Saintes putes de jadis

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La tradition orientale n’est pas la seule à nous transmettre la vision que nos initiateurs avaient de la sexualité et de son rôle. Très influencés par la sagesse des dieux d’avant, les textes égyptiens contiennent des conseils précis. Ces recommandations font écho aux stances codifiées du Kamasutra.
 
Ainsi le sage Ptahhotep distille ce conseil précieux pour ceux qui fréquentent les temples et les saintes vestales qu’on y trouve : « Ne fais pas l’amour avec une femme-enfant, car tu sais qu’on doit lutter contre l’eau qui est sur son cœur. Ce qui se trouve dans son ventre ne sera pas rafraîchi ; qu’elle ne passe pas la nuit à faire ce qui doit être repoussé, qu’elle soit calmée après avoir mis un terme à son désir. » (source)Enseignement du sage Ptahhotep, maxime 34
 
Les voyageurs de l’antiquité étaient accueillis dans des temples dédiés par des vestales dont le noble rôle était de donner de l’amour sans compter, sans épargner sa peine et son plaisir. Cette tradition antique est quasi universelle. Les temples, maisons des dieux, étaient à l’origine dédiés à l’accueil des voyageurs. Et les prêtresses de ces temples, les vestales, étaient des jeunes filles – ou des moins jeunes – choisies parmi la population féminine de la ville ou du bourg.
 
Elles pouvaient être vierges, ou pas. Des femmes mariées exécutaient aussi cette prescription civique, qui avait le double but d’assurer la paix dans la cité et de former les femmes à la sexualité assumée. Elles couchaient avec tous les mâles, à tour de rôle, sans avoir le loisir d’en refuser un seul. L’exercice durait quelques mois ou quelques années, et nul ne semblait s’en plaindre. Les textes grecs ne font aucun mystère de cette pratique, qui s’est trouvée dénaturée par la suite, faisant de la vestale une vierge, qui devait impérativement le rester car elle était l’épouse symbolique du dieu dont elle ornait le temple.

Épouses divines

De nos jours, les bonnes sœurs de l’église catholique romaine se disent volontiers l’épouse du Seigneur. C’est une image. Les noces avec Jésus ne seront jamais consommées. Mais cette façon de parler est l’héritière directe de la hiérogamie, ou prostitution sacrée des temples antiques.
 
A Rome, la plupart des vestales ne forniquaient plus avec les voyageurs, sauf celles du culte de Bacchus, dieu de l’ivresse et de la démesure, avatar du grand Rama dont Rome porte toujours le nom. La Bible atteste de l’universalité de cette pratique de libre sexe. On y apprend que la femme du prophète Osée était une prostituée sacrée des cultes cananéens de la fécondité (source)Osée 1.2, 4.13-14
 
Dans la mythologie sumérienne on parle des noces d’Inana / Ishtar et de Dumuzi / Tammuz. On sait par les hymnes qui nous sont parvenus que le roi de Babylone, au Nouvel An, s’unissait avec la grande prêtresse d’Ishtar par un hieros gamos ou « relations sexuelles sacrées« . La grande prêtresse représentait Ishtar et le roi, agissant en tant que grand prêtre, incarnait Tammuz. Ce rite de fécondité devait garantir le renouvellement des énergies dans la nature et dans l’Etat, à l’aube de la nouvelle année.

Autre interprétation: Ishtar possédait une force magique numineuse — le « me » qui garantit l’ordre du monde — qu’elle transmettait au roi lors de la hiérogamie. Il s’agissait donc pour le roi de recueillir la force qui fonde sa royauté. (source)

Pour ceux qui sont familiers des écrits de Carlos Castaneda, le parallèle est à faire entre la force magique d’Ishtar et l’union sexuelle que tout Nagual de la lignée de Juan Matus doit accomplir avec un ancien voyant -ou une ancienne voyante- qu’ils nomment simplement le locataire. Cette hiérogamierelations sexuelles sacrées est tout sauf symbolique. Vous savez en quel mépris je tiens la symbolique. Pour moi, le symbole est un pâle reflet d’une réalité perdue, toujours très concrète. La symbolique est ce qui reste quand on a tout oublié.

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L’initiation des mâles

Dans la vision du passé que je m’efforce de conter ici, la femme est venue avant l’homme, elle a été initiée magiquement et sexuellement par des reptiliens surdoués, héritiers d’une culture vieille de plusieurs millions — voire milliards ? — d’années.

Oui mais voilà. Au matriarcat a succédé le patriarcat – on y est encore, sous la dictature du mâle. Vous me direz, ce n’est pas bien grave, puisque nos vies antérieures montrent assez que nous possédons les deux sexes, chaque homme peut trouver la femme en lui, et chaque femme, l’homme en elle. Le sexe que nous avons dans cette vie-ci importe peu, la guerre des sexes se joue en chacun/e de nous.

Je suis intimement persuadé que ces pratiques sont un lointain souvenir de l’époque où les mâles humains venaient de faire leur apparition, longtemps après les femmes. Ces dernières avaient été initiées à toutes les magies, y compris la plus puissante, la magia sexualis. Leurs initiateurs étaient des reptiliens. On se souvient du serpent tentateur du paradis terrestre, qui pousse Eve à croquer la pomme avec Adam. 

