Dans les mines divines

 

Quand les dieux du ciel régnaient sur Terra, les condamnés allaient aux mines. Les mines couvraient les six continents.Antarctique, Amérique, Afrique, Asie, Océanie, Europe. Il fallait toujours plus d’esclaves, aussi y avait-il toujours plus de condamnés. Les dieux d’avant ont inventé des crimes arbitraires et délits insensés. Une bonne part des tabous et des interdits actuels remonte à ce besoin de main d’œuvre.

 

Qu’on le veuille ou non, qu’on s’en souvienne ou pas, les dieux d’avant ont été nos modèles et ils le sont encore. Voici une approche qui vous fera écarquiller les yeux. Les dieux nous accablaient de tabous et d’interdits absurdes pour recruter de nouveaux mineurs sans s’exposer à des émeutes toujours pénibles à réprimer. Si les mines ne suffisaient pas, la mort sans phrase était plus simple. Mais il y avait toujours ce foutu problème de main d’œuvre. D’où l’importance de ce programme que les dieux d’avant nous ont mis dans la tête : croissez et multipliez.

Engrossez vos femelles, les petits gars ! Il y va de la prospérité divine ! Yahweh, Adonaï, les sept Elohim et tous les autres dieux uniques, y compris Baal et Lucifer, ont chanté en chœur ce bel adagio. 

Quand il y a une planète sauvage à aménager, personne ne rechigne à l’effort. Ni au réconfort des câlins bénis.

 

Délirants délits

Faire de l’ombre à un dieu, ne fut-ce que celle de ta main sur son bras, te valait quinze ans de mines. Manger en sa présence était passible de trente ans. Rire dans le palais divin, quarante-cinq ans. À la fin de chaque prise de parole, on devait invoquer le Tout-Puissant : l’absence d’invocation valait 60 ans. Quand un geai criait, quand un enfant pleurait, quand un objet tombait avec fracas, on devait crier : « Gloire à Dieu ! » Les personnes présentes devaient répondre en chœur : « Qu’il vive toujours ». À défaut, vous étiez bon pour 100 ans de solitude dans les mines de cobalt. Aucun détenu n’y purge toute sa peine. Ils meurent bien avant. 

 

Les galeries d’enfer

Les foreuses étaient plus hautes que des tours et bien plus puissantes que les nôtres. Les galeries nombreuses, larges et profondes étaient taillées dans la roche et surfacées au laser. Elles descendaient droit aux enfers. Certaines donnaient sur les lacs de laves fumantes. L’atmosphère méphitique y était irrespirable. En peu de jours, la chaleur, le fouet, la soif, la sous-alimentation et l’épuisement transformait l’homme le plus robuste en squelette décharné.

Ces mines inhumaines ont sévit pendant une pile de millénaires. On peut y voir l’origine du mythe de l’enfer. Les mines les plus connues pendant l’antiquité étaient celles d’Agios Sostis et de Kapsalos ou Schismades. Toutes les mines antiques étaient conçues sur le modèle des toutes premières, celles des Élohim. De nos jours encore, sous certains cieux, les conditions de travail des mineurs sont infectes. L’homme a-t-il intérêt à s’inspirer des cruautés divines, ou doit-il faire preuve de plus d’humanité ?

Les visiteurs nos maîtres exploitaient tous les métaux : or, argent, plomb, fer, cuivre, étain, wolfram… — toutes les gemmes : diamant, rubis, topaze, émeraude, lapis lazuli, et bien d’autres — toutes les terres rares, métaux rares et gaz rares. Ils n’étaient pas rares quand la planète était sauvage. Mais les dieux d’avant et ceux d’avant les dieux d’avant en ont fait un usage immodéré.

 

Mines & Minettes

Des mauvaises langues ont murmuré que les dieux n’étaient venus ici que pour les mines. Mais non. Ils sont aussi venus pour les pines. Et pour les minettes. Les dieux sont des hommes comme nous. Ces gens-là ont parfois du goût. Pas toujours me souffle-t-on. Silence dans le fond ! Ça va me retomber sur le râble. Si je ne joue pas cartes sur table ils vont m’enfermer dans l’étable et farfouiller dans mon cartable ! Instables, détestables sont les dieux insatiables.

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Les condamnés ont toujours été nombreux et ça n’a jamais empêché personne de déconner. Justes ou injustes, les travaux forcés sont nécessité. Les mines avaient donc un triple intérêt :

1- Fournir des denrées précieuses, indispensables au développement et au fonctionnement d’une civilisation avancée.

2- Contrôler la délinquance, la rébellion, les déviances et les fouteurs de merde grâce aux délits délirants.

3- Se débarrasser de tous ces dangers en quelques semaines, pour donner du travail à une nouvelle génération de forçats.

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Ce système était en vigueur sur toutes les planètes en terraformation. Je gage qu’il l’est encore.

 

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Mines préhistoriques

Le travail des mineurs a toujours été éprouvant. Est-ce que les mines antiques étaient plus dures que celles du 19e siècle en Europe ?

