Ainsi périt l’Atlantide

 

Notre époque est fière de ses connaissances, mais son ignorance est plus vaste encore. Et son refus des évidences antiques tient surtout de la mauvaise foi. Comme beaucoup d’autres épisodes de l’Antiquité que les esprits forts tiennent pour des mythes, l’Atlantide est évoquée par de nombreux auteurs antiques. Le plus célèbre d’entre eux, Platon, en parle dans plusieurs Dialogues.

 

Ce philosophe grec n’a pas la réputation d’un farceur. S’il lui est arrivé de se fourvoyer dans certaines de ses déductions, les chroniques qu’il tient dans ses Dialogues sont toujours documentées, pondérées, fortement crédibles. Aussi, quand il évoque la chute de l’île d’Atlantide et qu’il en énumère les circonstances, on peut le prendre au sérieux. « Dans l’espace d’un seul jour et d’une seule nuit néfastes, tout ce que vous aviez de combattants fut englouti d’un seul coup dans la terre » (source)Platon, le Timée

 

Solon à Saïs

Lorsque Solon, le fameux législateur grec du 7e siècle avant notre ère, rendit visite au temple de Saïs en Égypte, il eut avec un vieux prêtre une passionnante conversation. D’abord, le prêtre chambra un peu Solon, soutenant qu’il n’y avait en Grèce que des enfants, car ce peuple n’avait aucune mémoire des événements anciens qui avaient touché la Grèce, l’Égypte et beaucoup d’autres pays. Comme Solon il y a 27 siècles, écoutons le récit du prêtre. 

« Nous gardons ici par écrit beaucoup de grandes actions de votre cité qui provoquent l’admiration, mais il en est une qui les dépasse toutes en grandeur et en héroïsme. En effet, les monuments écrits indiquent que votre cité détruisit jadis une immense  puissance qui marchait avec insolence sur l’Europe et l’Asie tout entières, venant d’un autre monde situé dans l’océan Atlantique. On pouvait alors traverser cet océan ; car il s’y trouvait une île devant ce détroit que vous appelez les colonnes d’Héraklès. »Ou colonnes d’Hercule, voir plus loin

C’est cette île gigantesque qui fut engloutie en l’espace d’une seule nuit. Disons plutôt qu’elle a disparu

 

Toute l’histoire gravée

Quand Solon évoque les « monuments écrits », il veut parler des textes des pyramides et des autres temples d’Égypte. Certains ont survécu jusqu’à nos jours, mais les plus conséquents, d’après l’historien grec Hérodote, ornaient le revêtement extérieur de la Grande Pyramide : toute l’histoire du monde pré-antique y était consignée.

Ce revêtement est l’œuvre du pharaon Khéops. Même si elle porte aujourd’hui son nom, Khéops n’a pas bâti la Grande Pyramide, il s’est contenté de la faire recouvrir de dalles lisses entièrement gravées, qui racontaient tous les évènements marquants survenus en Égypte, en Europe, en Afrique, sur l’Atlantide et de l’autre côté, en Amérique.

Hélas, ces dalles gravées infiniment précieuses ont été arrachées puis éparpillées. Des maçons ignorants les ont pillées pour en rebâtir les maisons du village voisin. Les bédéphiles se souviennent que Mortimer a découvert une de ces pierres gravées dans un mur chez le cheik Abdel Razek. (source)Le mystère de la Grande Pyramide, par Edgar Jacobs

 

L’influence de E.P. Jacobs

D’ailleurs, et n’y voyez nul hasard, après avoir consacré deux albums au Mystère de la Grande Pyramide, le génial Edgar Pierre Jacobs a consacré les deux suivants à une autre énigme qui lui est étroitement liée, celle de l’Atlantide. (source)Edgar Pierre Jacobs, L’énigme de l’Atlantide  La lecture de ces deux œuvres a exercée sur l’enfant que j’étais une grande influence, qui a forgé mon destin et l’orientation de toute ma vie.

Ma carrière professionnelle s’est déroulée surtout dans la bande dessinée. Maintenant à la retraite, je consacre chaque instant à la rédaction de cette grande fresque, qui doit beaucoup aux deux ouvrages de Jacobs. Il a su éveiller en moi la passion des mythes et des légendes, et la certitude que ces récits contiennent de grandes vérités oubliées.

 

 

L’île d’Atlantide

Mais poursuivons le récit de Platon, quand Solon d’Athènes écoute le prêtre égyptien — qui était très probablement Noir.

« Cette île était plus grande que la Libye et l’Asie réunies, » nous dit Platon.le Timée, 24d – 25d La Lybie et l’Asie, c’est à dire l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient… ce qui fait déjà bien grand pour une île!

« De cette île, on pouvait alors passer dans les autres îles, et de celles-ci gagner tout le continent qui s’étend en face d’elles et borde cette véritable mer. Car tout ce qui est en deçà des colonnes d’HéraklèsOu colonnes d’Hercule, voir plus loin ne constitue qu’un port dont l’entrée est étroite, tandis que ce qui se situe au-delà forme une véritable mer, et la terre qu’elle entoure dispose vraiment de tous les attributs pour être appelée continent. » (source)Platon, le Timée, 24d – 25d

 

L’antique méditerranée

Cette description diverge de la géographie actuelle, car elle évoque un monde englouti par les eaux.  La mer méditerranée était plus petite, le niveau de ses eaux bien plus bas laissait apparaître une Italie et une Égypte beaucoup plus grandes, comme vous en jugerez sur la carte qui suit.