Longtemps après, alors que le matriarcat était la règle absolue, les mâles humains sont arrivés. Adam, le petit Adam, ne savait rien faire, même pas l’amour. Ce qui a obligé les femmes-druidesses et magiciennes sexuelles à initier Adam et ses semblables, les premiers mâles craintifs et imbéciles.

Le matriarcat a été la première forme de gouvernement et de religion, la grande déesse est à l’origine de toutes nos cultures et religions actuelles, Hathor Isis Danaan Astarté Lilith Kali est la figure première, la source de toutes les religions les plus antiques.

Le très antique roi de Babylone devait donc justifier son statut dégradé de mâle en se parant des plumes du paon, c’est à dire en se faisant couvrir  — dans tous les sens du terme — par la puissante Grande Déesse des origines.

Le temps n’était pas encore venu de l’insolence machiste. Les hommes, révoltés par la cruauté des Amazones, venaient de renverser la dictature des femmes. Sous l’influence de Rama le prince charmant, le matriarcat avait fini par sombrer tout à fait. Mais les rois mâles devaient encore se justifier de leur récente prise de pouvoir sur les femmes en se faisant baiser par l’une d’elle, figure de l’Éternel Féminin.

La hiérogamie n’était donc pas pour absorber les pouvoirs de la déesse, mais pour s’humilier, se faire posséder par elle afin d’obtenir son pardon. C’est pourquoi le roi forniquait couché sur le dos, la déesse le dominant et le travaillant de la croupe. La position préférée des vieux sages !

Autre exemple: à Ur, la cité des origines, il y avait un temple dédié à Nanna ou Sîn, le dieu lunaire. S’y trouvaient des hiérodules (en Sumérien nin-dingir, ou entum en Akkadien) autrement dit de saintes vestales considérées comme les épouses du dieu Nanna/Sîn, que le roi incarnait. Il n’était pas le seul à pouvoir bénéficier de relations avec les prostituées sacrées. On sait qu’il y avait dans la plupart des temples babyloniens des hiérodules accessibles au commun des mortels. Elles portaient des noms divers: nadîtum, qadishtum, isharîtum.

J’en suis venu à considérer le Kamasutra et les autres livres antiques traitant de la sexualité comme des tutoriels à l’usage des mâles. Les femmes souffraient chaque nuit du manque de savoir-faire de leurs nouveaux compagnons. Elles sont allés trouver nos initiateurs, ceux-là même qui ont terraformé cette planète. Ils se sont émus de leurs plaintes qu’ils ont trouvées tout à fait justifiées. La décision fut prise d’enseigner les diverses pratiques du sexe aux mâles ignorants. Ils en avaient rudement besoin, et je ne suis pas certain qu’ils aient retenu la leçon. 

La prostitution cultuelle en Inde

L’Inde n’échappe pas non plus à cette pratique. Mais elle semble être d’importation récente. En effet, dans le Veda (-1500 à -600) est absente toute allusion à une forme quelconque de prostitution sacrée. La première devadâsî est mentionnée dans une inscription du 2e siècle EC. C’est en Inde centrale, dans la grotte de Jogîmârâ, près de Râmgarh. On peut se demander si les grottes – par analogie au yonivagin – ne furent pas des lieux dédiés aux pratiques du sexe sacré.

Les devadâsî sont attestées massivement en Inde à partir du 6e siècle EC. Elles avaient pour fonction les danses sacrées, le chant, la musique et la prostitution sacrée.

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Les devadâsî étaient consacrées aux dieux, c’est à dire à leurs représentants, les prêtres, et souvent accessibles aussi aux simples fidèles. Les relations sexuelles auxquelles elles se prêtaient étaient considérées comme un rite sacré de fécondité, qui devait servir à augmenter la fécondité des gens, des animaux et de la terre, car dans les civilisations anciennes la fécondité n’est pas naturelle, elle vient des dieux.

A certaines époques, le nombre de devadâsî semble avoir été considérable. Le temple de Somanatha hébergeait 350 devadâsî au moment de sa destruction par le conquérant turco-mongol Mahmûd de Ghazni en l’an 1026.

Le voyageur chinois Chao-Ju-Kua rapporte en 1226 que le Gujarat comportait 4000 temples avec 20.000 devadâsî. Leur existence est également rapportée par le récit de Marco Polo (1254-1324). Mais il semble que le sieur Polo ne soit pas digne d’un grand crédit, son Livre des Merveilles est jugé affabulateur, tout au moins sans grande fiabilité.

Au 19e et au 20e siècles, l’influence britannique amena l’interdiction des devadâsî de Madras et Bombay. Ainsi disparurent les derniers vestiges de la prostitution sacrée, sous les coups d’une pudibonderie hypocrite. Adieu les divines hiérodules toutes plus gracieuses les unes que les autres.

Ne désespérons pourtant pas de l’éternel féminin. On peut encore trouver des saintes femmes qui se dédient à l’éveil sensuel des garçons perdus. Il y en aura toujours comme il y en a toujours eu, mais le plus vieux métier du monde n’est plus ce qu’il était…

Nous croyons conduire le destin, mais c’est toujours lui qui nous mène.
Denis Diderot