L’antiquité fourmille de récits sur ces mines antiques, soit pour les stigmatiser, soit pour les louer. Comme on peut le voir du Livre de Job aux Stoïciens, les anciens avaient conscience du caractère si particulier de l’activité minière. Ne fait-elle pas surgir une richesse occulte par une agression de la nature, un viol de la Terre Mère ? À travers le discours stoïcien s’esquisse la genèse d’une double opposition, pleinement d’actualité au xxie siècle, entre ressources du sous-sol et productions renouvelables, entre agression de la nature et respect de celle-ci, la morale stoïcienne privilégiant toujours le second terme de chaque alternative. » (source)Gérard Chastagnaret : Claude Domergue, Les mines antiques

Les recherches archéologiques n’ont pas pu mettre à jour des recherches minières antérieures au 2e millénaire avant notre ère. Ignorance ou mauvaise foi ? J’ai évoqué les réacteurs nucléaires préhistoriques. J’ai montré le marteau de Kingoodie (Ecosse), retrouvé dans une galerie de mine, outil qui a été daté à 400 millions d’années. Les dinos du Jurassique aimaient planter des clous, ça les détendait… 

Que voulez-vous ? L’histoire officielle est un mensonge convenu qui satisfait le plus grand nombre. Les chercheurs de vérité ne peuvent s’en contenter.

Croire à l’histoire officielle, c’est croire des criminels sur parole.

Simone Weil

 

Mines de Salomon

« Des mines de cuivre situées dans l’actuelle Jordanie et datant de l’âge du fer ont peut-être fourni au roi Salomon le métal nécessaire à ses ambitieuses constructions, selon une nouvelle étude publiée aujourd’hui dans les PNAS.

Sur le site de Khirbet en-Nahas, dans le district jordanien de Fainan, d’anciennes mines de cuivre sont explorées depuis longtemps par les archéologues, notamment par l’Américain Thomas Levy et le Jordanien Mohammad Najjar. Ces chercheurs affirment désormais que les activités minières avaient commencé plus tôt qu’on ne pensait, dès le 10ème siècle avant JC (BCE).

La nouvelle datation fait finalement correspondre l’activité minière à la période supposée du règne du roi David et de son fils Salomon. Étaient-ils pour autant les ‘’exploitants’’ des mines de cuivre de Khirbet en-Nahas ? Ou bien étaient-ce les dirigeants des Édomites, peuple de la vallée biblique d’Édom où se situe ces mines ? » (source)https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/des-mines-de-l-epoque-du-roi-salomon_20960

Édom en Hébreu ou en latin ? Édom ou Ex Domine ?

 

Mines d’Eilat

Le parc de Timna est situé à une trentaine de kilomètres au nord de la station balnéaire d’Eilat, dans le désert de l’Arava et s’étend dans la vallée  sur environ 60 km². Cet endroit où les paysages sont surprenants,  où les roches semblent avoir été sculptées par la main de l’homme alors qu’elles l’ont été naturellement par l’érosion, où les couleurs changent selon le lieu où l’on se trouve, regorge de différents espaces à visiter et il faut compter presque une journée si l’on veut vraiment tout voir.

Timna est le point de départ du traitement et de l’utilisation du cuivre il y a plus de 6 000 ans. Les vestiges retrouvés sur le site témoignent d’une intense activité. Les mines ont été découvertes au pied des falaises. Au départ, le minerai était ramassé en surface mais ensuite des puits ont été creusés afin de procéder à son extraction. On retrouve des ruines de bâtiments, chantiers, ateliers, vestiges de fours qui servaient à la fonte du cuivre et à la fabrication d’objets, des puits de stockage. A quelques mètres des anciennes mines, des gravures sur la falaises ont été découvertes. Il s’agit de gravures de chariots et de gravures de chasse, des gravures qui témoignent de l’intense activité qui régnait dans la vallée. Ces gravures ont été réalisées par les Egyptiens, à l’époque où ils étaient en activité sur le site. (source)

Dans les vestiges retrouvés, aucune preuve de barbarie gratuite envers les travailleurs de fond. On peine à imaginer des maîtres, aussi barbares soient-ils, assez sots pour blesser ou mutiler ceux qui les enrichissent ? Pourtant ce fut longtemps le cas. La méthode divine était faite ainsi : seuls les condamnés travaillaient au fond. Et nul ne traite un condamné avec des égards. Son rang n’en impose aucun.

 

 

Les dieux nous accablaient de tabous et d’interdits absurdes pour recruter sans peine de nouveaux mineurs et travailleurs de force. Si les mines ne suffisaient pas, la mort sans phrase était plus simple. Mais sans excès, vu ce foutu problème de main d’œuvre. D’où le programme que les dieux d’avant nous ont mis en tête : croissez et multipliez.

Il y a tout lieu de croire que ce système injuste et cruel ait marqué l’inconscient collectif et réduit le mineur à un martyr. Dans tous les pays, à toutes les époques. Mines de charbon, mines de sel, mines de fer, mines de souffre. Toutes les mines gérées par des pénitenciers. Tristes mines, grises mines, mines de plomb, mines de papier mâché.

Tant d’humains minés par le chagrin.

Tant de terrains minés sans démineurs.

Les mots sont un prétexte. C’est l’élan intérieur qui nous pousse l’un vers l’autre, pas les mots.
Rumi