Le détroit de Gibraltar n’était qu’un col dans les montagnes reliant l’Espagne au Maroc actuels. Pour gagner l’océan Atlantique il n’existait alors qu’un étroit goulet arrondi, surmonté de deux pics, les fameuses Colonnes d’Hercule aujourd’hui au fond des eaux. Le passage était délicat pour de grands bateaux, il a pu assurer longtemps la protection des peuples méditerranéens.

Mais quand l’île-continent des Atlantes eut disparu, ces derniers n’ont pas eu d’autre choix que d’envahir le bassin méditerranéen. C’est l’épisode tragique des Peuples de la Mer, ou Pélasges, auquel Platon fait allusion dans son Timée.

« Or, il y avait sur l’île d’Atlantide une puissante confédération de rois qui étendait sa domination sur l’île entière et sur beaucoup d’autres îles ainsi que sur quelques parties du continent. En outre, en deçà des Colonnes d’Hercule de notre côté, ils étaient maîtres de la LibyeAfrique du Nord jusqu’à l’Égypte, et de l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie.Italie Un jour, cette puissance, réunissant toutes ses forces, entreprit d’asservir d’un seul coup votre pays et le nôtrela Grèce et l’Égypte avec celui de tous les peuples méditerranéen. » (source)Platon, le Timée, 24d – 25d

 

 

La valeur des Hellènes

« Ce fut alors, Solon, que la puissance de votre cité fit éclater aux yeux du monde sa valeur et sa force. Comme elle l’emportait sur toutes les autres par le courage et tous les arts de la guerre, ce fut elle qui prit le commandement des Hellènes. Toutefois, réduite à ses seules forces par la défection des autres et mise ainsi dans la situation la plus critique, elle vainquit les envahisseurs, éleva un trophée, préserva de l’esclavage les peuples qui n’avaient pas encore été asservis. Puis Athènes rendit généreusement à la liberté tous ceux qui, comme nous, habitent à l’intérieur des colonnes d’Héraklès.Ou colonnes d’Hercule

« Mais dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements de terre et des inondations extraordinaires, et dans l’espace d’un seul jour et d’une seule nuit néfastes, tout ce que vous aviez de combattants fut englouti d’un seul coup dans la terre, et l’île d’Atlantide, s’étant abîmée dans la mer, disparut de même. Voilà pourquoi cette mer-là, aujourd’hui encore,  se révèle impraticable et inexplorable, la navigation étant gênée par les bas-fonds vaseux que l’île a formés en s’affaissant. » (source)Platon, Timée, 24d- 25d

 

L’île volante

Ce texte appelle plusieurs remarques. La grande île atlantique décrite par Platon se trouvait bel et bien en face de Gibraltar, ce qui exclut pas mal d’emplacements évoqués ici et là. Une île en plein océan, très grande par surcroît, voilà qui ne peut disparaître sans laisser de traces. Or le fond de l’Atlantique ne comporte rien d’autre qu’une chaîne de montagnes volcaniques, la dorsale atlantique. Aussi les géologues excluent-ils la possibilité d’un engloutissement récent d’une grande île au milieu de l’Atlantique.

On peut en conclure que cette île était plus loin de nos côtes, afin d’être, comme le cite Platon, reliée par d’autres îles au continent qui se trouve en face, continent qui semble correspondre aux Amériques.

Ou bien on peut en conclure tout autre chose. Par exemple, que l’Atlantide n’a pas été engloutie. Qu’elle s’est envolée… Eh oui, ça peut surprendre.

J’ai acquis la conviction que l’Atlantide était une île artificielle, posée au milieu de l’océan Atlantique, et que cette île était un gigantesque vaisseau spatial commandé par Atlas, fils de Poséidon.

 

L’Atlantide, cause du déluge ?

Or il se trouve que le commandant Atlas a loupé son décollage, et qu’un vaisseau-île de 3000km de diamètre est retombé dans l’océan. On comprend, dans cette hypothèse, la hauteur extravagante de la vague du déluge dont on retrouve la description dans de nombreuses légendes de chaque côté de l’Atlantique : se basant sur certains calculs, conversions et déductions, on peut assumer que le tsunami ne faisait pas moins de 4 km de hauteur. Croire sans y croire

Il est possible aussi que le capitaine Atlas ait fait décoller son île volante un peu trop rapidement. Auquel cas le volume des eaux déplacées aurait provoqué le même genre de tsunami. Ce qui est sûr, de nombreux Atlantes ont trouvé la mort par noyade au cours de cet épisode, quel qu’il soit.

D’autres ont pu gagner les côtes de l’Amérique. Ils y ont fait souche en attendant le jour lointain où ils pourraient rentrer dans leur pays d’origine, l’Afrique de l’ouest. Le pays yorouba. En les voyant surgir tout armés à bord de leurs bateaux effilés, les Européens ont paniqué. La crainte de ces conquérants venus du grand large est restée ancrée dans toute la mer Méditerranée, où on les a nommés Pélasges, ou Peuples de la Mer.

 

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L’Atlantide

 

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Le monde de Rama

 

L’esprit qui ne lit pas, maigrit. Comme un corps qui ne mange pas.
Victor Hugo