Depuis toujours, les civilisations se sont développées sur le littoral. Nos premiers ancêtres, n’en doutons pas, étaient des marins. La fameuse Atlantide elle-même était un empire maritime, que la montée des eaux a submergé dès la fin du dernier âge glaciaire.
Il y a dix ou douze mille ans, en effet, le niveau des mers s’est mis à monter rapidement : 130 mètres en l’espace de quelques millénaires. Bien sûr, cette montée n’a pas été régulière. Dans maints endroits, la rupture de digues naturelles a provoqué des déluges locaux qui ont marqué les mémoires et qu’on retrouve dans les légendes. On ne peut rien faire contre la montée des eaux. Quand les digues ne suffisent plus à endiguer le flot, il faut bien abandonner la terre à l’océan.
Au fil des siècles, ceux du bord de mer ont dû maintes fois renoncer à leur terre ancestrale avalée par la mer salée. Le traumatisme fut terrible et durable. Pourtant vieille de plusieurs milliers d’années, le souvenir de cette inexorable montée des eaux trouve encore des échos dans de nombreuses légendes de nos côtes atlantiques. « Des quantités de villes côtières furent submergées récemment, tel que la ville d’Ys dans le golfe du Morbihan ou celle de Tartessos à l’embouchure du Guadalquivir. » (source)Maurice Chatelain, A la recherche de nos ancêtres cosmiques, 1978
L’auteur confond Ys au large de Douarnenez dans le Finistère avec une autre cité engloutie dans le golfe du Morbihan… Quelle importance ? Les villes englouties, justement, sont légions…
« On peut y ajouter la fameuse et opulente cité de Dorestad en Hollande, qui disparut sous les flots en l’an 864 de notre ère, ou bien Vinéta sur la Baltique, qui fut fondée en 950 et submergée par un raz de marée en l’an 1100. On peut également citer le site archéologique de Halieis, petit port du Péloponnèse, au large duquel on a découvert sous dix mètres d’eau une cité grecque très ancienne datée de 5600 ans, à une époque où il n’y avait pas encore de Grecs, mais des Crétois ou des Mycéniens. » (source)Maurice Chatelain, A la recherche de nos ancêtres cosmiques, 1978
En Bretagne, les villes englouties sont innombrables et fleurissent nombre de contes et de chansons traditionnelles. Chaque région côtière a ses souvenirs de chers disparus, à l’aube du monde, dans des terres lointaines qui sont maintenant le fond de leur baie. Les Morbihanais se souviennent de la première Gwened, Ville Blanche, désormais au fond du Golfe.
Les Finistériens se souviennent de la ville d’Ys au large de Douarnenez, dans la farouche baie des Trépassés. Ornée d’une pyramide tronquée, la cité d’Ys était la seconde capitale des Tuatha. Elle gît sous la mer d’Iroise à quelques encâblures d’Ouessant.
Les Costarmoricains se souviennent de la cité de Nazado, engloutie au large d’Erquy, qui n’était alors qu’un hameau, destiné à devenir quelques millénaires plus tard le port romain de Reginea directement relié à Condate par une voie romaine. Reginea est le nom antique d’Erquy, dont les habitants s’appellent les Réginéens. Condate est le nom romain de Rennes. Vers 6000 BP Nazado était une puissante cité néolithique construite autour d’une grande pyramide blanche. Elle était située sur la rive sud de l’estuaire d’un gigantesque fleuve à une vingtaine de kilomètres au nord de Guernesey.
Ce méga-fleuve a trouvé son lit définitif vers 8000 BP, lors du grand dégel du Würm, et ce lit est la Manche actuelle. Avant la montée des eaux, le grand fleuve avait pour affluents majeurs la Seine, la Tamise, le Rhin, la Somme et la Solent. Il se jetait dans l’Atlantique entre Brest et l’Irlande. Près de son embouchure à la pointe sud de l’Angleterre s’élevaient quelques promontoires.
Ce sont les îles Cassirétides des Celtes, aujourd’hui noyées au large des îles Scilly.
La Ville Blanche
Quelque part dans le bras de mer qui sépare la France de l’Angleterre, sur une île volcanique, se trouvait jadis la prodigieuse cité magique des Hyperboréens, dont la pierre calcaire étincelait si fort au soleil qu’on pouvait voir sa lumière depuis des lieues en mer. Cet éclat et sa splendeur lui ont valu le nom de Ville Blanche.
Sur une carte de la Manche en 9000 BP, on peut constater le grand nombre d’îles et d’îlots qui permettaient un passage facile de Bretagne en Angleterre. Certaines des ces îles exploitaient des ressources minérales ou minières. Elles ont été englouties l’une après l’autre par la montée des eaux qui s’est prolongée jusqu’en 4000 BP.
