Né à la toute fin du 18e siècle (1797) à Düsseldorf, Christian-Johann-Heinrich Heine est un poète novateur allemand. Artiste engagé, il fut un ami de Karl Marx. Heine choisit de s’exiler à Paris où il décéda en 1856. Au cimetière Montparnasse, sa sépulture fut profanée par les nazis près d’un siècle plus tard…
Plus d’un siècle après sa mort, Heine demeure un écrivain discuté, en particulier dans son propre pays. Sans qu’on lui dénie du talent, sa personne est souvent mise en cause et son nom passionne les débats. Auteur de lieder, et parmi les plus populaires dans les pays de langue allemande, il semblerait devoir, par là, échapper aux polémiques ; mais son œuvre lyrique compte aussi de grandes parties satiriques dont les traits portent et réveillent d’anciennes blessures. (Encyclopedia Universalis)
Henrich Heine est considéré à la fois comme le « dernier poète du romantisme » et comme celui qui le surmonta. Heine éleva le langage courant au rang de langue poétique, la rubrique culturelle et le récit de voyage au rang de genre artistique et conféra à la littérature allemande une élégance et une légèreté jusqu’alors inconnues. (Wikipédia)
Ayant échoué comme auteur dramatique et comme romancier, Heine il découvert, avec le récit de voyage, une forme flexible, capable de supporter toutes les digressions et toutes les variations, et il a su, avec une exceptionnelle virtuosité, y mêler la prose et les vers, la rêverie et la moquerie, les bons mots et les aperçus soudainement révélateurs. Aussi a-t-il été, sa vie durant, journaliste, principalement à Paris où il vint après la révolution de Juillet.
Voyez cet extrait d’un récit de voyage qui a tout d’un poème en prose.
Nous aurons une belle journée, me cria du fond de la voiture mon compagnon de voyage. Oui, nous aurons une belle journée ! répéta tout bas mon cœur, et il tressaillit de tendre mélancolie et de joie. Oui, ce sera une belle journée, le soleil de la liberté réchauffera la terre de plus de bonheur que toute cette aristocratie des étoiles. Une génération neuve fleurira, née des baisers librement consentis — et non plus d’une couche servile sous le contrôle des douaniers de l’Eglise.
Les hommes naîtront libres, et avec cette liberté ils acquerront aussi des pensées et des sentiments libres, dont nous autres, qui sommes nés esclaves, n’avons pas la moindre idée… Oh ! comme il leur sera difficile d’imaginer combien était affreuse la nuit où nous avons vécu, et quel horrible combat nous avons dû soutenir contre des spectres hideux, des hiboux obtus et des tartufes criminels ! Malheureux combattants que sous sommes, nous qui avons passer toute notre vie dans ce combat, nous nous trouvons fatigués et pâles quand brille le jour de la victoire ! La flamme du soleil levant ne suffira pas à colorer nos joues ni à mettre quelque chaleur en nos cœurs ; il nous faut mourir comme cette lune qui se couche.
J’ignore si je mérite qu’on pose un jour une couronne de laurier sur mon cercueil. La poésie, quel que fût mon amour pour elle, n’a jamais été pour moi qu’un jouet sacré ou l’instrument des fins célestes. Je n’ai jamais attaché grand prix à la gloire du poète et peu m’importe qu’on loue ou blâme mes chansons. C’est un glaive que vous déposerez sur mon cercueil, car j’ai été un brave soldat de la guerre pour la libération de l’humanité. ~~ Heine, Extrait de Images de Voyage.
En 1815 et 1816 Heine travaille d’abord comme stagiaire chez le banquier francfortois Rindskoppf. C’est dans la Judengasse (la rue des Juifs, la Juiverie) de Francfort qu’il découvrit alors l’existence des juifs opprimés dans les ghettos, une vie qui lui était jusqu’alors restée étrangère.
Au cours de sa scolarité au lycée, Harry Heine s’était déjà essayé à la poésie. Depuis 1815 il écrit régulièrement. En 1817, pour la première fois, des poèmes de sa main sont publiés dans la revue Hamburgs Wächter.
Durant le semestre d’hiver 1820 il fréquente l’université de Göttingen, qu’il doit cependant quitter, après quelques mois seulement, à la suite d’une affaire de duel
En 1821, à Göttingen, il devient membre du Corps Guestphalia. Quelques années plus tard, avec beaucoup de sarcasmes et d’ironie, il écrit dans Le voyage dans le Harz, à propos de Göttingen :
« Les habitants de Göttingen sont partagés en étudiants, en professeurs, en philistins et en bétail, quatre états entre lesquels les lignes de démarcation sont très marquées. L’état de bétail est le plus répandu.
Rapporter ici les noms de tous les étudiants et de tous les professeurs ordinaires et extraordinaires serait trop long ; d’ailleurs, présentement, je ne me rappelle pas les noms de tous les étudiants, et parmi les professeurs, certains n’ont pas de nom du tout.
La quantité de philistins de Göttingen doit être très grande, comme le sable, ou, pour mieux dire, comme la boue des bords de mer.
À dire vrai, quand je les voyais chaque matin avec leurs figures sales et leurs grands cahiers à remplir, plantés devant la porte du saint des saints académique, j’avais peine à comprendre comment Dieu avait pu créer tant de si grandes canailles. »
~~Heinrich Heine, Reisebilder, Tableaux de voyage. Extrait de Wikipédia
En 1829, une dispute littéraire l’oppose au poète August von Platen, qui dégénère en affrontement personnel.
Heine y voit une campagne pour faire échouer sa candidature de professeur à l’université de Münich.
