« Je crains qu’il ne faille remettre les pendules à l’heure et de manière drastique : le moyen-âge n’a jamais existé. C’est une pure invention, une menterie, une invraisemblable manipulation des consciences effectuée par la dictature religieuse qui s’installe en Europe à partir de 1320/1350 depuis le palais d’Avignon. » Ainsi commence un des meilleurs articles du site de Jean-Claude Flornoy.
Il avait réuni autour de lui un cercle informel de chercheurs issus d’horizons très divers. Nos recherches portaient sur les canons à orgones, modèle réalisé d’après les travaux de Wilhelm Reich, la construction sacrée des cathédrales médiévales et des mégalithes, la révision des fausses théories historiques, la restoration des arcanes majeures du tarot de Marseille, et autres chimères qui changent le monde.
À force d’explorer notre passé en quête de visions fondatrices, Flornoy est tombé (c’était inévitable) sur la thèse de Fomenko ou récentisme. Et ce fut un nouveau big bang dans notre petit cercle de chercheurs. Pourtant, le choc passé, le récentisme mit du temps à se frayer un chemin dans nos cervelles. Pour certains d’entre nous, il fut même victime d’un rejet. Et rien n’est définitif à ce sujet pour aucun de nous.
Qu’appelle-t-on le récentisme ? Du lourd et du velu, si l’on en croit Fomenko.
La Nouvelle Chronologie ou Récentisme
La théorie de la Nouvelle Chronologie d’Anatoli Fomenko est fondée sur l’astronomie, et les incohérences statistiques des archives historiques. La civilisation humaine n’aurait guère plus de 1 000 ans. Ce révisionnisme est la remise en cause de l’Histoire de l’humanité, et donc de la légitimité du patriarcat. Le récentisme est un débat sur les techniques et méthodes de datation, car aucune datation certaine n’est possible. L’hypothèse du récentisme affirme que la chronologie universellement admise des faits historiques est incorrecte. Le révisionnisme récentiste est la remise en cause de l’Histoire de l’humanité, et donc de la légitimité du patriarcat. (Sam Touche) Voir à ce sujet l’article de sott.net
Voici ce que je tire de tout ça. Suite à un cataclysme humanitaire, une gravissime épidémie de peste, l’empire romain prit fin brutalement faute de populations dans une Europe quasi déserte. Un terrible épisode de barbarie sans foi ni loi allait inévitablement s’ensuivre, à moins… A moins qu’une élite romaine n’invente d’urgence une bonne recette magique qui donne une raison de vivre et de bien se tenir à des populations revenues à l’état sauvage.
Des légats romains se réunirent en Avignon pour poser les bases d’une religion de la dernière chance. Ils voulaient la jeter en pâture à des naufragés de la peste, sans mémoire, sans horizon, prêts à tout et surtout au pire : il fallait que ce soit une religion d’amour. Le christianisme était la religion d’empire initiée par Constantin 1er, empereur byzantin. Il avait couvert l’Europe d’églises et de cathédrales qui ne demandaient qu’à servir; seul problème : elles étaient dédiée au Christ Constantin, tyran de Rome l’écrasante, dont l’image était devenue haïssable.
Et alors ? Il suffisait de remplacer le vieil empereur par un jeune homme pauvre comme eux, exploité par Rome comme eux, torturé sur la croix comme eux, tous ces rescapés de la maladie, de la douleur et de la faim. Il suffisait d’inventer avec ces ingrédients une belle histoire acceptable, en piochant pour le détail dans les légendes similaires, qui sont légions…
Le néo-christianisme que nous connaissons repose donc sur une très belle fable, émouvante à souhait, entièrement fabriquée en 1350 pour les besoins de la cause… et par quelques légats romains sous la conduite de Saint (!) Thomas d’Aquin. Qu’aurions-nous fait à leur place ? Il s’agissait de rien moins que de sauver ce qui restait de civilisation en Occident ! Pas de bourg, pas de hameau qui ne brûlait ses morts. La puanteur était partout insupportable. Les bûchers ont détruit les cadavres des pestiférés, avant de brûler vifs les adeptes de la Vieille Religion, ces druides et ces druidesses que les nouveaux prêtres accusaient de sorcellerie. La Grande Peste n’épargna personne. La France était en flammes.