Une de ces îles doit être la fameuse Ville Blanche, la cité magnifique dont les Celtes ont parlé, mais qui était déjà légendaire à leur époque. Mes recherches m’ont porté vers les îles Cassirétides des Celtes, aujourd’hui noyées au large des îles Scilly ou Sorlingues. Ce secteur a lui aussi connu de graves bouleversements.
« Les îles Cassirétides, qui fournissaient en étain la plupart des fondeurs de bronze de la Méditerranée, s’effondrèrent dans les flots il y a au moins cinq mille ans. Et la pointe de Cornouailles, où se trouvait jadis la ville de Dunwich, s’enfonce lentement sous les eaux depuis des milliers d’années. Les pêcheurs y font de drôles de pêches : des ossements humains ou animaux, des débris de maisons ou même des arbres entiers. D’après les auteurs antiques Pline et Ptolémée, d’autres îles Cassirétides se trouvaient jadis à une centaine de kilomètres au large de la pointe nord-ouest de la péninsule ibérique.
Ce qui n’est d’ailleurs pas invraisemblable car on a retrouvé plusieurs sea mounts dans ce secteur. » (source)Maurice Chatelain, A la recherche de nos ancêtres cosmiques, 1978
Le terme anglais sea mount désigne une montagne sous-marine. Elle serait le vestige possible d’une île ancienne. Il faut savoir que de nombreux sea mounts parsèment l’Atlantique nord, qui peuvent évoquer les vestiges d’anciennes îles. Ces îles n’étaient pas la grande terre d’Atlantide, car cette terre était artificielle, un gigantesque vaisseau-île qui a jadis décollé de l’océan en provoquant le grand tsunami du déluge.
Mais tout autour de ce vaisseau-île, de nombreuses îles étaient des comptoirs commerciaux où les gens échangeaient des marchandises avec la magique et opulente Atlantide. Il n’y a aucune chance de trouver l’Atlantide, car elle est partie. Mais on peut toujours chercher les îles et les ports satellites.
« D’après Strabon, il existait deux îles appelées Héra et Gadir à environ cent kilomètres à l’ouest du détroit de Gibraltar. Elles ont disparu aussi, mais il existe encore des sea mounts à cet endroit. Le célèbre port de Tartessos, à l’embouchure du Guadalquivir en Espagne, a disparu également, ce qui n’a rien de surprenant quand on se souvient du tremblement de terre de Lisbonne en 1775 qui rasa complètement la ville en faisant plus de cinquante mille victimes. Quant au port magnifique, la terre s’ouvrit sous lui et le fit disparaître le port dans un abîme sans fond.
Il se peut que les ruines de Tartessos se trouvent maintenant à plus de 100 kilomètres au large, au bord du plateau continental de l’Espagne. Toutes les îles décrites dans les textes anciens, et considérées jusqu’ici comme imaginaires, ont réellement existé dans un passé récent avant de s’enfoncer lentement dans les flots. » (source)Maurice Chatelain, A la recherche de nos ancêtres cosmiques, 1978
Toutes, non. L’île artificielle d’Atlantide s’est plutôt enfoncée dans l’espace.
« Et ce sont précisément toutes ces îles qui pourraient nous fournir les renseignements les plus anciens sur nos ancêtres lointains, cosmiques ou non, et sur les origines de notre civilisation » (source)Maurice Chatelain, A la recherche de nos ancêtres cosmiques, 1978
Comme par un fait exprès, toutes les preuves archéologiques sont à l’eau. Ou dans l’espace. Mais surtout au fond de l’eau.
Et pas seulement chez nous ! Sur les cinq continents, des cités englouties témoignent de la montée des eaux, phénomène que tant de traditions nomment le Déluge. Ainsi, la pyramide sous-marine de Yonaguni au Japon pourrait appartenir à l’empire englouti de Mù. Ainsi les cités englouties de l’Inde pourraient être des reliques de l’antique empire de Rama. L’archéologie sous-marine a obtenu durant les dernières décennies des avancées spectaculaires. Même si certains universitaires les contestent, ses résultats sont prodigieux. Nous ne sommes pas les premiers.
Un jour l’évidence s’imposera même aux historiens. L’accumulation des ruines, de plus en plus anciennes, de plus en plus magnifiques, confortera une vision plus juste de nos origines.
Nous venons de loin. De très loin.
Et ceux qui nous ont précédés
en savaient beaucoup plus long que nous.
Nous les avons oubliés comme on nous oubliera.