L’arcane XIII du Tarot de Marseille a été plaisamment surnommée le syndrome de la Belle au Bois dormant. Réveiller ton enfance dormante n’est pas une mince affaire. Tu as suivi ta course. L’enfant a grandi. L’adulte est venu.
On rencontre souvent sa destinée par les chemins que l’on prend pour l’éviter.
Tu as trouvé ta voie, tu t’es fait ta place au soleil, tu as bâti ton nid. Pourtant, tu n’as pas réglé tous tes comptes. Tout à coup, tu patines. Les blessures secrètes se réveillent, ouvrant la ronde des monstres intérieurs. Tourbillon, maelstrom, folie. L’horizon banal se mue en mystère. Ton quotidien n’a plus de goût. Te faudra-t-il, jusqu’à la fin, répéter chaque jour les mêmes gestes vides, les mêmes actes vains, les mêmes rituels absurdes ? Un jour, tu en as marre.
Le temps s’étire encore, la vacuité de ta vie devient ton obsession. Morbide, tu ressembles à ton propre squelette. Nausée sans fin, la tête à l’envers, le corps de marbre. Alors vient le jour où tu en as marre d’en avoir marre. Tu es fin prêt. Déjà, depuis l’aube du Bateleur, tu as franchis tant d’étapes… Tu as vibré dans ta chair et souffert dans ton cœur des affres de l’Amoureux.
Tu as connu ton premier triomphe, de courte durée; comme Leonardo di Caprio, tu t’es cru le maître du monde avec le Chariot qui t’a coupé en deux. Incarnant la Justice, tu as tranché mais tu n’as pas pesé. Tu as refusé mais tu ne t’es pas ouvert. Tu savais alors ce dont tu ne voulais plus, mais tu ne savais pas ce que tu voulais. As-tu bien changé depuis lors ? Aujourd’hui, sais-tu vraiment ce que tu veux ?
You don’t always get what you want But you get what you need. / On n’a pas toujours ce qu’on veut Mais on a ce qu’il nous faut.
Victoire après victoire, tu t’es fait ta place au soleil. La Force t’apporte la réalisation de ton vœu le plus cher : tu as l’argent, le succès, la réussite sociale. Ou bien, sans trop d’argent, tu as des enfants, ton foyer te ressemble, et tu tiens bien ton rôle. Tu te sens au top de la forme.
Ombre au tableau : cette inquiétude sourde qui ne te quitte jamais, informulée, qui te taraude et te retourne sur le grill. Qui t’a toujours empêché, en fin de compte, de jouir pleinement de ta réussite. Un triste jour, cette ombre envahit tout le tableau.
Ta femmeOu ton mec, qui est une femme comme les autres te quitte, ton boulot fait pareil.
Tout ce que tu as construit au fil des ans s’effondre avec fracas, et toi avec. Tu te retrouves à poil. Pour la première fois de ta vie, tu consens à te poser les vraies questions. Et l’absence totale de réponse -pas la queue d’une !- te glace le sang. Te voilà cul par-dessus tête. C’est le Pendu. Tu n’y comprends plus rien, et pour cause, tu as la tête à l’envers. Ce qui était en haut se retrouve en bas, et vice versa. Toutes les valeurs sont inversées. L’argent, la réussite sociale, le bling-bling, l’esbrouffe…
Tout ce fatras te paraît bien dérisoire.
Dans ton désarroi, tu entrevois une porte de sortie. Tu devines confusément la lumière au bout du tunnel. Pourtant, tu te trouves au plus noir de toi-même, où s’originent les terreurs et les traumatismes de la prime enfance. Tu es descendu dans ta cave pour mieux percevoir la lumière des étoiles.