Il fallait à tout prix faire repartir la civilisation, reprendre en main la populace. Donner aux hommes la crainte des dieux est toujours payant dans ces cas-là. Il fallut aussi écarter les druides faisant obstacle à la religion nouvelle, destinées aux « simples d’esprit » brutaux. Transformer les loups en moutons bêlants : « Pais mes agneaux, pais mes brebis ». C’est ainsi qu’en Avignon fut créée la religion romaine, et que le premier pape fut appelé à régner.Araignée? Quel drôle de nom ! Pourquoi pas libellule ou papillon ?
Par la suite, les papes s’installèrent à Rome, mais l’origine du christianisme se situerait en Avignon vers 1350. Toujours selon Fomenko.
Comment un tel tour de passe-passe est-il si longtemps passé inaperçu ? « Nous sommes, semblerait-il, passés directement de la Rome antique à la Renaissance. L’an 0 de la naissance de Jésus n’a vraisemblablement pas existé tel qu’on nous le présente, et Jésus non plus. On est bien ! C’est un « gloups » historique auquel je vous invite, un saut quantique. Acceptez de fouler avec moi ces sentiers encore peu fréquentés de la mémoire du monde. Comme moi, hallucinez et participez à l’immense réflexion qui commence et doit se faire pour remettre les pendules à l’heure. Alors, l’an 0, le début du compte de notre calendrier, est la fondation de Rome par Romulus et Rémus. A toutes les dates chrétiennes, il faut rajouter 753 ans et se mettre au régime de l’AUC, Ad Urbe Condita, année de la fondation de Rome. Nous sommes bien en l’an 2012, mais pas après Jésus Christ, oh non : 2012 après la fondation de Rome !!!
Et là tout devient clair : en 1078 AUC ( 325 + 753 = 1078) on est en plein dans l’ère de l’empereur romain Constantin et du premier concile de Nicée. C’est donc lui l’organisateur de cette révolution culturelle, c’est lui le coupable ! Lui seul en avait les moyens, ceux de l’Empire mondial de l’époque. Le roman est un travail de romains ! C’est pour son propre culte que Constantin 1er a fait construire ces myriades de bâtiments, pour sa gloire personnelle ! Le « Christos », « l’oint de Dieu », c’est lui et lui seul, le maître incontesté de Rome, l’empereur d’orient et d’occident, le fondateur de la ville qui portera son nom : Constantinople. Quel genre de religion était la sienne ?
Le personnage de Jésus serait-il une pure invention ? On sait que sa réalité historique n’a jamais été acquise.
Le baptistère de Ravenne
Certains pourront m’objecter qu’il existe de nombreuses preuves de l’existence de Jésus, un peu partout en Europe, depuis le Moyen Age et l’introduction du christianisme. Ne serait-ce que les vitraux, les mosaïques, les fresques et les sculptures des cathédrales qui représentent le Christ.
Eh bien ce n’est pas si sûr. Les vitraux ne sont jamais antérieurs au 13e siècle, nous en possédons très peu, et si certains représentent bien un Christ, il peut s’agir de Constantin en tenue de pénitent, comme il aimait à se montrer à l’avers de sa monnaie. Ou de Mithra, puisque son culte, très antérieur à celui de Jésus, portait aussi le nom de Christianisme.
Avant le 14e siècle, si l’on trouve en effet des représentations du Christ, le nom de Jésus et son identité biblique ne sont jamais mentionnés. Car le Christ n’était pas Jésus à cette époque, mais l’empereur romain Constantin. Du moins, c’est ce que je croyais.
Et puis survint l’affaire du baptistère de Ravenne. Une amie chère m’a envoyé la photo ci-dessus. J’ai fait le museau. Je crois qu’elle n’a pas réalisé le choc. Cette seule image, d’un seul coup, ruinait la belle théorie des siècles manquants.
