Le bouddhisme n’est pas meilleur. Il fait l’impasse sur Dieu et se croit très malin de laisser à chacun son libre-arbitre sur ce point. Hypocrisie. Comment parvenir au nirvana, comment devenir divin soi-même, s’il n’y a pas de dieu ?

« Je ne suis pas venu apporter la paix, mais la guerre. Je suis venu jeter le feu sur le monde et j’attiserai jusqu’à ce qu’il embrase. » dit Jésus dans l’évangile de Thomas.

L’initié d’Isis voyait-il s’accomplir le futur et se dérouler, sur fond de feu et de sang, les martyres des premiers chrétiens, les crimes de Charlemagne, des Templiers et des conquistadores, les horreurs de l’Inquisition, les massacres des Cathares et de la Saint-Barthélémy ?

Ou voyait-il plutôt la difficulté contenue dans son message ?

 

 

Ceux qui ont le coeur ouvert l’entendront. Et seulement ceux-là. Pour les autres, il passera pour un imposteur ou pour un faible. Parce qu’il est leur mauvaise conscience. Il leur rappelle ce qu’ils veulent oublier : l’homme est triple. Unique en trois personnes. Et ces trois moi sont comme le père, la mère et le fils dans une famille unie. La Mère, Mater = Matière = ma Terre, tout le monde la connaît, c’est le corps physique. Eh bien non. La Mère est l’esprit. C’est le Père qui est le corps physique.

L’esprit ou l’aura, sans qui le corps n’est qu’une machine, c’est notre Mère. Elle est l’origine de toute éternité ; la capacité de voir et de comprendre ; la clé du savoir ultime. De son union avec le Père/physique naîtra le Fils/amour, notre troisième personne, qui participe des deux premières. Quand l’âme s’incarne, quand l’Esprit s’unit à la matière, une troisième entité est créée, qui participe à la fois du Spirituel et du Physique : le Fils, le Sacré-Coeur, qui se manifeste en nous par notre corps subtil ou corps du coeur.

Ce corps du coeur est notre organe d’amour, la source de nos émotions et de nos sentiments. On l’appelle aussi corps d’énergie : sur lui se situent nos sept chakras. A la naissance, l’homme possède deux personnes en une, la Matière et l’Esprit. La troisième personne est virtuelle. Chacun peut l’épanouir ou la négliger. Au fil de la vie surviennent les occasions d’ouvrir notre coeur, pour qu’enfin se développe la troisième personne, le Fils. Alors seulement l’être humain est complet.

 

Xavier Séguin

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