Et là se profile l’inquiétante silhouette de l’arcane XIII, le squelette à la faux, l’image vue cent fois dans les chapelles perdues de Bretagne et d’ailleurs, tout en os et en verve, le sinistre héros des danses macabres…
Il s’agit moins de mort que de renaissance. La mort de l’arcane XIII est une mort symbolique, une mort initiatique. Cette mort dont les Chevaliers Teutoniques avaient fait leur devise : « Si tu ne meurs pas de ton vivant, tu mourras en mourant »
Cette phrase de Jung y fait écho. Génial Jung ! Il est incomparable. « Ce n’est pas en regardant la lumière qu’on devient lumineux, mais en plongeant dans sa propre obscurité. Mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire. »
L’arcane XIII représente la mort du vieillard qui est en toi. La mort du vieil Adam, dit la tradition ésotérique. Regarde-toi ! Comme tu te sens vieux depuis l’Hermite ! Regarde ce vieillard tout courbé : sa structure psychique, tu l’as étirée comme un élastique à travers plusieurs arcanes. La voilà tendue à se rompre. Patience : tu finiras par rencontrer un passeur qui te fera franchir la Rivière.
La tradition dit que l’arcane XIII est le seul arcane où l’aide d’un passeur est nécessaire : peu y parviennent sans cette aide. J’ai exercé ce pieux sacerdoce pendant plus de quinze ans. J’ai arrêté il y a dix ans. A mon sens, ce rôle devient historique.
Le passeur n’est plus nécessaire. Beaucoup de jeunes passent tout seuls. On n’a plus besoin de rebouffer ses engrammes à la petite cuillère, selon la formule de mon benefactor et ami d’enfance Jean-Claude Flornoy. La tradition des passeurs a été rétabli au siècle dernier, il semble qu’elle doive retourner au lointain passé d’où elle vient.
Les druides et les bardes celtes ont perpétué cette tradition sans faillir à travers les âges noirs. Celle qui ressurgit actuellement est encore antérieure. Son origine remonte aux valeureux Tuatha Dé Danaan, maîtres de l’Irlande avant l’arrivée des Celtes. Guerriers du clan du Loup, les Passeurs du Sidhe se disaient issus des Atlantes, et les Irlandais les confondent avec les Elfes.
Le chemin de la sagesse et de la liberté est un chemin qui mène au centre de soi-même.
Plus tard, au printemps des cathédrales, en ce Moyen-Age de lumière où l’Europe entière se couvrit de chantiers sacrés, la majeure partie des maîtres d’œuvrage étaient, comme par hasard, des Irlandais.
Dignes héritiers des Atlantes, ils nous ont offert des merveilles. Aussi puissantes que les antiques dolmens, et construites selon les mêmes principes géobiologiques, les cathédrales, tout comme les mégalithes, sont dues à ce même talent de bâtisseur sacré. Cette filiation est un honneur et une merveille qui implique d’écrasantes responsabilités. Le passeur que je fus sait à quel point la porte est étroite. L’initié est toujours choisi par le Vivant. Le Vivant fait signe au passeur. Le passeur obéit. Avant j’étais passeur. Et me voici passant.
Quand j’ai écrit cette page il y a huit ans, ces mots étaient encore vrais. Mais bien des choses ont changé depuis. Tout va si vite. Rien ne ressemble à rien, pour un habitué d’avant. Ma foi, je m’habitue aussi à cette époque, bien obligé. Le principal changement tient à cette présence nécessaire du passeur pendant l’arcane XIII. C’est beaucoup moins vrai. A présent bien des jeunes font ça tout tranquillos, ils se payent un nettoyage complet sans même avoir connaissance de leurs engrammes, c’est vraiment le rêve je trouve, quand je compare avec comment on en chiait dans les années 90. C’est pourtant tout près, pas vrai ?
Dans ces années-là, il fallait rebouffer nos engrammes à la petite cuillère (source)Merci Jean-Claude Flornoy et tout digérer dans la douleur, sans que le moindre détail nous soit épargné par le passeur, qui nous repassait vingt fois l’horrible spectacle jusqu’à disparition complète de toute émotion négative. Et là seulement venait la catharsis. Soulagement céleste. Instants intenses. Riant repos. Après l’effort, le réconfort, dit le proverbe. On dirait que les jeunes candidats à l’arcane XIII n’ont plus l’effort ou la souffrance au programme de bachotage. Tant mieux pour eux. Ils profitent d’un accouchement sous péridurale.
Donc inutile de m’écrire pour un arcane XIII, je ne pratique plus, et je vous le dis : c’est inutile. quand le moment sera venu pour vous, le passage se fera tout seul. Buena suerte, amigas y amigos. (08/12/2018)
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