« Lorsque, tout d’abord, les prêtres m’ont attaqué à Münich et s’en sont pris au juif dans Heine, je n’ai fait que rire : j’envisageais cette manœuvre comme une simple sottise.
Mais, lorsque j’eus éventé le système, quand je vis le ridicule fantôme devenir peu à peu un vampire, quand je pénétrai l’intention de la satire de Platen, alors je ceignis mes reins, et je frappai aussi dru, aussi vite que possible. »
~~Heinrich Heine, Correspondance inédite
En effet, quand Heine fut attaqué sur ses origines juives, Platen a écrit : «Je ne voudrais pas être sa petite chérie, car ses baisers sécrètent une odeur d’ail.»
D’où l’allusion de Heine qui voit le ridicule fantôme devenir peu à peu un vampire.
Avant que le climat ne devienne franchement antisémite, Heine avait eu la malheureuse idée de se faire baptiser. Ce qui n’a fait qu’attiser les critiques…
« Je me repens beaucoup de m’être fait baptiser ; je ne vois nullement que, dès lors, les choses aient mieux tourné pour moi : au contraire, je n’ai eu, depuis, que malheur. » ~~Heinrich Heine, Correspondance inédite
Carl Ludwig Börne, né le 6 mai 1786 à Francfort-sur-le-Main, mort le 12 février 1837 à Paris, était un écrivain, journaliste et critique littéraire et théâtral allemand. Il est considéré comme le chef de file du mouvement de la Jeune-Allemagne.
Attiré à Paris par les événements de 1830, Börne s’y fixe et devient le porte-parole des démocrates en exil. Également exilé, Heine qualifiera son ardeur passionnée mais dogmatique de « sansculottisme de la pensée« .
Plus tard, Heinrich Heine fera de même et rejoindra à Paris son aîné de onze ans. Börne et Heine étant tous deux des écrivains juifs allemands refoulés à Paris, on a vite fait de les mettre dans le même sac. Aussi sont-ils tous deux frappés par l’interdiction prononcée contre les écrivains de la Jeune-Allemagne.
Très proches sinon par l’âge, ils semblent interchangeables dans l’esprit de l’époque, d’où leur condamnation commune. Cette similitude devient une dangereuse confusion. Ils s’opposent de plus en plus vivement et deviennent des frères ennemis.
En se démarquant de Börne, c’est sa propre identité que Heine avait à définir en inscrivant dans son livre les thèmes centraux de son œuvre. Le livre sur Börne est un fragment d’autobiographie intellectuelle.
Peu d’œuvres de poètes de langue allemande ont été aussi souvent traduites et mises en musique que les siennes. Journaliste critique et politiquement engagé, essayiste, satiriste et polémiste, Heine fut aussi admiré que redouté. Ses origines juives ainsi que ses choix politiques lui valurent hostilité et ostracisme. Ce rôle de marginal marqua sa vie, ses écrits et l’histoire mouvementée de la réception de son œuvre.
« La ville de Düsseldorf est très belle, et quand au loin on pense à elle et que par hasard on y est né, on se sent tout drôle. J’y suis né, et dans ces cas-là je crois que je dois rentrer à la maison tout de suite. Et quand je dis rentrer à la maison, je veux dire la Bolkerstrasse et la maison où je suis né… » ~~ Heinrich Heine, 1827, dans Idées, Le livre de Le Grand
Son chef d’œuvre Die Lorelei est un des poèmes allemands les plus connus. Souvent mise en musique, elle trouve ici sa mélodie la plus fréquente ; là, celle plus rêveuse de Liszt ; et là, plus dramatique, celle de Clara Schumann.
Voici d’abord la version française dans la belle traduction de Lionel-Edouard Martin. On trouvera plus loin la version originale.
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Je me demande d’où me vient
Cette tristesse qui m’a pris,
Un conte issu des temps anciens
Qui ne me quitte pas l’esprit.
L’air a fraîchi, le soir s’éploie,
Et le Rhin coule calmement ;
Le faîte du coteau flamboie
Sous l’éclat du soleil couchant.
Assise est la très belle fille,
En haut – merveille ! – du versant :
Elle a son bijou d’or qui brille,
Des cheveux d’or, les va peignant,
Les peigne avec un peigne en or
Et elle chante en même temps :
Sa mélodie a pour accord
Un fort pouvoir d’envoutement.
Chant qui pêcheur en barque accroche
‒ Que l’homme éprouve de douleurs !
D’yeux, il n’a pour écueil ni roche,
D’yeux, il n’a que pour les hauteurs.
À la fin, je crois bien qu’en l’onde,
Pêcheur, esquif, sont engloutis :
C’est là ce qu’en chantant sa ronde
La Lorelei a accompli.
Ich weiß nicht, was soll es bedeuten,
Daß ich so traurig bin,
Ein Märchen aus uralten Zeiten,
Das kommt mir nicht aus dem Sinn.
Die Luft ist kühl und es dunkelt,
Und ruhig fließt der Rhein;
Der Gipfel des Berges funkelt,
Im Abendsonnenschein.
Die schönste Jungfrau sitzet
Dort oben wunderbar,
Ihr gold’nes Geschmeide blitzet,
Sie kämmt ihr goldenes Haar,
Sie kämmt es mit goldenem Kamme,
Und singt ein Lied dabei;
Das hat eine wundersame,
Gewalt’ge Melodei.
Den Schiffer im kleinen Schiffe,
Ergreift es mit wildem Weh;
Er schaut nicht die Felsenriffe,
Er schaut nur hinauf in die Höh’.
Ich glaube, die Wellen verschlingen
Am Ende Schiffer und Kahn,
Und das hat mit ihrem Singen,
Die Loreley getan.
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