En effet, le baptistère est daté du 6e siècle, donc selon Fomenko antérieur à l’invention de Jésus. Et pourtant la mosaïque représente vraiment Jésus le Christ avec Jean-Baptiste. Pas d’erreur. Ce christ-là n’est absolument pas Constantin. Cette mosaïque à elle toute seule fait voler en éclat la thèse du Jésus inventé au 14e siècle. On imagine combien ça m’a usé. Alors je me suis dit : cherchons voir !
Reconstruit en 1543, la mosaïque est du 16e siècle : elle ne s’oppose plus à cette hypothèse d’un Jésus inventé seulement au 14e siècle. Le bidouillage est comme qui dirait prouvé… Mais si un baptême antérieur au 14e siècle venait à être découvert, pas d’affolement, rien ne prouve qu’il s’agisse de Jésus l’inventé. Il s’agit du baptême de Mithra – Esus chez les Celtes. Braves curés magouilleurs ! Ils ont vraiment pensé à tout. Eh bien non, en fait. Ils ont pondu beaucoup de bourdes.
On comprend leur scénario. A partir du 14e siècle, tout d’un coup, ce brave Jésus fait son apparition un peu partout pour recouvrir l’ancienne image du Christ-Empereur oublié ou haï : Constantin, Basileus de l’empire Romain d’Orient, dans sa capitale Byzance, rebaptisée Constantinople.Aujourd’hui Istamboul
Il était temps de passer à autre chose. Le vieux mythe est mort, ses églises et ses basiliques réclament un nouveau christ pour habiller le costume. On le choisit juif, pas trop près de Rome, pas trop loin de Constantinople. On écrit les premiers manuscrits où son nom et son histoire apparaissent. Paradoxalement, les archives juives n’ont pas trace du dénommé Jésus. Pas plus que les archives romaines, pourtant très complètes. Pour que le nouveau christ soit plus crédible, on lui donne les traits et les faits d’un illustre éveillé de la haute antiquité: Esus, Yves, Mithra, ou quel que soit le nom qu’on lui donne. Et le tour est joué. Si bien joué qu’il dure encore…
Ma lecture prend le strict contre-pied de la version officielle dite historique, qui fait de Constantin un nouveau Christ, voulant éclipser Jésus, qu’il jugeait trop juif. Cette thèse, vaguement antisémite, volontairement politique, est contredite par les faits et l’absence d’archives non-chrétiennes. Contrairement à la mienne, la version dite historique n’explique pas les parallèles entre la vie de Mithra et celle de Jésus, innombrables et trop précis pour tenir du hasard – qui comme chacun sait n’existe pas.
Ainsi donc
Chacun ses croyances, et les vaches sacrées seront bien gardées. Nous ancêtres ont tout gobé. Ils ont avalé des couleuvres avec l’aisance d’un charmeur de serpents. C’était compter sans le web, sans la diffusion planétaire de tous les textes jadis enfermés dans des bibliothèques strictement protégées par le Saint Siège. N’oublions pas que jusqu’à l’invention de la typographie vers 1440, tous les écrits étaient recopiés par des copistes. Des moines, le plus souvent. Ils recopiaient dans leur couvent ce que le supérieur leur disait de recopier, omettant et ajoutant ce qu’il leur indiquait. Le contrôle de l’église catholique a été quasi total pendant tout ce temps.
Une foule d’anecdotes bidons, pleines d’erreurs et d’anachronismes, a été ajouté par les copistes. Que ceci n’empêchent pas les croyants de croire, ni les incrédules de ne pas croire. Je suis mythologue, je porte sur toutes les mythologies un regard critique : est-ce vrai ? Est-ce déformé ? Est-ce exagéré ? Pour quelles raisons ? Mon travail n’a d’autre but que de regarder en face la vérité — si une telle chose existe ! — avec un œil critique et l’esprit débarrassé de tout a-priori. C’est pour cette raison que vous êtes nombreux à me lire. Vous savez que vos convictions vous appartiennent. Elles vous aident à vivre, loin de moi l’idée de les dynamiter, du grec ancien dunamos, qui veut dire ange.
Toutes les croyances sont infiniment respectables, bien que je préfère m’aligner sur l’éternel principe d’incertitude, il est bon de croire sans y croire.